Guimba crée le Mouvement MALIYÉANBÊDÉTAYÉ : «J’appelle toutes les Maliennes et tous les Maliens à se mobiliser, le Mali redeviendra l’une de nos plus grandes fiertés»

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Mes sœurs et frères Maliens. Mes mères et pères Maliens. Mes filles et fils Maliens –

INTRODUCTION

Où que vous soyez ; que vous soyez dans la région de Gao, de Ségou, de Mopti, de Sikasso, de Tombouctou, de Kidal, de Koulikoro, de Kayes, de Ménaka, ou de Taoudénit ; quelle que soit votre religion ; quelle que soit votre langue maternelle : bamanan, bomu, bozo, langues dogon, peul, soninké, songhay, mamara, syenara, arabe, tamasheq, hassanya, khassonké, malinké. Quel que soit le groupe social auquel vous vous identifiez ou auquel on vous identifie : que vous soyez un cultivateur, une maîtresse de maison, un fonctionnaire ou un chef traditionnel. Quel que soit votre pays d’origine. Quel que soit le pays où vous êtes expatriés ou exilés. Je m’adresse à vous.

Peut-être que certains vont me demander ou se demander si ceci est une blague. J’aurais aimé que ce le soit. Mais étant donné les lourds défis que notre pays doit aujourd’hui relever, je n’oserais pas me permettre de vous déranger pour ne vous apporter qu’une réponse légère.

C’est, en effet, solennellement que je m’adresse à vous Chers Compatriotes.

Je dois vous dire que c’est un honneur de vous proposer mon concours pour relever ces lourds défis et pour redresser notre Mali. C’est un honneur pour moi en tant que fils de ce pays et en tant que citoyen de ce pays, pays dont nos enfants vont hériter. Et c’est en tant que citoyen malien que je m’exprime : un citoyen malien au même titre que le cultivateur à Koutiala, que le chasseur à Kadiolo, que le forgeron à Nioro, au même titre que l’enfant qui va à la madrassa à Mopti, que l’enfant qui va à l’école publique à Sikasso, au même titre que l’enfant de Bamako dont les parents n’ont pas les moyens d’envoyer à l’école, ou que l’enfant de Gao que la guerre empêche d’aller à l’école.

Nous sommes tous des Maliens et, de ce fait, la vie publique, la vie politique de notre pays nous affecte au premier chef, quelle que soit notre place dans la société. Pour cette raison, toute Malienne et tout Malien a son rôle, sa voix, son mot à dire dans ce pays.

Mes Chers Compatriotes, malgré tout ce que l’on peut dire d’apocalyptique sur le Mali, ma confiance en vous est sans bornes.

ENGAGEMENT

Je m’engage à œuvrer avec vous afin de faire en sorte que L’OUVERTURE RELIGIEUSE ET CULTURELLE, qui est si caractéristique de notre pays, soit un exemple pour le reste du monde. Nous avons appris à vivre ensemble avec nos différences depuis tellement de siècles ! Cette acceptation de l’autre est une seconde nature chez nous à tel point que souvent, nous ne nous rendons même pas compte qu’elle est exemplaire à l’échelle mondiale.

Au Mali, il est tout à fait naturel de voir des personnes parler différentes langues, alors qu’ailleurs, cela peut être vu comme une menace pour la cohésion nationale. Il est tout à fait naturel de voir des personnes habillées selon leurs traditions ou leur culture, alors qu’ailleurs, cela peut être vu comme un manque de modernité ou un refus de s’intégrer.

En pesant mes mots, j’ose affirmer que, même s’il n’est pas parfait, que même si nous pouvons faire mieux et apprendre de nos voisins, le Mali est un pays exceptionnel en matière de vivre ensemble. Sur ce point, le Mali a tant à apporter au reste du monde. Il est de notre responsabilité à tous de nous élever au-dessus de l’obscurantisme identitaire et religieux que l’on essaie d’importer chez nous.

Chers Compatriotes, je vous fais confiance pour ne pas tomber dans ce piège. Parallèlement, l’action de chaque Malienne et chaque Malien réalisée dans l’intérêt du pays sera déterminante, même si le geste paraît insignifiant ; même s’il paraît minuscule. Car il n’y a pas de petites actions. IL N’Y A PAS DE PETITE PERSONNE PARMI NOUS.

En chaque enfant, sommeille un génie avec son propre talent, peut-être même un futur prix Nobel. Nos jeunes ont tellement d’énergie ! L’énergie, l’ingéniosité qu’ils déploient pour survivre me rendent fier et me fendent le cœur en même temps. Elles me fendent le cœur à l’idée que tout ce talent, toute cette force peuvent être exploités par des trafiquants d’êtres humains dans le Sahara et sur les côtes méditerranéennes ; que tout ce talent, toute cette force peuvent se perdre dans les eaux de la Méditerranée ; que tout ce talent, toute cette force font place à la solitude, à l’angoisse, aux nuits sans sommeil de celui ou celle qui a peur d’être expulsé du pays qu’il a réussi à atteindre au prix d’énormes sacrifices et au péril de sa vie ; et aussi, elles me fendent le cœur à l’idée que, pour ceux qui ont eu la possibilité de faire des études supérieures, tout ce talent, toute cette force soient déployés pour enrichir d’autres pays, car au Mali, les places à responsabilité sont réservées aux amis d’amis ou à la famille, sans prendre en compte la compétence.

Mes Chers Compatriotes, tout le monde a son rôle à jouer pour relever les défis de notre nation avec succès ; tout le monde, même ceux qui se pensent à l’abri de tous soucis. Oui, ceux-là ont également intérêt à œuvrer dans le sens de l’intérêt de tous. En effet, ceux qui pensent passer entre les gouttes des lacunes du système car ils sont plus fortunés que la plupart de leurs compatriotes, gagnent-ils réellement ?

L’homme privilégié. Lorsqu’il est malade, pour se soigner, il prend l’avion et va se rendre dans un autre pays. Et bien sûr, il ne bénéficie pas de la sécurité sociale dont même les plus riches d’autres pays ne se privent pas quand ils y ont accès. Sans parler du vol médicalisé. Et par ailleurs, même si l’homme fortuné a envie de gaspiller son argent, s’il a une urgence médicale, son urgence va devoir attendre le prochain vol ; son urgence va devoir attendre l’enregistrement à l’aéroport ; son urgence va devoir attendre la fin du trajet dans les airs.

Comme nous le savons tous, les urgences de la nature ne connaissent pas les horaires des compagnies aériennes. Au nom de quel luxe peut-on risquer de rendre l’âme à l’aéroport ou à bord d’un avion ? Ne serait-il pas plus avantageux pour cet homme privilégié d’aller à un hôpital près de chez lui en 20 ou 30 minutes ?

Les parents privilégiés. Après le bac, leurs enfants s’en vont étudier à l’étranger. Mais ils peuvent payer jusqu’à 20 fois plus cher que les étudiants ressortissants du pays d’accueil. Ils ne peuvent pas rentrer voir leur famille et leurs amis le weekend ou pendant les fêtes pour se ressourcer, alors que les étudiants locaux, même les plus démunis, peuvent faire cela. Combien de fois par an les parents privilégiés au Mali peuvent voir leurs enfants partis étudier à l’étranger ? Pourtant, un parent malien n’aime pas moins son enfant qu’un parent d’un autre pays.

Les enfants manquent aux parents. Les parents manquent aux enfants. Mais pour que cet enfant ait un avenir, la séparation doit avoir lieu pour nous ne savons combien de temps. Et ensuite, une fois le diplôme en poche, les enfants se marient, ils ont, à leur tour, des enfants dans le pays d’accueil. Les petits-enfants connaissent à peine leurs grands-parents alors que les grands-parents ressortissants du pays d’accueil font partie de la vie de leurs petits-enfants. La transmission disparaît. Pourtant, la transmission fait partie de la sève de notre pays. Elle a été notre force pendant tant de siècles.

Les personnes privilégiées. Quelle que soit la taille de leur maison, quelle que soit la splendeur de la façade, quelle fierté peut-on vraiment en tirer lorsque, pour y accéder, il faut rouler sur des ruelles boueuses et cabossées, lorsque, à l’heure du dîner, l’électricité se coupe et qu’il faut attendre que le groupe électrogène se mette en marche pour finir son festin ?

Les personnes privilégiées. Quand les terroristes frappent des civils maliens, qui visent-ils en priorité ? Et les moustiques qui transmettent le paludisme. Regardent-ils le contenu du porte-monnaie ou le statut social avant de piquer ?

Chers Maliennes et Chers Maliens, ceci n’est pas un manifeste contre les personnes qui ont de l’argent. Non, c’est un rappel que le sort du Mali est l’affaire de tous les Maliens. C’est un appel à chaque Compatriote, qu’il soit riche ou qu’il soit pauvre, à travailler main dans la main avec son voisin car, sans cela, aucun Malien, même le plus riche, ne pourra être gagnant. Encore une fois, je vous fais confiance car, en réalité, vous êtes ma source d’inspiration. Je suis admiratif devant la capacité des Maliennes et des Maliens à se réunir, dans les quatre coins du Mali et dans les quatre coins de la planète, pour de grandes causes.

Mes Chers Compatriotes, malgré tous les problèmes qui font de chaque journée une épreuve supplémentaire, je vous ai vu tant de fois travailler ensemble et vous rassembler dignement pour revendiquer ce dont en quoi vous croyiez et pour réaliser des projets là où l’Etat faisait défaut. Pour cela, je m’engage à œuvrer pour que votre dur labeur soit suivi et reflété au niveau des instances de l’Etat car, mes Chers Compatriotes, vous ne méritez pas moins que cela. Je m’engage à œuvrer pour rallumer en chacun le sentiment d’appartenance à une même nation, le Mali, notre patrie.

Je m’engage à œuvrer afin de garantir à chaque Malienne et à chaque Malien, le respect de sa personne, de sa dignité et de son honneur, le respect de sa liberté et de ses droits fondamentaux, pour revivifier en chacun, l’amour de ce grand pays aimé et béni de Dieu.

Je m’engage à œuvrer pour faire cesser la sélection sociale injuste qui consiste à favoriser une minorité au détriment de l’écrasante majorité -cela implique nécessairement d’accorder une égalité des chances à toutes les Maliennes et à tous les Maliens.

CONCLUSION

Mes Chers Compatriotes, restons debout. Gardons la tête haute. Tous ensemble, rejoignons MALIYÉANBÊDÉTAYÉ. Que chacun vienne tel qu’il est et il sera accepté comme tel, sans aucune distinction ni discrimination. J’appelle toutes les Maliennes et tous les Maliens à se mobiliser et à mobiliser partout et autant que possible autour de ce mouvement. Le Mali redeviendra l’une de nos plus grandes fiertés. Que Dieu bénisse le Mali. MALIYÉANBÊDÉTAYÉ

(Note : «MALIYÉANBÊDÉTAYÉ» est à dire dans toutes les langues du pays).

Habib DEMBÉLÉ dit Guimba National

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