IBK à la 73ème assemblée générale de l’ONU : Les leçons d’un déplacement

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Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 24 septembre 2018 à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. © Don EMMERT / AFP

A l’occasion de sa participation à la 73ème Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) a essuyé de vives critiques de la part de bien de ses compatriotes résidant à New York abritant le siège des Nations Unies: un feuilleton qui mérite méditation.

Il convient de rappeler que le 24 septembre 2018, le président malien a fait son entrée à New York pour participer à la 73ème Assemblée générale de l’ONU. Il était à la tête d’une forte délégation pour le besoin de la cause. La délégation présidentielle a logé à l’hôtel Mariott Essex Housse de ladite ville.

Par effet de surprise, l’hospitalité légendaire connue des Maliens n’a pas vraiment fonctionné à l’honneur d’IBK. Bien au contraire ! Pendant une bonne quarantaine de minutes, les Maliens de New York ont bruyamment manifesté devant l’hôtel abritant la délégation présidentielle malienne devant participer à la 73ème Assemblée générale des Nations unies. Le motif de ce coup de colère des Maliens de la diaspora aux USA, c’était pour dénoncer le hold-up à la faveur duquel Ibrahim Boubacar Kéita se maintient à Koulouba pour un deuxième quinquennat.

Il faut dire que contrairement au Mali, les manifestants n’ont pas été gazés à New York encore moins brûlés  par les canons à eau de la police new yorkaise. Cette attitude des policiers américains ne surprend personne quand on sait que la démocratie n’a de sens et de légitimité que dans la latitude du peuple d’user de son droit de manifester chaque fois qu’il se sent lésé par le corps politique, le législatif et l’exécutif.

Les Maliens de New York, dans une grande proportion (selon les sources), ont eu l’occasion de dire à IBK qu’il reste à Koulouba à la faveur de la fraude électorale à grande échelle, de l’achat des consciences à l’intérieur de nos frontières nationales. Comme pour dire que la réélection d’IBK à la magistrature suprême du Mali fut une véritable entorse à la démocratie conquise de haute lutte au prix du sang de filles et de fils de notre pays.

Lors de sa prise de parole à la tribune des Nations unies, mercredi le 26 septembre dernier, le président IBK a dit entre autres: «Je réaffirme mon engagement total (…) pour assurer une mise en œuvre diligente et intégrale de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali». Cet engagement est entendu, sauf qu’au Mali sur le terrain la paix est loin de la maison nationale. Pas besoin ici de rappeler le nombre de morts (civils et militaires) depuis l’arrivée aux affaires d’IBK, en 2013.

En tout cas, en cinq (05) ans de gestion de nos affaires, il est objectivement difficile de défendre le bilan du président IBK, élu, en 2013, avec un score de 77,66% des suffrages exprimés. Aussi, l’accord de paix dont il promet la mise en œuvre diligente et intégrale n’a pas l’adhésion des Maliens dans leur écrasante majorité. Cet accord, sauf surprise agréable, consacrera sur le terrain la partition de notre territoire.

Parlant de la délégation malienne à New York, il faut dire qu’elle n’avait pas raison d’être au regard du gâchis financier qu’elle a occasionné pour le Trésor public national à un moment où la grève des magistrats n’a pas encore connue de dénouement heureux; pire, il faut dire en toute objectivité que la rentrée scolaire 2018-2019 n’a nullement été préparée. Faute d’argent ? En tout cas, dans les établissements publics du secondaire, cette rentrée n’a pas été effective comme prévue faute de fournitures pour les élèves.

Selon certains scolaires, les parents doivent être la main à la poche pour payer des cahiers et des écritoires pour leurs enfants. Va-t-on vers la privatisation de l’école malienne telle qu’ébauchée dans la presse, depuis 1994 ? Tout laisse croire que l’école n’est ni de près ni de loin la préoccupation du président IBK. Aller calculer les frais des festivités du 22 septembre 2018 et ceux du voyage de la délégation présidentielle pour la 73ème Assemblée générale de l’ONU qui se poursuit jusqu’au 24 octobre courant.

De New York, le président Ibrahim Boubacar Kéita et sa délégation se sont rendus à Paris. Là aussi, il a essuyé les mêmes critiques de la part de Maliens installées en France sans compter le gâchis financier qui l’accompagne. C’est facile de mettre toutes ses critiques dans le panier de l’opposition, mais les problèmes récurrents des Maliens n’autorisent pas à dire qu’IBK est à la hauteur de la tâche que ses compatriotes lui ont ‘’assignée’’ à la faveur de la présidentielle de 2018.

Pour autant, nous ne disons pas que c’est cette opposition aux affaires. En toute objectivité, le régime IBK et son ’’opposition’’  sont à mettre dans le même sac car se sont les mêmes plumages qui font les mêmes ramages. Ni l’un, ni l’autre ne sauraient servir utilement le peuple travailleur du Mali.

D’une manière ou d’une autre, ils sont tous comptables de la faillite de l’Etat malien et de la désagrégation du tissu socioéconomique, politique et culturel de notre pays.

Après avoir assisté à la fête nationale de la République sœur de la Guinée, le voilà de retour le même jour à Bamako, mardi soir du 2 octobre courant. A l’absence de son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le président IBK a été reçu à l’aéroport international Président Modibo Keïta- Sénou par le ministre de la Défense et des Anciens combattants en la personne de Tiémoko Sangaré. Ce retour a laissé apparaître que dans l’écrasante majorité des Maliens, le second mandat d’IBK ne suscite aucun enthousiasme réel (au-delà des manœuvres politiciennes). Témoin, tout le long de la route de l’aéroport notamment de l’hôtel Wassoulou au pont Fahd, l’accueil était peint en blanc et noir: tantôt, on chantait ‘’Vive IBK’’, tantôt, on voyait sur des banderoles ‘’IBK n’est pas notre président’’.

Les opposants au régime ont dû leur silence aux grenades lacrymogènes de la police au service du régime (selon certains témoins), comme on est au Mali !

Ce déplacement d’IBK nécessite une méditation sur ses enjeux politiques et sur l’avenir de notre démocratie conquise au prix du sang de notre peuple laborieux.

Il nous rappelle cette idée du sieur Abraham Lincoln selon laquelle: «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps.»

A vrai dire, le Mali se trouve dans une impasse aux yeux de tous ceux qui veulent voir. Pour tout dire, il est important de méditer sur le feuilleton du voyage du président  malien pour la 73ème Assemblée générale des Nations unies, mais aussi sur les enjeux du second mandat d’Ibrahim Boubacar Kéita au Palais de Koulouba.

Fodé KEITA

 

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