Avant même de prêter serment et donc d’entrer officiellement en fonction, Ibrahim Boubacar Keita a déjà pris son bâton de pèlerin pour se rendre successivement au Tchad, en Cote d’ivoire, au Burkina Faso, au Niger, au Togo… pour remercier ses pairs de ces pays pour leurs actions dans la gestion de la crise sécuritaire et politique que le Mali a connue. Mais, pour certains observateurs, cette série de visite renferme des non-dits.
L’histoire retiendra qu’IBK, à peine élu et même avant de prêter serment a entrepris une série de visites dans certains pays africains qui ont aidé le Mali dans la gestion de sa crise multiforme. A la différence de certains de ses pairs qui ont choisi la France (pays colonisateur) comme première destination de leur premier déplacement, en tant que président à l’étranger, IBK a tenu a remercier de vives voix tous les chefs d’Etat qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la guerre de libération des trois régions du nord du Mali, occupés pendant près d’un an par « les fous de Dieu ».
Première destination d’IBK, c’est le Tchad. IBK est allé rendre hommage à Idriss Deby Itno dont le pays a payé le plus lourd tribut dans la guerre de libération des trois régions du nord du Mali.
En effet, pendant que les dirigeants de la CEDEAO tergiversaient sur la date de déploiement, les moyens à mettre en œuvre, mais aussi, le nombre de militaires à envoyer par pays, le président Idriss Deby sans être membre de l’organisation communautaire est celui qui a promis le plus grand nombre de militaires au Mali.
En effet, l’armée tchadienne avec ses militaires aguerris dans le combat en zone désertique a perdu une trentaine d’hommes. Et dépensé des milliards pour libérer le Nord du Mali.
Cette visite d’IBK chez son pair Deby était considérée aussi par l’opinion nationale comme la rectification du tir de Dioncounda Traoré, président de la République par intérim qui n’a pas rendu au président tchadien, l’hommage du peuple malien comme il le mérite.
Pendant qu’il décorait d’autres chefs d’Etats tels que François Hollande, Blaise Compaoré… pour leur apport dans la gestion de la crise du nord du Mali.
« Je suis venu vous dire merci. Il était indiqué que je réserve cette première visite au Tchad, que je vienne exprimer toute ma reconnaissance au peuple tchadien et à son président pour l’action conduite qui a permis aujourd’hui qu’on soit dans cette stabilité » a-t-il indiqué.
Ensuite, IBK a repris son bâton de pèlerin pour se rendre en Côte-D’ivoire où il a témoigné toute sa reconnaissance à Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO pour sa dévotion dans la gestion de la crise politique et celle du nord.
« Un travail ardu, acharné et quotidien a été fait pour que nous soyons aujourd’hui à ce stade » a-t-il dit à Ouattara. Avant d’ajouter « notre identité nationale a failli être profondément remise en cause n’eut été votre sagacité, votre promptitude en tant que président de la CEDEAO ».
Aussi IBK s’est rendu au Burkina Faso pour rendre hommage à Blaise Compaoré, médiateur délégué par la CEDEAO dans la crise malienne.
Ensuite IBK s’est rendu au Togo où il a eu un entretien avec son homologue Togolais, Faure Gnassingbé.
Une visite à travers laquelle, IBK rend hommage au Togo qui fait partie des pays qui étaient au chevet du Mali lors de la crise.
« Le Togo d’aujourd’hui s’est porté parmi les pays amis du Mali pour être à son chevet quand notre pays était au bord de l’abime et a participé à la prise décision qui a permis de tenir la tête hors de l’eau par l’envoi des enfants du Togo… », a déclaré IBK.
En plus de cette visite, IBK s’est aussi rendu à Niamey pour rendre hommage au peuple nigérien et à son président, Issoufou Mahamadou dont l’apport a été inestimable dans la gestion de la crise du nord. En plus, il serait attendu dans d’autres pays.
Cette tournée que le président élu du Mali a effectuée dans ces pays d’Afrique qui ont pris part à la gestion de la crise du nord du Mali, à première vue d’œil a comme objectif de témoigner de la reconnaissance de la nation malienne à ces pays amis qui ont beaucoup donné pour la résolution de la crise politico-sécuritaire que le Mali a connue. Mais aussi, il s’agit pour le nouveau président malien de renforcer les liens d’amitié entre le Mali et ses différents pays.
Mais en dehors de tout cela, cette tournée d’IBK n’est pas fortuite selon certains observateurs de la scène politique.
Selon eux, en plus de remercier les chefs d’Etat et de les inviter à son investiture, IBK demande conseils ainsi auprès de ses pairs de la sous-région bien avant sa prestation en raison des nombreux défis qui l’attendent dont le plus pressant est la gestion de la crise du nord à laquelle il doit trouver une solution définitive de paix.
Selon certains observateurs, en plus de demander conseils à ses pairs, il a aussi partagé avec eux, la stratégie qu’il entend mettre en œuvre pour trouver une solution négociée à la crise du nord. Une stratégie qu’il entend mettre en œuvre lors de la négociation et la signature de l’accord définif avec les Mais avec le soutien des ses pairs de la sous-région ouest-africaine, plus précisément de la CEDEAO.
Georges Diarra