Hamed Diané Séméga à propos de la non présentation par le PDES d’un candidat à la présidentielle du 29 avril : “Notre choix a été dicté en partie par le souci de préserver la neutralité d’ATT quant aux candidats en lice et à l’issue du scrutin”

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La décision du Parti pour le développement économique  et la solidarité (PDES) de ne pas aligner un candidat à la compétition présidentielle programmée pour le 29 avril prochain, prise lors de la réunion du 28 janvier 2012 du Comité directeur national, a été diversement accueillie dans le landernau politique malien. Pour certains, qui se voyaient déjà installés – ou maintenus – aux postes de commande de l’Etat post-ATT grâce à une victoire qui ne souffrait l’ombre d’un doute, ce fut la grande déception, voire une certaine amertume. Pour d’autres, attendant impatiemment leur heure dans les chancelleries des partis politiques considérés comme des mastodontes, ce fut le soulagement. Le parti des amis du président ATT n’ayant aucune prétention à la succession de celui-ci, la voie est libre pour conquérir le palais de Koulouba. Dans l’entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder et que nous vous proposons dans ce numéro, Hamed Diané Séméga, le président du PDES et l’homme que ATT  aura gardé dix ans d’affilée dans son gouvernement (ce qui prouve bien le degré de confiance entre les deux hommes), développe pour la première fois, les raisons qui ont poussé cette formation à renoncer à briguer la magistrature suprême.

Il se prononce également sur l’attitude de deux de ses camarades de parti, également des membres fondateurs comme lui-même, qui ont choisi de se lancer dans la course en dépit de l’option officielle adoptée. Il confirme « les contacts et discussions » entre le PDES et d’autres formations politiques en vue de nouer d’éventuelles alliances sur la présidentielle notamment. A cet égard, il relève «qu’aucun parti ne peut seul gagner les élections et gouverner durablement. Les alliances sont, dès lors, un passage obligé aussi bien lorsqu’il s’agit d’aller aux  élections que lorsqu’il s’agit de gérer les affaires publiques ».
Le patron du PDES évoque d’autres sujets d’actualité comme « le report des élections » ou « une nouvelle transition ».  A propos de cette dernière, sa religion est faite : elle constituerait pour le Mali «un grave recul démocratique » et « une prime à ceux qui, sans raisons valables, ont décidé de prendre les armes contre notre pays».

L’Indépendant : Monsieur le Président, nous sommes à exactement cinquante jours de la tenue du 1er tour de l’élection présidentielle, à laquelle le PDES a décidé de ne pas présenter de candidat. Peut-on connaître les raisons qui ont conduit votre parti à prendre cette décision ?

Le PDES a effectivement opté pour la non présentation d’une candidature à la prochaine présidentielle. Cette décision procède d’une analyse rigoureuse et sans complaisance de la situation politique nationale, des forces et faiblesses de notre parti, des défis auxquels notre pays doit faire face et des enjeux de l’heure.
Parmi ces défis, il y a d’abord celui de la réussite de l’alternance politique. A nos yeux, ce défi ne peut être relevé avec succès que par la tenue d’élections crédibles, transparentes, libres et apaisées.
L’atteinte de cet objectif est une priorité absolue pour notre parti, qui a toujours affirmé que son soutien à l’action du Président de la République s’exprimera et se matérialisera jusqu’au 8 juin 2012. Il se trouve, et cela ne devrait étonner personne, que l’organisation des élections est l’une des préoccupations majeures du Président Amadou Toumani Touré qui tient, par dessus tout, à la tenue d’élections sans contestation majeure afin que le passage de témoin à la tête de l’Etat soit un moment et un moyen de consolidation de la démocratie.
Notre parti, dont la raison d’être est de soutenir le Président et de pérenniser sa vision politique, a tout naturellement estimé que, compte tenu de l’importance de ces défis, il devait consentir les plus grands sacrifices pour apporter le soutien et l’accompagnement nécessaires au Président ATT dans son combat pour faire du Mali une démocratie exemplaire.  II y a, ensuite, l’enjeu de la préservation de ce qui a toujours fait la force et la singularité du Mali : son unité. Malheureusement, la résurgence de la crise du Nord, sur fond de violences et de revendications irrédentistes, est susceptible de mettre en péril l’intégrité du territoire national et l’unité de notre pays.
C’est là un autre front qui justifiait amplement que le PDES reformule ses objectifs à court terme en consacrant à la résolution de cette question toute son énergie, par le biais d’un soutien et d’une mobilisation sans faille aux côtés du Président de la République et du Gouvernement.
Vous l’aurez remarqué sans doute, notre parti a été l’un des tout premiers à réaffirmer son soutien total au Gouvernement lorsque, sous prétexte de revendications politiques, des terroristes ont pris pour cibles les populations et nos troupes. Nous avons été également parmi les premiers à initier des actions de solidarité envers les forces armées et de sécurité à travers un don symbolique de dix millions de francs CFA.
II y a, enfin, le défi de la réussite du référendum constitutionnel initié par le Président Amadou Toumani Touré, pour corriger les insuffisances apparues dans la mise en œuvre de la Constitution de 1992, insuffler plus de vie et de sens à nos institutions, garantir l’égalité hommes et femmes, moderniser les règles du jeu politique, consolider la démocratie et pour instaurer dans notre pays une véritable culture de la bonne gouvernance.
Le PDES entend également être sur le pont pour défendre ces reformes politiques, qui donneront au Mali, dans les années à venir, les atouts nécessaires à son développement économique et social, tout en assurant sa stabilité.
Notre parti a dû hiérarchiser ses priorités face aux urgences de l’heure. Certains pourraient en conclure, mais ce serait à tort, que nous avons ainsi relégué au second plan l’élection présidentielle. Il n’en est rien dans la mesure où la réunion des conditions de sérénité nécessaires à la tenue de ce scrutin dans un climat apaisé, est l’une des raisons qui nous ont incités à ne pas y présenter de candidat, pour ne laisser place à la moindre suspicion sur la neutralité du Président de la République quant aux candidats en lice et quant à l’issue du scrutin.

L’Indépendant : D’aucuns estiment cependant qu’en s’abstenant d’entrer en lice pour la course à la Présidence de la République, le PDES, en qui nombre d’observateurs voyaient il y a peu un prétendant sérieux à ce scrutin, compromet ses chances de peser dans les années à venir sur la scène politique nationale…
Je ne partage pas cette analyse. Elle est, en effet, doublement erronée. Primo, elle ne tient pas compte de l’expérience vécue par notre pays et, plus particulièrement, des élections présidentielles de 2007, où des partis aussi importants que l’ADEMA et l’URD n’ont pas présenté de candidats à l’élection présidentielle tout en réussissant à rester compétitifs et influents sur la scène politique. Secundo, elle est fausse sur le plan purement théorique parce qu’elle procède de l’idée que le pouvoir en démocratie est unipolaire. Fort heureusement, il en va autrement.
Concrètement, et à court terme, le PDES entend concentrer prioritairement ses efforts et son énergie au plan électoral sur la tenue du référendum, mais aussi et surtout sur les législatives, qui seront pour nous un test important quant à notre niveau d’implantation.

L’Indépendant : Quelle réaction vous inspire l’attitude de vos camarades ayant décidé de faire acte de candidature à la présidentielle en dépit de la position officiellement exprimée sur la question par le PDES ?
Ceux qui ont décidé de s’engager dans un scrutin aussi important que l’élection présidentielle sans tenir compte des positions et des mots d’ordre arrêtés par le PDES ne pourront évidemment se prévaloir ni de son nom, ni du soutien de ses militants et cadres. En tant que premier responsable du parti, et donc au service exclusif d’un projet collectif et non pas individuel, j’ai naturellement le devoir de veiller à ce qu’aucune confusion ne soit possible sur le fait que ces candidatures sont étrangères à la ligne adoptée par le PDES.

L’Indépendant : S’agissant toujours de la présidentielle, des rumeurs persistantes font état de contacts et de pourparlers entre le PDES et certaines formations politiques, qui solliciteraient le soutien de votre parti. Qu’en est-il exactement ?
Nous avons effectivement des contacts et des discussions avec d’autres formations politiques, sur la présidentielle comme sur d’autres sujets. Le PDES est un parti ouvert, dont les dirigeants sont convaincus des vertus du dialogue entre les acteurs, pour apporter des réponses pertinentes aux problèmes auxquels notre pays est confronté et poser des balises pour l’avenir.
Le moment venu, notre parti prendra position sur l’ensemble des questions, y compris celles relatives au soutien aux candidats en lice. Pour l’heure, nous privilégions les rencontres avec la base, à travers des conférences régionales, pour expliciter les choix que nous avons faits, pour échanger avec nos responsables locaux et pour maintenir la mobilisation en vue du référendum constitutionnel et des législatives. Comme vous le voyez, nous n’avons nullement l’intention de chômer.

L’Indépendant : Pour l’ensemble des scrutins de cette année 2012, le PDES envisage-t-il de nouer des alliances ? Si oui, avec qui ?
La réponse est évidement affirmative. Si vous observez attentivement le rapport des forces qui se dégage sur la scène politique malienne, un constat s’impose : aucun parti ne peut seul gagner les élections et gouverner durablement. Les alliances sont, dès lors, un passage obligé aussi bien lorsqu’il s’agit d’aller aux élections que lorsqu’il s’agit de gérer les affaires publiques.
Ayant inscrit dans ses statuts le consensus comme devise et objectif, le PDES est naturellement pour la formation d’alliances politiques solides, sur la base de principes, de valeurs et d’un programme politiques clairs.
A cet égard, notre parti privilégiera les alliances politiques et électorales permettant la consolidation des acquis obtenus par notre pays et la poursuite des politiques publiques capables de transformer qualitativement notre pays et améliorer les conditions de vie des populations.

L’Indépendant : L’on évoque, de plus en plus ouvertement, dans la presse notamment, la possibilité d’un report des élections, celle d’une nouvelle transition est également souvent avancée. Quelle analyse le PDES fait- il de cette situation ?
Etant à la tête d’un parti politique profondément attaché aux valeurs démocratiques, je ne peux que regretter ces prises de position qui ne reposent sur aucun fondement véritable.
En effet, rien ne prouve que les élections ne pourront pas se tenir à date échue. Tout porte à croire, en revanche, lorsqu’on suit l’évolution de la situation militaire, que le chaos que les rebelles ont voulu créer au Nord, pour des raisons inavouées, n’aura jamais lieu.
Le PDES adhère totalement à la position réaffirmée par le Président de la République sur cette question : celle du respect strict de la Constitution et des délais fixés par celle – ci.
Je constate également qu’aucune force politique significative ne s’est exprimée pour le report ou une Transition, éventualité qui serait d’ailleurs pour notre pays un grave recul démocratique. Ceux qui sont pour la mise en place d’une transition, en lieu et place de la tenue des élections dans les délais indiqués, constituent une infime minorité. Dans ces conditions, opter pour un report ou une Transition ne se justifie pas et consisterait à donner une prime à ceux qui, sans raisons valables, ont décidé de prendre les armes contre notre pays.

Réalisée par Saouti HAIDARA

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8 COMMENTAIRES

  1. L’article 340 sera appliqué a tous ces voleurs batards . Comme toi Semega . Tu vas bientot rire le dernier espèce de voleur menteur comme Modibo Sidibé et ATT .

  2. Je tiens à porter un démenti aux propos de Mr Semega.
    En réalité c’est parce que ATT ne voulait pas entendre parler de sa canditure, que Sémega ne voulait pas entendre parler d’autres candidature au sein du PDES. En réalité il avait prévu la date du 04 janvier 2012 pour son investiture chose à laquelle ATT s’est opposé.
    La preuve il avait déjà contacté certaines formations politiques pour soutenir sa candidature sous couvert de ATT.
    Et puis qu’il sache qu’ils seront jugés, eux les nouveaux millionnaires et milliardaires salariés de l’Etat.Oui ils justifierons devant le peuple la provenance de ces fortunes. Comme on le dit ” on se sait dans ce pays”

  3. un très mauvais choix politique Diane Séméga. tu as vraiment raté une bonne occasion de construire ta carrière politique et de porter l’appareil politique du PDES…..ça sera très dure pour toi après d’émerger, politiquement parlant. Tu devais démissionner du gouvernement lors du dernier remaniement. On ne peut pas avoir le beurre , l’argent du beurre et la crémière….

  4. Je trouve votre position bien justifiée. Vous devez presenter la grande neutralité de ATT, mais aussi la neutralité entre les différents partis qui ont soutenu ATT. Feliciation pour votre maturité politique.

  5. on connait ce monsieur cest un opportuniste ce diane semega je respecte les bittar et les hamed sow on verra ds quelques annees si le PDS est un parti comme vs etes ds le gouvernement vs volez l argent du contribuable
    fais ton calcul honnetement avant d etre ministre ce que tu avais et apres d etre ministre tu verra que tu nes propre

  6. Comme ils savent qu ils ont perdu d avance .ils declarent forfait
    pour economiser la caution
    😆
    aller droit au but ce mieux au lieu de faire le tour du periphrique en vain

  7. Encore vous ??? Vous du PDES vous pouvez aller devant un miroir ??? Est ce que vous arrivez à dormir avec votre conscience ??? 🙁 🙁 🙁

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