Dimanche 16 octobre dernier, Modibo Sidibé, l’ancien Premier ministre, était l’invité du «Grin Salif Tall» sis à Ouolofobougou, en Commune III, du District de Bamako. À cette occasion, le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE AN KA WULI) a réaffirmé sa confiance inébranlable en la capacité de notre pays et de notre peuple à se sortir de l’impasse actuelle. Car, a-t-il insisté, «lorsqu’on a trébuché et qu’on a un genou à terre, il faut accepter de s’appuyer sur la main tendue pour se relever, mais jamais s’y agripper pour se tenir débout, à fortiori compter là-dessus pour marcher et avancer». Le Mali, a-t-il poursuivi, «regorge de capacités indéniables, à condition bien évidemment que la confiance soit à tous les niveaux et que les Institutions, ainsi que les personnes qui les incarnent, soient au-dessus et en dehors de toute intrigue égocentrique, partisane et ou individualiste».
L’ancien Premier ministre, s’appuyant en cela sur sa longue expérience dans la gestion des affaires publiques, distille quelques exemples qui confortent en lui cette «confiance et cette foi inébranlables en la capacité de notre pays à occuper toute sa place dans le monde contemporain». Il cite entre autres l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football en 2002 ; les grands progrès infrastructurels des deux dernières décennies ; le deuxième rang occupé par notre pays en Afrique de l’Ouest en 2015 (juste derrière le Nigéria) en production de riz, etc. Il attribue ce dernier résultat au succès et la poursuite de l’Initiative riz que les gouvernements successifs ont reconduit, voire amplifié depuis 2008.
En effet, selon Modibo Sidibé, «pour la première fois depuis l’indépendance, le gouvernement de la République, à travers une opération dénommée «Initiative riz», a subventionné de façon radicale l’agriculture. L’opération, intégralement conçue et mise en œuvre par des Ingénieurs agronomes maliens, consistait à permettre à notre pays de booster considérablement sa production de riz paddy tout en garantissant une meilleure rémunération du labeur des paysans. À la première campagne de l’opération (2008-2009), on était déjà dans l’ordre de 90% de réalisation des objectifs, selon les structures d’évaluation tant nationales que sous-régionales (CILS). Ce bond qualitatif s’est amélioré au fil des ans et l’opération s’est ensuite élargie à d’autres spéculations telles que le maïs, le blé, le coton, et a surtout accéléré l’expansion de la culture du riz «nérica» (riz fluvial) grâce à une autosuffisance du pays en semences de qualité.
«Pour soutenir la dynamique enclenchée, le gouvernement, lors du la 1ère session du Conseil supérieur de l’agriculture de la mandature actuelle, le Président de la République a consenti à réduire le prix de vente de l’engrais (déjà subventionné) à hauteur de 1 500 FCFA/le sac et de porter la part du budget national consacrée à l’agriculture à 15%». À l’époque, rappelle-t-il, «le parti FARE a été l’un des rares, sinon le seul, à faire un communiqué officiellement pour saluer ces décisions et encourager le Gouvernement à poursuivre les efforts en faveur du monde paysan, sans lequel il ne saurait y avoir de croissance durable dans notre pays». C’est dire donc que «quelle que soit l’appellation sous laquelle les uns et les autres voudraient la présenter, cette opération a permis aujourd’hui à notre pays de se positionner en Afrique de l’Ouest parmi les grands producteurs de riz. Certes, comme toute œuvre humaine, elle peut encore être améliorée. Mais, évitons de jeter en même temps le bébé avec l’eau du bain. À ce sujet, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais la réalité est que l’Initiative riz est un franc succès qui a valu à notre pays des prix de reconnaissance à l’extérieur tout en permettant de soutenir et d’encourager les paysans à toujours produire davantage et gagner plus, de créer de la valeur ajoutée à travers l’installation de mini-rizeries, entre autres. Tout le reste n’est que pure et stérile affabulation», dit-il.
Parlant du système éducatif, scolaire, universitaire et de la recherche scientifique, Modibo Sidibé dira que le Forum national sur l’éducation, ayant réuni l’ensemble des acteurs à l’époque, a fait de pertinentes propositions. Ces résolutions restent d’actualité si nous voulons apporter des solutions idoines aux maux de notre système éducatif. Ce qui nécessite une volonté politique et une implication vigoureuse de tous les acteurs de l’école (du préscolaire jusqu’à la fin du cycle supérieur). Mais la principale réforme aujourd’hui consiste à adapter les programmes scolaires et universitaires à l’économie nationale. C’est une action qui doit se situer à moyen et long termes. Car, il faut en la matière éviter le bricolage pour aller véritablement à des réformes de fond.
Modibo Sidibé précise que dans son projet de société «Mali Horizon 2030» en 2013, il proposait l’instauration d’un système d’initiation aux métiers dès la fin du premier cycle fondamental (à partir de la 5ème et 6ème Année) afin de préparer déjà depuis ce niveau les jeunes à disposer d’une base pour leur future insertion sur le marché du travail. Dans le même ordre d’idées, il proposait de doter chaque cercle du pays d’un lycée technique et professionnel et d’installer au moins un centre de formation professionnelle pour 2 à 3 communes et un Institut de formation universitaire et de technologie, voire d’Universités adaptées par région et cercles regroupés en Pôle de croissance et de développement en fonction des potentialités ou adaptées aux réalités socio-économiques locales. La mise en œuvre de ce programme s’appuierait sur un vaste plan de réorientation et de reconversion des milliers de jeunes diplômés qui sortent actuellement de nos universités et grandes écoles avec un profil ne correspondant pas nécessairement aux besoins de nos structures de production ou de notre économie.
Quant à l’emploi des jeunes, il dit avoir proposé 20 mesures pour la jeunesse dans ledit projet de société. Ces 20 mesures définissent clairement la place prépondérante qu’il entend accorder à la jeunesse, notamment à la qualité des ressources humaines sans lesquelles le pays n’a d’avenir. Car, il est convaincu qu’il n’y a de meilleure richesse que l’Homme. Le meilleur investissement pour tout Etat ayant des ambitions, c’est de travailler constamment à l’amélioration des ressources humaines du pays. Toute chose qui n’est possible que lorsque le système éducatif, scolaire et universitaire et le soutien à la recherche répondent aux exigences de productivité, de rendement et de croissance soutenue. Sur ce dernier point, l’ancien Premier ministre a rendu un vibrant hommage à l’Institut d’Economie Rurale (IER) pour ses brillants résultats, qui ont valu à notre pays d’être excellent aujourd’hui dans bien de domaines agricoles, notamment celui des semences et de la variété des spéculations céréalières.
Concernant la situation sécuritaire, la paix, la stabilité du pays et l’installation des Autorités intérimaires, le président des FARE a rappelé la constance de la position de son parti sur ces questions, notamment en ce qui est du processus ayant abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Il insiste et persiste qu’il voudrait bien se tromper à ce sujet. Car, «le peuple du Mali dans sa grande majorité aspire à la paix et à la quiétude sur toute l’étendue du territoire». Mais il n’est pas convaincu que ledit Accord puisse effectivement apporter cette paix durable et définitive, dont le pays a tant besoin. «Pis, il comporte à notre avis les germes d’autres situations encore plus compliquées pour la cohésion sociale et l’unité nationale. Nous l’avons de tout temps dit et rappelé, sans jamais bénéficier de l’écoute nécessaire. Pour nous, la donne reste la même. Il faut que les Maliens se parlent et se rassemblent pour préserver l’intérêt supérieur de leur pays, dans le cadre d’un dialogue inclusif franc, sincère et refondateur de nos Institutions, de notre vivre ensemble, porteur d’un vrai horizon politique. Tous les maux dont souffrent actuellement le pays trouveront leur solution dans ce cadre de façon globale. Il n’y a pas d’autre alternative», a expliqué le président des FARE.
Modibo Sidibé a, par ailleurs, invité les jeunes et l’ensemble des citoyens à cultiver l’amour de l’effort et du sacrifice. «Car, rien de solide et de durable ne peut se bâtir dans la facilité, la calomnie et le mensonge. Des choses qui finissent toujours par rattraper leurs auteurs», a-t-il conclu.
B. SIDIBE
Pourquoi n’avoir pas mis en pratique ces idées et concepts quand vous avez , sans discontinuer exercer le pouvoir depuis ces 20 dernières années en tant que ministre, secrétaire général de la présidence, premier ministre….
Là, se pose la question de la crédibilité. La corruption qui est le cancer de notre pays, qu’avez vous fait contre ?
Aussi, il faut rappeler que le mali est loin d’être auto-suffisant dans le riz, entre autres denrées alimentaires…
Foutiyouml arrêtes de réfléchir à la manière d’un cancre. Toi-même où étais-tu pendant ces 20 ans? Nous étions tous là mais à des niveaux de responsabilité différents. Certains ont été PM pendant 6 ans, président de l’AN pendant 5 ans et député tout le reste du temps. Alors cette question si on doit la poser, elle doit s’adresser à nous tous. C’est trop facile d’accuser les autres en faisant semblant de n’avoir pas été présent au moment de la descente en enfer pour notre pays.Et puis est-ce parce que tout n’a pas été bien pendant un moment que ceux qui ont des idées doivent s’abstenir de faire des propositions? Non. C’est de l’ineptie ça. Grandissons. Élevons un peu le niveau de nos réflexions.
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