Absence de programme de gouvernance cohérent pour le Mali, selon certains observateurs, incapacité de faciliter la restauration de l’unité nationale, la stabilisation du territoire et la réconciliation nationale, ouverture de plusieurs fronts à la fois, le président IBK tâtonne. Or il y a urgence. IBK et son gouvernement doivent situer le cap. Avec autant d’attentes, il est d’une impérieuse nécessité de montrer un nouveau visage. A cette léthargie est venue se greffer la flagrante violation de la constitution par son premier garant. Il s’agit de la polémique autour de la déclaration publique des biens du président de la République, IBK. Déclaration des biens à huis clos, déclaration des biens en catimini ou en secret, les critiques n’ont pas manqué.
Outre la lutte contre la corruption, les maliens attendent IBK, qui commence mal, sur le plan de la sécurisation de toute l’étendue du territoire national, de la gouvernance, de l’école, de la santé et surtout de l’économie qui semble être oubliée. Or, tous les maliens sont formels, les temps sont durs. L’argent se fait rare. Les secteurs clés de l’économie sont inertes. Les hommes d’affaires, les grands opérateurs économiques et les banquiers sont inquiets quand à la suite à donner aux différents dossiers judicaires ouverts ou sur le point de l’être.
D’abord, l’arrestation spectaculaire du chef de file de l’ex junte le capitaine bombardé général, Amadou Haya Sanogo, le 27 novembre 2013. Ensuite, l’arrestation de l’incarcération d’Abdoulaye Kamaté, le juge d’instruction du tribunal de Mopti, d’Adama Zié Diarra, le procureur de Mopti, d’Ousseyni Salaha, et son substitut, Oubey Doulla Mohomoudou, et le greffier du tribunal de Mopti, Ibrahima Kanté ainsi que le clerc d’huissier de Mopti, Sékou Ballo au cours du mois de décembre. Enfin, la saisie de l’Assemblée nationale, siège de la Haute Cour de Justice, par la lettre n°285/PG-CS du 18 décembre 2013, d’une dénonciation des faits susceptibles d’être retenus contre Amadou Toumani Touré, ancien président de la République pour haute trahison. A cette liste s’ajoute l’interpellation et la détention depuis vendredi 27 décembre 2013, du Président Directeur général du PMU-Mali, Idrissa Haïdara, de son directeur financier, Moussa Dembélé et de son agent comptable, Soungalo Doumbia. D’autres seront bientôt ouverts puisqu’IBK, dans son discours de nouvel, a dit placer l’année 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption.
Lutte anti-corruption : les maliens sceptiques
Les différents actes ainsi que plusieurs autres posés par le gouvernement IBK en matière de lutte anti-corruption suscitent des réactions chez les observateurs avertis de la scène politique. Pour notre part, nous disons sans ambages que pour l’instant, nous sommes à la phase médiatique. Attendons la suite pour savoir enfin s’il s’agit d’une réelle opération anti-corruption, ou d’une simple campagne de communication d’un président de la République en mal d’image de marque.
« Je crois qu’on s’emballe un peu vite, et qu’on s’enthousiasme un peu vite! », nous a dit un homme politique et de poursuivre : « Combien de fois au cours de ces vingt dernières années a-t-on assisté à des arrestations, des gardes à vue, ou des enquêtes ultra médiatiques qui se sont terminées par beaucoup de bruits et rien de concret au finish ».
Juger ATT revient à juger les vingt ans de pratiques démocratiques et ses principaux acteurs !
En ce qui concerne le cas d’ATT susceptible d’être traduit devant la Haute Cour de Justice pout haute trahison, les réactions n’ont pas manqué sur les réseaux sociaux. Pour plusieurs personnes le Mali a plus besoin de régler très vite la situation de Kidal qui demeure confuse qu’un jugement d’ATT. Beaucoup ont soutenu que les deux hommes ont géré ce pays ensemble et ils sont tous responsables de la débâcle de la démocratie malienne Quant à ceux qui sont pour le jugement d’ATT pour haute trahison, ils ont indiqué que nul n’est au dessus de la loi. Selon eux, ATT doit être jugé tout en faisant référence à la situation de Kidal qui est la conséquence directe de la mauvaise gouvernance. Donc tous les principaux acteurs doivent rendre compte. D’ATT aux autres acteurs de la classe politique en passant par le capitaine Amadou Haya Sanogo tous devront répondre de leurs actes.
IBK n’est-il pas comptable du bilan d’ATT ?
Toutes les réactions que ça soit sur les réseaux sociaux, dans les rues de Bamako, les salons feutrées, on note de façon unanime qu’en engageant une poursuite contre ATT pour haute trahison, tous les principaux leaders de la classe politique, de la société civile de ses vingt dernières années devront répondre.
IBK a-t-il oublié sa part de responsabilité dans ce qu’il reproche au président ATT par rapport à la gestion de l’armée?, selon un internaute et de s’interroger encore IBK peut il rendre à ATT qui l’a sauvé de l’humiliation lors des législatives de 2007 quand il a été battu par le jeune Moussa Mara. Selon lui, c’est ATT qui a supplié tous les grands partis politiques de coaliser pour sauver IBK en perte de vitesse.
Un autre dire que c’est sous Alpha Oumar Konaré, pendant qu’IBK, était premier Ministre que des bandits ayant pris les armes contre l’Etat malien ont intégré l’armée malienne, sans formation, avec des grades en inadéquation avec leur profil pour ceux qui en ont. Ils ont été recrutés à la douane, au sein de l’administration sans diplômes, ni formation.
Un autre s’est posé des questions : Où était IBK, quand en 1999, Bahanga est passé de simple caporal à lieutenant ? Où était-il quand ce dernier a crée en 1999 sur le territoire malien une République appelée Thémoustate ? Qui a crée deux communes supplémentaires pour Bahanga ? Ce qui a fait que nous sommes à 703 Communes au lieu de 701 Communes au départ.
Dernier événement, c’est sous IBK en temps que président de la République que des assassins ont été élus députés sur la liste du RPM et contre lesquels les mandats d’arrêt avaient été levés. Qui a trahi le peuple malien?
Un seul conseil faisons table rase du passé, corrigeons les erreurs et partons sur des nouvelles bases pour le bonheur du peuple malien qui est le vrai perdant dans toute cette affaire. Ce peuple qui n’aspire qu’à la paix, à un développement économique, social et culturel. Cela à travers une éducation de qualité, un accès aux structures de santé, un accès à l’eau ainsi que la création d’emplois pour les jeunes etc.
Poursuite contre ATT un vœu de pro-putschistes
Traduire l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré devant la justice pour haute trahison a été l’un des vœux exprimés par le Capitaine Amadou Aya Sanogo après le coup d’Etat du 22 mars 2012. Il n’est pas le seul, on se rappelle, il a été soutenu dans son volonté de traduire ATT devant les tribunaux par les différents groupements et associations d’opportunistes qui rodaient autour de lui avant de disloquer petit à petit parce que leurs désidératas n’ont pas été assouvis. Ainsi, le gouvernement IBK est sur le point de traduire en concret la volonté des pros-putschistes : poursuivre ATT pour haute trahison. De toutes les façons, l’’information a suscité beaucoup de commentaire chez les maliens des villes et des campagnes. Lesquels y voient une réelle boîte de Pandore que le président IBK veut ouvrir. Tout en sachant bien qu’il est comptable du bilan d’ATT pour avoir été président de l’Assemblée nationale, puis simple député, pendant les deux dernières mandatures. Puisque certains faits reprochés à ATT concernent les dix ans de son mandat.
De la déclaration des biens
La polémique autour de la déclaration des biens du président de la République, IBK ne finit pas. Elle alimente les débats dans les grins de Bamako. Le communiqué de la présidence de la République qui annonce que : « contrairement à des affirmations sans aucun fondement et sans aucun recoupement préalable, la Cour suprême, conformément à la Constitution malienne, a bel et bien reçu, sous le N°059/P-CS du 9 septembre 2013, la déclaration écrite des biens du Président de la République Son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta ». Le communiqué de presse de la présidence, au lieu de servir, ne fait qu’en rajouter à la confusion et réconforter ceux qui doutent de la transparence des affaires au plus haut sommet de l’Etat. L’intérêt pour le citoyen malien c’est de savoir les biens de leur présidence cela conformément à la constitution en son article 37 qui précise que : « Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le président de la Cour suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle ». Le citoyen lambda demande seulement au président de la République de respecter la loi pour faire respecter la loi. Ne pas le faire le fragilise. D’ailleurs, s’il était en règle, pourquoi le faire savoir maintenant. Sinon quel est l’intérêt pour le peuple, de la déclaration des biens des gouvernants, si une telle déclaration devait rester dans l’obscurité ou dans le secret ? Est-ce cela l’esprit s’interroge un observateur.
De toutes les façons, le président IBK qui, a de la peine à identifier la voie à emprunter pour concrétiser ses promesses de campagne, se retrouve dans un labyrinthe qui, selon ses détracteurs, le démasque dès le départ, au vu et au su de tous.
Moussa Mamadou Bagayoko