Elu très confortablement à la magistrature suprême, IBK s’était engagé à rétablir l’honneur du Mali et à faire le bonheur des Maliens. Il avait promis, notamment,la restauration de l’autorité de l’Etat, une lutte implacable contre la corruption, la refondation de l’armée pourqu’elle puisse réaliser sa mission de défense du territoire national. Le contexte socio-politique reste toujours difficile car le pays sort d’une transition agitée, consécutive à un putsch réussi, mais très vite contrarié sur fond de rébellion djihadiste. En outre, avec plus de 160 partis, le marigot politique malien est infestéde caïmans et de piranhas prêts à mordre. Quant à la société civile, elle semble déboussolée et en quête de repères. Devant ce spectacle de désolation, IBK avait choisi de confier la Primature à un jeune banquier, compétent certes, mais complètement ignorant des jeux politiciens. Il tiendra six mois avant de jeter l’éponge, trop bruyamment, au point de susciter la nomination de son successeur dans l’heure qui a suivi. Le second premier ministre d’IBK est, lui aussi, un jeune technocrate bien connu cette fois du sérail politique, puisqu’il a été candidat à l’élection présidentielle de 2013,avant de rejoindre IBK au second tour. D’abord ministre dans le gouvernement Tatam Ly, la Primature va lui offrirune promotion politique fulgurante, une audience et des moyens qui inquiètentcertains ténors du marigot politique.
En effet, la guerre de positionnement ne faiblit jamaisautour et dans la mare. Il hérite dans ces conditions de deux patates chaudes laissées par son prédécesseur : l’achat de l’avion présidentiel et les contrats d’équipement du ministère de la défense. Pour marquer la volonté présidentielle de combattre la corruption, le Ministère de la Justice avait été classé juste après la Primature ; mais ce sera presque tout. Le Garde des Sceaux qui s’est mis à dos la quasi-totalité des magistrats du pays est vite neutralisé. Devant les levées de boucliers qui se généralisent et mesurant l’extrême délicatesse de la situation, Mara choisit de mettre à contribution la Cour Suprême et le VEGAL. Des rapports sont ainsi établis en toute indépendance, permettant de situer les faits, le rôle des acteurs, les corrections diligentes à faire et la suite à réserver aux dossiers.
C’est le voyage à Kidal qui fournira,véritablement,à ses détracteurs l’occasion rêvée de le déstabiliser. La mission était, certes, noble ; mais elle a eu un coût humain et matériel important. Sans compter laperte de certaines positions de l’armée sur le terrain. IBK, en bon chef, a encaissétous les coups de façon presqu’imperturbable, attendant son heure, c’est-à-dire l’heure de passer à une autre étape, qui semble avoir commencé vendredi 9 janvier 2015.
Sagesse et approche pragmatique
Modibo Kéita, alias Van Morisson, est donc investi, pour assurer la seconde étape du projet présidentiel : réussir l’accord de paix en préservant l’essentiel, recadrer l’administration autour des valeurs républicaines et travailler au repositionnement international du pays. Le gouvernement constitué, le lendemain de sa nomination, est assez révélateur de la nouvelle dynamique.
D’abord tous ceux qui, à un titre ou un autre avaient été cités dans des affaires scabreuses ou à controverse sont sortis du gouvernement, confirmant la position d’IBK de ne pas transiger sur le code moral. On sent, ensuite, une volonté d’ouverture, un appel du pied à l’ensemble de la classe politique soutenant le programme présidentiel et, on constate enfin l’ébauche de la réhabilitation du fait majoritaire à travers un meilleur repositionnement du RPM.
La passation de service entre l’ancien et le nouveau Premier Ministre s’est déroulée dans une ambiance presque pathétique, qui laisse une bonne image du partant et traduittout le respect et la reconnaissance qu’il affiche vis-à-vis d’IBK. Naturellement, l’opposition politique, dont le rôle n’est pas de participer au gouvernement, suit avec un grand intérêt. Car elle a des raisons de croire qu’elle a été entendue. IBK a eu la main heureuse parce que le nouvel arrivant connaît bien l’administration malienne, les hommes, les pratiques et il jouit d’un respect jamais démenti, fondé sur des états de service assez éloquents.
Fonctionnaire sous la première République, il travaillera avec tous les présidents successifs, de Moussa Traoré à ATT, sans jamais tomber dans la compromission. Cet homme qui semble traverser, allègrement, les époques est le respect et la rigueur personnifiés, une espèce en voie de disparition au Mali. Aussi, il devraiten imposeraux uns et aux autres, grâce au droit d’aînesse, prérogative dont ne pouvaient se prévaloir ni Tatam Ly, ni Mara.
Cependant, conduire le pays vers des eaux plus calmes permettant son unification et l’amorce d’une gouvernancevertueuse ne pourrait se fairequ’à la condition que certains acteurs,dans l’action politique, dans l’administration et au sein de la société civile acceptent de courir plus vite que leurs habitudes. A moins de les y contraindre dans l’intérêt du pays !
Mahamadou Camara
Email : camara_m2006@yahoo.fr
décidemment au mali, la médiocrité le dispute à tout. comment Modibo keita peut être un modèle. celui qui a servi moussa, alpha avec les élections de 2002, qui ont ramené att au pouvoir, et puis ibk peut être modele. tous les scandales de ibk sous lui sont passés comme prime.
si on sait que tous ces pouvoirs ont brillé par la médiocrité, et quelqu’un comme Modibo leur fidèle serviteur est appelé sauveur.
que bénisse le mali, amen.
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