En août dernier, il avait promis « l’honneur du Mali, la justice sociale, l’intégrité du territoire, la lutte contre l’impunité, la relance économique », etc. Six mois après son investiture, les Maliens doivent se résoudre à accepter un président incapable de tenir une seule promesse électorale. Avec son train de vie extravagant (malgré « les caisses vides » selon lui-même), son amateurisme dans la gouvernance, son incapacité à faire revenir Kidal dans le giron malien, ses choix népotistes en faveur de son cercle familial, etc. IBK a assassiné l’espoir des 77% de Maliens qui lui ont placé sa confiance. Explications.
Dans une sortie médiatique chez notre confrère « L’Indépendant », dans sa livraison du mardi dernier, le directeur de cabinet d’IBK s’est livré à un cirque digne d’une comédie grecque, pour justifier ce qu’il qualifie de « bilan plus qu’honorable » des six mois du président de la République.
Pas si étonnant, cette déclaration. Quand on sait qu’elle vient de celui dont la crédibilité est sérieusement entachée auprès de ceux qui l’ont côtoyés, et qui se trouve être l’intime ami au fils du président de la République, le député Karim Keïta appelé par de nombreux Maliens « le Karim Wade malien ».
La fuite en avant d’un Directeur de cabinet
En fendant d’arguments aussi ridicules que méprisables, Mahamadou Camara a étalé son ignorance notoire des vraies préoccupations des Maliens. Le caractère positif du bilan dressé par le directeur de cabinet d’IBK s’appuie sur ce qu’il appelle « la normalisation » des relations du Mali avec les autres nations « la stabilisation », « la lutte enclenchée contre la corruption, etc. ». « Bientôt on s’attaquera aux problèmes quotidiens des Maliens », renchérit-il dans un exercice aussi pitoyable que méprisable décrypté sur une page de journal par notre confrère.
Dans un livre de sciences politiques, il est clairement expliqué que « la démocratie, c’est aussi permettre à certaines personnes de raconter des bêtises ». Plus qu’une bêtise, le directeur de cabinet d’IBK fait une fuite en avant.
Lorsque M. Camara parle de stabilité au Mali, il feint d’ignorer la triste réalité où Nord, où nos compatriotes doivent vivre au quotidien la psychose des attaques roquettes et des attentats suicides, les actes crapuleux des bandits armés du MNLA, sous le regard de nos forces armées en manque de moyens et à qui on interdit toute initiative.
« On veut faire croire aux gens que tout va très bien, alors que c’est le contraire. L’Etat n’existe pas à Kidal et dans plusieurs localités du Nord ». Cette déclaration de détresse d’un militaire malien au front en ce moment, tranche d’avec le tableau dressé par M. Camara à partir de son bureau doré de Koulouba. La diatribe est révoltante, et témoigne que les collaborateurs d’BK sont à cours d’arguments pour rassurer les Maliens.
« D’aucuns pensent le président voyage beaucoup », reconnait M. Camara, qui, malheureusement ne souligne pas le caractère absolument budgétivore de ces déplacements à l’étranger, surtout lorsqu’ils s’effectuent en jet privé, dont la location relève d’un luxe insolent pour un président qui crie aux « caisses vides » pour son pays. En décidant de laisser clouer au sol l’avion présidentiel et affréter un avion privé, payé par heure (à quel prix ?), IBK insulte l’intelligence des Maliens, dont certains avaient prédit depuis son élection un président au train de vie extravagant.
Le problème dans les voyages d’IBK (aucun au Nord du pays), c’est surtout son train de vie et la taille de la délégation qui l’accompagne. Les principes élémentaires en économie nous enseignent que lorsqu’un pays est financièrement en mal, l’Etat réduit son train de vie, limite la taille du gouvernement (nous en avons 34), des cabinets ministériels, des voyages à l’extérieur, et exigent aux dirigeants de se loger dans les hôtels modestes. Restriction budgétaire oblige ! Nous enseignent les économistes.
Aucune promesse de campagne respectée !
La communication politique du sieur Camara a du mal à passer malgré les bons services du confrère. Car jusque là, les Maliens n’ont eu droit qu’à des promesses et des discours. Comme un air de campagne, IBK reste dans les grandes déclarations, mais les actes ne suivent jamais.
« Le Mali d’abord » a été « Ma famille d’abord ». La lutte contre la corruption, jusque là annoncée avec tambour battant, n’a été qu’un coup d’éclat dans l’eau, avec des enquêtes judiciaires qui tâtonnent à cause de la cacophonie entre le monde judiciaire et le département de tutelle.
« L’honneur du Mali » s’est transformé en déshonneur pour la nation avec l’incapacité notoire d’IBK à faire revenir Kidal sous le contrôle du pouvoir central et d’assurer la sécurité de nos compatriotes du Nord. Au contraire, les Maliens gardent la tête baissée. L’insécurité règne à Kidal, nos forces armées et de sécurité doivent se résoudre à vivre des conditions de travail difficiles et indignes d’un pays qui veut recouvrer l’intégrité de son territoire.
La lutte contre « culture d’impunité » peine à produire des effets. Car les actuels dirigeants cherchent à crédibiliser auprès de l’opinion après le scandale de marché de gré à gré de plus de 60 milliards passé à l’opérateur Kagnassy, réputé proche du président IBK.
IBK avait promis aux Maliens d’œuvrer pour le retour de la paix, de redonner confiance aux Maliens, de lutter contre la corruption, le népotisme, l’injustice, etc. S’auto-satisfaire d’un bilan « plus qu’honorable » de ces six mois, (comme le fait bien M. Camara), c’est exprimer véritablement son mépris pour des milliers de Maliens frappés par l’insécurité alimentaire, nos compatriotes qui souffrent de l’insécurité au Nord, des étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer, les milliers de Maliens qui réclament justice dans des litiges (surtout financiers), les nombreux ménages qui n’ont pas à manger trois par jour, etc.
Bref, le directeur de cabinet d’IBK peut se réjouir d’ « un bilan honorable » à partir de son bureau à Koulouba, mais les Maliens souffrent dans la réalité des faits !
Tony Camara
Journaldupeuple.com