La moralisation de la vie publique est un impératif économique et social pour les Maliens. En effet, sous prétexte d’une crise qui semble visiblement profiter à bien des personnes aussi bien au Sud qu’au Nord du pays, on a assisté à une montée de la corruption, des malversations, des détournements, des rackets, du mensonge et de la tricherie. Deux ans après son accession au pouvoir, où en sommes-nous avec la lutte contre la corruption ?
C’est la course au gain facile et à l’enrichissement illicite. Plusieurs personnes indexées dans certains scandales comme ceux des engrais hors normes sont restées impunies. Les jeunes diplômés qui s’inscrivent pour les concours de la fonction publique se heurtent à une corruption bien organisée. L’environnement des affaires s’est considérablement détérioré depuis une décennie. Selon le rapport « Doing Business » de l’édition 2013, le Mali occupe le 170e rang (sur 183). Le positionnement actuel du Mali s’expliquerait par l’absence de réformes profondes depuis plusieurs années. Il y a donc du travail à faire au niveau des réglementations économiques, juridiques et fiscales pour faciliter celle des entreprises, depuis leur création jusqu’à leur extinction. La qualité des services publics et l’amélioration du climat des affaires passent nécessairement par la mise en œuvre de réformes profondes en matière d’éthique et de gouvernance économique. La nouvelle équipe gouvernementale devra se mettre au travail en vue d’assainir et de moraliser la vie publique. C’est une exigence de bonne gouvernance, c’est aussi un impératif de développement durable qu’il est nécessaire de prendre en compte afin d’inspirer la confiance de la population et de la communauté internationale. Cependant, pour la réussite d’une telle initiative, il faut adopter des moyens de contrôle administratifs et judiciaires et des procédures de sanctions ou de lutte contre l’impunité. Par ailleurs, il convient d’élaborer de nouveaux instruments et de créer des organes d’exécution des politiques publiques en associant parallèlement le secteur privé, la société civile et les élus. Une telle initiative existe au Bénin à travers la Cellule de moralisation de la vie publique (créée par arrêté ministériel le 21 septembre 1998) chargée de recenser les plaintes des usagers du ministère de l’Économie et des Finances sur des faits de corruption. Enfin, il faut simplifier les procédures administratives pour consacrer la transparence et la célérité dans les rapports entre l’administration, l’entreprise et les citoyens. Il s’agit là d’un défi pour les nouveaux dirigeants qui ont l’ambition de faire du Mali un pays riche, développé, pouvant offrir des services sociaux de base à tous ses citoyens.
Paul N’GUESSAN
Ibk Traitre lache
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