IBK a un an au pouvoir aujourd’hui : Un début laborieux

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le trésor public à rude épreuve
SEM Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République

Sortir le Mali de la crise s’avère difficile et les multiples contradictions au sein même de l’entourage du chef de l’Etat ne sont pas de nature à démêler l’enchevêtrement.

 

Si l’ont jette un regard rétrospectif sur l’an un de la gestion du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita, plusieurs constats s’imposent. Mais, ce qui a retenu notre attention, ce sont les nombreux fronts qui se sont créés en un laps de temps. Du coup, le président IBK, en plus de faire face aux urgences du moment, se trouve pris en otage par ses proches en premier lieu.

En effet, au sein de l’opinion, l’irruption de la famille dans la vie publique a été très mal comprise. Et l’argumentaire qu’IBK a fait valoir n’a pu convaincre sur sa capacité à canaliser ses proches. Selon lui-même, la candidature de son fils Karim est à voir ailleurs.

Comme si cela ne suffisait pas, c’est le beau-père de ce dernier, Issiaka Sidibé, est propulsé président de l’Assemblée nationale alors que tout le monde savait que le choix d’IBK était Abdrahamane Niang. Le plan est concocté à partir de la famille sans opposition du président, à en croire des indiscrétions.

Et depuis, l’institution est devenue la chasse gardée du fils et son beau-père qui se distribuent les marchés. L’influence de la famille présidentielle s’est élargie à d’autres structures, notamment  au sein du gouvernement où des ministres sont identifiés comme des représentants désignés du Fiston national.

Le hic est que le président de la République a cautionné même l’élection de ce dernier à la tête de la très sensible et stratégique commission défense de l’Assemblée nationale, au détriment des députés expérimentés comme l’ancien directeur général de la police nationale, Niamé Kéita.

 

Un parti présidentiel gourmand

C’est à la faveur des élections législatives que le Rassemblement pour le Mali (RPM) a étalé son envie de régner sans partage. Le parti a tourné le dos à ses alliés et a même refusé de se retrouver dans certaines circonscriptions sur une liste commune. Et de plus en plus, les responsables du RPM ont du mal à créer l’union sacrée autour des actions du chef de l’Etat qui se voit dans le collimateur de l’opposition.

Pis, pendant que les institutions financières internationales désapprouvent la gestion d’IBK, son parti continue à s’empêtrer dans des querelles de leadership. Et depuis un moment, il tente de mettre la main sur les grandes structures étatiques afin d’y caser ses cadres.

Dans la foulée, Moussa Mara qui a cru à la bonne foi du parti présidentiel et des autres partis de la mouvance présidentielle, se voit de plus en plus isolé. La preuve, son initiative de créer un directoire de la majorité a volé en éclat sur l’autel des intérêts partisans. A part le soutien dont il a bénéficié lors de la motion de censure déposée par l’opposition, Mara n’a pas d’autre choix que de compter sur ses propres efforts.

Ainsi, il initie des visites à l’intérieur du pays, mais en dehors de son activité de chef du gouvernement, il en profite pour asseoir son parti. Convaincu qu’il n’est plus dans les bonnes grâces du RPM et des partis de la majorité présidentielle, Mara fait tout simplement de la figuration. Dans ces conditions, difficile de réussir la mission que le chef de l’Etat lui a confiée.

 

Lent processus de paix

Tout le monde s’attend que le président IBK apporte du sang neuf à la gestion de la crise du Nord mais à un an de son accession au pouvoir, il a montré peu de signes de progrès. L’accord de Ouagadougou devant servir de base à toutes les négociations avec les groupes a été mis de côté par IBK.

Pendant ce temps, il ne parvient pas à créer un climat de confiance avec les partenaires de la Minusma, de la France sur le processus de retour de la paix. Sans chercher à comprendre les vrais enjeux de la crise, le président Ibrahim Boubacar Keita a laissé le temps aux ennemis du Mali de se renforcer sur le terrain tant militairement que sur le plan diplomatique.

Au lieu de se donner le moyen de sa politique, IBK envoie d’abord Oumar Tatam Ly et Moussa Mara à l’abattoir dans l’Adrar des Ifoghas. Si le premier a compris la dangerosité de la mission, le second a fait perdre le peu d’acquis que le Mali avait eus dans la région. Ainsi, le forcing engagé n’a pas donné car l’armée a perdu la bataille et malgré le cessez-le-feu les groupes armés continuent à narguer les FAMa.

Constat alarmant, pris entre plusieurs feux, le chef de l’Etat ne devra compter désormais que sur ses propres capacités pour donner de l’élan à son projet de société qui a fait rêver plus d’un Malien. Au moment où on commémore son premier anniversaire à la tête du pays, IBK donne l’impression d’un homme pris en otage.

Alpha Mahamane Cissé 

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