IBK : un homme bien seul

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IBK
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK / AFP

 

 

Les  compatriotes d’IBK ne sont dĂ©sormais pas que ses seuls dĂ©tracteurs. Du moins, au regard des confidences Ă©manant de l’ancienne mĂ©tropole oĂč l’on s’inquiĂšte visiblement de la tournure que prennent les choses Ă  Bamako.

 

 

L’accord de dĂ©fense entre les deux pays et dont la signature Ă©tait initialement prĂ©vue le 20 janvier dernier n’est certainement pas Ă©tranger Ă  ce dĂ©but de dĂ©samour. LĂ , le Quai d’Orsay, rappelle que « le texte en question est prĂȘt, mais que le prĂ©sident IBK ne l’a toujours pas signé ». D’oĂč sa crainte que le nouveau prĂ©sident malien ne lui joue le mĂȘme tour qu’ATT. Une allusion faisant suite Ă  la rĂ©ticence d’Amadou Toumani TourĂ© de ratifier l’accord d’expulsion de ses compatriotes de France, proposĂ© par le rĂ©gime Sarko. En dĂ©finitive et Ă  y voir de trĂšs prĂšs, la France craindrait aujourd’hui  que le Mali ou du moins IBK n’échappe Ă  son  «contrĂŽle» tout comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, le GĂ©nĂ©ral Moussa TraorĂ©, Alpha Oumar KonarĂ© et ATT. Les deux premiers ont respectivement et au moment des faits, choisi  «l’école japonaise» au dĂ©triment de la France ; et refusĂ© d’effectuer le dĂ©placement sur Dakar pour y rencontrer le prĂ©sident français, Jacques Chirac. Pour sa part, ATT s’est abstenu de signer l’accord de rapatriement de ses compatriotes.  Un crime de lĂšse-majesté ? La France ne vit, en tout Ă©tat de cause, la chose d’un trĂšs bon Ɠil.

 

 

Aujourd’hui, il est question de la signature d’un accord de dĂ©fense (un trĂšs vieux projet auquel tient particuliĂšrement la France) et l’actuel prĂ©sident malien ne semble dĂ©sormais plus pressĂ© Ă  aller dans le sens souhaitĂ© par son sauveur d’hier. Et non content de ne pas signer le fameux accord, IBK se permet aussi de faire attendre le ministre français durant plusieurs heures. Un autre crime de lĂšse-majesté ?

 

 

L’autre point d’achoppement semble ĂȘtre la question MNLA, un groupe indĂ©pendantiste qui semble encore et toujours bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une certaine sympathie et d’un devoir de reconnaissance de Paris. Les mĂȘmes confidences nous apprennent en effet que « Paris s’est beaucoup engagĂ© sur ce terrain, ne serait-ce que parce que, durant les combats du premier semestre 2013, des officiers de liaison Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©s auprĂšs du MNLA pour lutter contre les jihadistes».

 

Et comme pour rappeler que ses protĂ©gĂ©s n’iront pas seuls au charbon, les mĂȘmes confidences signalent que la «CPI devra faire la lumiĂšre sur la participation du MNLA, le mouvement touareg, voire des Ă©lĂ©ments de l’armĂ©e malienne elle-mĂȘme » dans les cas d’exactions signalĂ©s. Une maniĂšre de poser les jalons d’un  Ă©ventuel marchandage qui ne dit pas son nom?

 

L’on constate, en tout Ă©tat de cause, que l’ancienne mĂ©tropole a dĂ©cidĂ© de faire monter la pression sur le prĂ©sident malien. Mais que de pressions !

 

En clair, c’est le moment oĂč jamais le prĂ©sident malien a besoin de ses compatriotes. Il est, hĂ©las, bien seul et malheureusement face Ă  des personnages dont le souci premier est loin d’ĂȘtre le «Mali d’abord».

 

 

 B.S. Diarra

 

La France commence Ă  s’inquiĂ©ter des intentions du prĂ©sident IBK :  “On craint qu’il nous refasse la mĂȘme politique qu’ATT”

 

Alors que les opérations antiterroristes se poursuivent dans le nord, le processus de réconciliation nationale marque sérieusement le pas

 

Publié le samedi 01 février à 10h29

 

Ce n’est pas encore le dĂ©samour, mais l’enthousiasme des premiĂšres semaines n’y est plus. Entre la France et le nouveau prĂ©sident malien Ibrahim Boubacar KeĂŻta (IBK), le manque de confiance s’est installĂ©. A peine un an aprĂšs le dĂ©but de l’opĂ©ration Serval, quand l’armĂ©e française a volĂ© au secours d’un Etat malien effondrĂ©, ce n’est pas bon signe. « C’est un vrai patron, mais il est un peu en lĂ©vitation », entend-on dĂ©sormais du cĂŽtĂ© français. Celui que l’on appelle au Mali « son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar KeĂŻta, prĂ©sident de la RĂ©publique, chef suprĂȘme des armĂ©es » « se prend un peu pour le De Gaulle malien » ajoute une autre source, alors qu’une troisiĂšme estime carrĂ©ment que «la confiance n’y est plus vraiment. On craint qu’il nous refasse la mĂȘme politique qu’ATT », Amadou Toumani TourĂ©, l’ancien prĂ©sident, dĂ©posĂ© en 2012, avec lequel les relations Ă©taient compliquĂ©es, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste.

 

Or, celle-ci continue de battre son plein dans le nord du pays. Ainsi, la semaine derniĂšre, dans la nuit du 22 au 23 janvier, une katiba djihadiste est tombĂ©e sur un dĂ©tachement des forces spĂ©ciales françaises Ă  une centaine de kilomĂštres au nord de Tombouctou. Au cours d’un violent accrochage, dix djihadistes ont Ă©tĂ© tuĂ©s et un autre fait prisonnier, alors qu’un militaire français Ă©tait blessĂ© Ă  la cuisse. « Les djihadistes ne se rendent pas et ils combattent durement jusqu’Ă  la mort », indique une source militaire. La rĂ©gion du nord-ouest du Mali est toujours le thĂ©Ăątre d’une guerre secrĂšte entre l’armĂ©e et les services de renseignement français contre les katibas. En dĂ©cembre, 19 djihadistes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s. Plusieurs dirigeants sont traquĂ©s, en particulier l’algĂ©rien Mokhtar Belmokhtar, Ă  la tĂȘte d’une nouvelle organisation baptisĂ©e les Mourabitounes. «Ils reviennent dans ce secteur, parfois depuis la Libye, parce qu’ils y ont dĂ©sormais des liens familiaux», explique un spĂ©cialiste du dossier.

 

 

La France rĂ©organise son dispositif militaire dans le Sahel oĂč elle prĂ©voit de maintenir en permanence 3 000 hommes autour de quatre bases principales : Gao, Niamey, N’Djamena et Ouagadougou. L’installation d’un Ă©tat-major rĂ©gional, Ă  N’DjamĂ©na (Tchad) devrait ĂȘtre effective en juillet. Pour donner un cadre juridique stable aux opĂ©rations antiterroristes de l’armĂ©e française, un accord de dĂ©fense doit encore ĂȘtre signĂ© entre le Mali et la France. Le texte est prĂȘt, mais le prĂ©sident IBK ne l’a toujours pas signĂ©. Il a prĂ©textĂ©, le lundi 20 janvier, de la « FĂȘte de l’ArmĂ©e » pour en repousser le paraphe, attendant maintenant la formation d’un nouveau gouvernement. A Paris, on s’impatiente un peu. Pour assister Ă  ce dĂ©filĂ© de 4 000 hommes sur l’avenue de l’IndĂ©pendance, Ă  Bamako, le ministre de la DĂ©fense Jean-Yves Le Drian effectuait son septiĂšme dĂ©placement au Mali depuis un an… Et il a dĂ» attendre de longues heures avant de pouvoir rencontrer IBK, de retour d’Alger.

 

 

La crainte exprimĂ©e mezzo voce par les autoritĂ©s françaises est qu’IBK, un socialiste Ă©lu triomphalement (77 % des voix) en aoĂ»t dernier, ne chausse aujourd’hui les bottes d’ATT. Un proche du dossier explique ce que cela signifie: «ATT s’entendait avec les terroristes d’AQMI qui trouvaient refuge dans le nord du pays, dans une sorte de pacte de non-agression. En revanche, les mouvements touaregs, comme le MNLA, restent le vĂ©ritable ennemi de l’Etat malien ».

 

 

Autant dire que la «rĂ©conciliation», prĂŽnĂ©e par la France, entre l’Etat malien et les mouvements sĂ©paratistes du nord, est Ă  la peine… Or, Paris s’est beaucoup engagĂ© sur ce terrain, ne serait-ce que parce que, durant les combats du premier semestre 2013, des officiers de liaison Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©s auprĂšs du MNLA pour lutter contre les djihadistes.

 

 

Dans les milieux diplomatiques de Bamako, on explique aujourd’hui que « la rĂ©conciliation prendra une gĂ©nĂ©ration » et qu’il ne faut pas se focaliser uniquement sur cette question, au dĂ©triment du «dĂ©veloppement ». Le Mali reste l’un des pays les plus pauvres du monde et le Nord a, depuis l’indĂ©pendance, Ă©tĂ© particuliĂšrement nĂ©gligĂ©. Immense pays en grande partie dĂ©sertique, le Mali est profondĂ©ment divisĂ© entre un Sud (90 % de la population) peuplĂ© de Noirs et un Nord avec des populations touaregs, maures ou arabes.

 

 

Une bombe Ă  retardement est programmĂ©e au cƓur du processus – dĂ©jĂ  en panne – de rĂ©conciliation : l’enquĂȘte de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) de La Haye sur le massacre d’Aguelhok, en janvier 2012, l’Ă©pisode qui a dĂ©clenchĂ© l’effondrement de l’Etat, le partage du pays, puis la guerre de 2013. Un charnier d’environ 80 corps de militaires, souvent dĂ©capitĂ©s aprĂšs s’ĂȘtre rendus, est en cours d’investigation. Des procĂ©dures judiciaires pourraient ĂȘtre engagĂ©es en juin prochain pour «crimes de guerre». Contre qui ? C’est toute la question. S’en prendre aux mĂ©chants djihadistes  arrange tout le monde, mais ils ne sont sans doute pas les seuls impliquĂ©s dans ce massacre. La CPI devra faire la lumiĂšre sur la participation du MNLA, le mouvement touareg, voire des Ă©lĂ©ments de l’armĂ©e malienne elle-mĂȘme.

 

En attendant, la communautĂ© internationale tente de consolider la situation. Elle s’appuie sur plusieurs outils. L’opĂ©ration française Serval d’abord. Elle compte encore 2 300 hommes et devrait passer Ă  1 000 hommes «à la fin du printemps», c’est-Ă -dire avec six mois de retard sur le calendrier initialement annoncĂ© par François Hollande. L’essentiel des moyens sera concentrĂ© Ă  Gao.

 

 

L’EUTM-Mali, ensuite. Il s’agit d’une opĂ©ration de l’Union europĂ©enne Ă  laquelle participe 570 militaires issus de 23 nations diffĂ©rentes sous les ordres du gĂ©nĂ©ral français Bruno Guibert. L’EUTM- Mali constitue la nouvelle armĂ©e malienne. Trois bataillons interarmes de 730 hommes ont Ă©tĂ© formĂ©s en un an et un quatriĂšme est entre les mains des instructeurs. Le mandat de l’EUTM-Mali doit ĂȘtre prolongĂ© de deux ans, pour constituer au total 8 bataillons, soit une force de plus de 5 000 hommes.

 

La Minusma, enfin. Cette opĂ©ration des Nations Unies agit dans trois domaines : militaire, policier et civil. Si ces rĂ©sultats en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sont apprĂ©ciables, le volet civil – celui du dĂ©veloppement et de la reconstruction politique – semble trĂšs dĂ©ficient. Les effectifs de la Minusma devaient atteindre 12 000 hommes. On sait dĂ©sormais que cet objectif ne sera pas atteint. Les plus optimistes tablent sur 8 000 hommes. La majoritĂ© est fournie par les Etats africains de la rĂ©gion, mais on y trouve aussi des militaires chinois. 400 Hollandais doivent arriver prochainement avec des moyens importants (forces spĂ©ciales, renseignement, hĂ©licoptĂšres de combat). Ce qui n’est pas sans inquiĂ©ter les militaires français.

(Article paru sur lopinion.fr, dimanche 26 janvier)

Auteur : Jean Dominique Merchet Secret défense

Jean-Dominique s’occupe des questions militaires depuis une vingtaine d’annĂ©es (LibĂ©ration, Marianne). Une passion dans laquelle il est tombĂ© tout petit… NĂ© en 1959, franc-comtois et versaillais, il est Ă©galement auditeur de l’Institut des hautes Ă©tudes de dĂ©fense nationale (IHEDN 49). Pacha du Blog “Secret DĂ©fense” depuis 2007.

 

 

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. IBK a KK avec lui et ensuite Isaac Sidibe, donc il ne peut pas etre seul, non il ya au moins deux personnes a cote de lui, ses heritiers principaux c’est “La Famille d’Abord”.

  2. 😉 IBK n’est point un De Gaule Malien , ce serai le rabaisser car de gaule est pour les francais et aurrait servi ses interets… un SAMORY, un Firhoun , un Babemba, nous en avons tellement d’inspiration pour nos hommes dignes qui defendent les interets de notre nation malienne de Kayes a Tessalit et de Taoudeni a Zegoua ❗

    ❗ QUE TOUS FORMENT UNE UNION SACREE AUTOUR DE IBK ET QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FOUTE LA PAIX AU MALI ET A SON GOUVERNEMENT SUR L’AFFAIRE MNLA DE CRIMINELS ET LEURS ALLIES CRIMINELS ❗

  3. 😆 que les maliens laissent leurs histoires de religions et de croyances de cote et s’arment bien de leur courage, sachez que au 21 siecle on ne peut pas vaincre une nation et un grand peuple comme les maliens s’ils sont unis derriere leur president patriote comme IBK, dites NON a la SOUMISSION et a L’EXPLOITATION COLONIALE AUSSI BIEN QU’A L’ESCLAVAGE RELIGIEUSE MUSULMANE ET CHRETIENNE ❗

  4. NUL N'EST AU DESSUS DE LA LOI - LE PRESIDENT IBK FORTEMENT INTERPELLE SUR LE CAS DES 263 FONCTIONNAIRES RADIES

    Allah le tout puissant est avec lui ,tout les Maliens et les amis du Mali soucieux du bien de ce pays sont avec lui donc il n’est pas SEUL et inchaallah il ne sera jamais SEUL.C’est un habitue’ des situations difficiles,il s’en sortira inchaallah.

  5. ibk ne fait plus la majoritĂ© au mali si on reprend les elections il n’aura meme pas la moitiĂ© de son scoore il parle plus qu’il ne travaille et on n’entend meme pas ce qu’il dit

  6. IBK n ‘est pas seul !

    Tant qu’il reste comme ça, tout le peuple est derriĂšre lui…on en a marre de l’attitude de la France…

    Nous l’avons remerciĂ© pour l’opĂ©ration serval (une opĂ©ration pas du tout charitable et dĂ©sintĂ©ressĂ©e, on s’en rend compte)…de l’aide oui, mais l’ingĂ©rence du donateur, non 👿 👿 👿 …

    c’est sans connaitre la fiertĂ© du vrai mandenka : “an tĂš djonmaya fĂš, wa an t’a tou ka non…” 👿

    😉 IBK, je suis fier d’avoir votĂ© pour vous !

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