Guéguerre au sein de l’Adema : Le parti de l’abeille à la croisée des chemins

Alors que le congrès du Pasj se fait désirer, les dissensions au sein du parti se font de plus en plus criardes. Le très controversé président actuel du parti, Tiémoko Sangaré, dont le mandat est arrivé à échéance, refuse de convoquer une assemblée pour renouveler les instances de son parti. Pour lui porter la contradiction, ses contempteurs n’ont rien trouvé de mieux que de créer un mouvement dénommé « Mouvement pour le renouveau de l’Adema-Pasj ».

A cet effet, des cadres du parti dont Adama Samassékou, Hamidou Konaté, Harouna Cissé et bien d’autres sont prêts à engager une lutte pacifique de fronde pour le faire plier. On l’aura compris, rien ne va plus à l’Adema. Alors que dans les autres partis, l’on cherche à resserrer les rangs, malgré les difficultés, pour aller de l’avant, à l’Adema, c’est le contraire. La guéguerre entretenue entre les radicaux et les modérés est en train de prendre les allures d’une scission profonde et irréversible. Ce que l’on ne comprend pas dans tout ce rififi, c’est que tout le monde prétend agir pour la cause du parti. Le samedi dernier, à la Maison de la presse, lors du lancement de ce mouvement, même si tous les participants sont unanimes sur le fait que le parti traverse une crise interne et profonde, ils ont préféré jouer tout de même à l’apaisement. Mais dans le fond, vue la teneur du manifeste qu’ils ont appelé « appel aux militants de l’Adema-Pasj », l’on comprend aisément que les organisateurs en veulent à l’actuelle équipe dirigeante du parti. Pour la simple raison que ce manifeste fustige le comportement de certains barons du parti. « Une autre déception c’est de se rendre compte que nombre de cadres responsables du parti ayant du reste assumé des fonctions électives, administratives et/ou gouvernementales en son nom, sont venus hélas, soit à l’instrumentaliser ou à l’abandonner pour aller voir ailleurs, cela se passe de commentaire. En définitive, force est de reconnaitre que la direction du parti a montré toutes ses limites : clanisme, démobilisation des militants du sommet à la base… » Avec cette teneur du manifeste, on est en mesure de se demander si les organisateurs de cette rencontre ne sont pas prêts à donner un nouvel élan à leur parti. Et tous les moyens semblent bons pour parvenir à leurs fins. Mais si l’on peut comprendre la position de certains cadres qui étaient présents à cette rencontre, qui ont fait preuve de réalisme et de pragmatisme au cours de cette rencontre, l’on a du mal à suivre la logique des irréductibles qui soutiennent vaille que vaille l’actuel comité exécutif du parti, dans la mesure où il n’inspire plus la confiance de certains militants. Du reste, qu’en dit Tiémoko Sangaré lui-même ? Est-ce un simple appel de militants à son endroit ou bien sont-ils vraiment prêts à en découdre avec lui, afin qu’il convoque vite un congrès? Lui seul pourrait répondre à cette question.

Querelles byzantines

L’Adema manque-t-il de cadres à même de relever le défi ou de répondre aux attentes des militants ? La vérité, c’est que le parti semble avoir du mal à survivre aux idéaux des pères fondateurs de ce parti. En attendant, la Ruche continue sa descente aux enfers. Et les querelles byzantines auxquelles se livrent les héritiers du roi Alpha de Titibougou sèment le désarroi au sein des militants, fragilisent le parti et affaiblissent Alpha Oumar Konaré lui-même. A ce rythme, l’on se demande si le parti ne va pas vers une implosion. En tout cas, l’Adema est à la croisée des chemins. Et l’on se demande jusqu’où ira la fracture en son sein.

Paul N’GUESSAN

 

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