Les deux hommes, Laurent Gbagbo et Ibrahim Boubacar Keïta et leurs partis politiques respectifs sont tous membres de l’International Socialiste. Le premier a vaincu un Général dans son pays, le second tente, tant bien que mal, de faire autant. Des confrères mettent déjà en garde contre l’option ivoirienne que certains acteurs font aujourd’hui planer sur la tête du peuple comme une épée de Damoclès.
Le message contenu dans cette attitude ressemble à celui des preneurs d’otages ou autres terroristes lesquels conditionnent leurs frappes ou la libération de leurs prisonniers au respect des conditions fixées par leurs soins. Mais comme l’a si bien dit un personnage célèbre du Mouvement Démocratique des années 90, nul n’a le monopole de la violence. La mise en garde des confrères est donc à prendre au sérieux.
Dans sa livraison du 08 novembre 2006, «Soir de Bamako» titre à la Une : «Le RPM prépare le scénario à l’Ivoirienne». Auparavant, c’est le Quotidien «le Républicain» dans sa chronique parle du «RPM» et de «sa Victoire». Les deux confrères font le même constat… «Le RPM crie à qui veut l’entendre qu’on lui a volé sa victoire en 2002» et, par conséquent, «n’exclut pas la possibilité de prendre la rue au cas où l’on venait à lui voler sa victoire (…) le Bureau politique National du RPM est entrain de former de véritables fauteurs de troubles». Ce parti, à sa tête Ibrahim Boubacar Keïta, selon le Confrère, serait inspiré par Laurent Gbagbo lequel «profita d’une confusion pour appeler ses compatriotes à descendre dans la rue contre le pouvoir» du Général Robert Gueï». «Le Républicain» va au delà de la Côte d’Ivoire : «Les enjeux électoraux, la course au pouvoir, la course au pouvoir ne doivent aucunement nous faire perdre de vue ceci : le Mali, tout comme la Côte d’Ivoire, la RDC, ou n’importe quel autre pays peut à tout moment basculer dans la violence et le chaos… Le Rassemblement pour notre pays semble déjà préparer les esprits». Ici, poursuit le journal, l’on se «prépare à la confrontation, voire à l’affrontement. Les militants seront préparés à ça. Ils seront gonflés à bloc pour refuser voire contester et rejeter toute victoire autre que celle de Ibrahim Boubacar Keïta…» Le Confrère cite un cadre du parti lequel a lancé en son temps, un ultimatum qui donne froid dans le dos : «Si on nous vole notre victoire à Sikasso, (législative partielle) nous allons mettre Bamako à feu… Nous allons prendre le Sommet Afrique/France en otage».
L’on a du mal à croire que cette attitude est vraiment celle dit d’un parti de «Rassemblement» et dont le président n’a cesse de clamer «le Mali d’abord», ou «Dieu, le Mali et ma conscience» et tutti quanti. N’est-ce pas encore le «Kankélentigui» qui s’en remettait à Dieu en ces termes désormais célèbres : «Allah ka tiendémê» ? Aurait-il perdu la foi en Dieu ? Apparemment oui, puisqu’il n’entend plus se contenter du verdict divin.
Cette position tranchée du parti des Tisserands n’est visiblement pas un fait du hasard. Elle est inspirée du scénario ivoirien comme le fait bien remarquer «Soir de Bamako». Et la coincidence voudrait qu’un Général soit là comme en Côte d’Ivoire au moment des faits. Ce qui n’est cependant pas une banale coincidence, ce sont les relations particulières qu’IBK et Laurent Gbagbo entretiennent si jalousement. Ils sont tous membres de l’International Socialiste laquelle a su apporter un soutien de taille au président Ivoirien au moment où il en avait grand besoin. L’on se souvient que c’est sur invitation personnelle de Ibrahim Boubacar Keïta alors président de l’Adema que M. Gbagbo prenait régulièrement part aux assises du PASJ. Qu’Ibrahim Boubacar Keïta et son Institution n’aient jamais condamné la chasse aux Maliens dans le pays de son «ami et frère» ne semble pas non plus une coincidence. Les deux hommes ont également ceci en commun qu’ils n’éprouvent pas un grand amour pour les Généraux d’armée…
Le premier, Laurent Gbagbo, au delà de son inimitié avec le Général feu Robert Gueï, pense injustement que celui du Mali tire les ficèles tendant à destabiliser son regime. Son ami Ibrahim Boubacar Keïta, lui pense encore et toujours à cette «victoire» qui lui a été ravie au profit de ce même général lequel lui fait en ce moment ombrage. En clair, les deux hommes ont la même vision politique et partagent la même phobie : celle des généraux. Mais fort heureusement, le peuple malien a de la mémoire et possède un sens très élévé non du chauvinisme, mais du patriotisme tout court. L’attitude va-t-en guerre du RPM, au lieu de susciter la sympathie populaire, semble plutôt provoquer l’ire des Maliens. Toute chose qui expliquerait des démissions au sein de ce parti. Ses partenaires et alliés d’antan (MPR, CNID, URD et autres) ont décidé de faire machine arrière, des militants de première heure (Ousmane Amion Guindo et le Député Poulo de Sikasso, Zeinab Mint Youba et son époux Yeya Issa Maïga entre autres) ont quitté le navire. Ces vagues de démissions ne sont pas prêtes de s’arrêter tant que le RPM pronera sa ligne de conduite pour le moins bélliqueuse. Ibrim a semble t-il oublié que sa popularité d’aujourd’hui n’est pas le fait de l’intimidation et de la surrenchère, mais de la «victimisation». Cette option avait jusque là bien marché. Les larmes versées à la moindre occasion, ses discours embellis par des professions de foi et des passages du Saint Coran ont fait des ravages dans les coeurs et les esprits. Mais pourquoi diable avoir changé une stratégie qui paye ? Aujourd’hui les menaces et ultimatum procurent exactement l’effet contraire.
B.S. Diarra
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