Vacances gouvernementales : Nos ministres sur la Côte d’Azur

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Pendant que les Maliens tirent le diable par la queue, nos ministres se fond dorer au soleil sur la Côte d’Azur ou au bord des piscines huppées d’Europe.

C’est connu : le gouvernement est en vacances depuis plus d’une semaine. Mais au lieu de retourner dans leur circonscription, pour s’enquérir des préoccupations des populations, les ministres ont mis le cap sur l’Europe. Mais aussi, sur les Amériques.

Les Maliens d’en haut…
Pour éviter d’être dérangés, dans leur « enjaillement », certains ont changé de numéro de téléphone. L’Administration est paralysée. Pour se procurer le moindre papier officiel, c’est la croix et la bannière.
Seuls les secrétaires généraux ou les chefs de cabinet tentent –sans succès, visiblement –de donner un semblant de vie à leur ministère.

Logés, dans des hôtels « 18 étoiles », avec des lunettes noires sur le nez, un cigare griffé à la bouche et, les pieds dans le champagne, nos ministres se la coulent douce. Pas de réunions de cabinet, pas de missions à Kidal, pas de conseil des ministres, pas de cérémonies d’inauguration ou de pose de première pierre… Rien ! Et, comme dirait l’autre, tout est bien dans le meilleur des mondes.

… Et les Maliens d’en bas
Pendant ce temps, les Maliens continuent de tirer le diable par la queue. Du moins, pour ceux dont les diables disposent, encore d’une queue. Dans ce mois béni de Ramadan, l’argent se fait rare. Comme la neige à Téssalit. Et le pouvoir d’achat de nos concitoyens coincé dans l’ascenseur.
Dans certaines familles, le petit-déjeuner et le déjeuner ont été rayés du menu quotidien. Faute de quoi pour faire bouillir la marmite, trois fois par jour.

Certes, nos ministres ont droit –comme tout le monde – à des vacances. Mais dans un contexte marqué par la crise financière internationale –qui n’épargne ni les caisses de l’Etat, ni le panier de la ménagère – ils doivent s’inspirer de l’exemple du Président ATT, Roi de Koulouba. Au lieu de répondre aux invitations de ses pairs, en Europe ou aux Etats –Unis, ATT s’embarquer à bord d’un bateau de la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV). Avec sa délégation, il rend visite aux populations riveraines du fleuve Niger, afin de s’imprégner de leurs préoccupations. Mais aussi, de discuter, avec elles, des solutions idoines pour les juguler.

Censés mettre en œuvre le Programme de Développement Economique et Social de Sa Majesté, nos ministres doivent s’imprégner des problèmes. Surtout, dans les villages et hameaux, en vue de prendre les bonnes décisions. Mais, peut-on prendre ces « bonnes décisions » sans consulter les populations au préalable ? Comment peut-on décider pour elles, en s’exilant – des semaines durant – sur les plages de Saint-tropez ?

En France, par exemple, les ministres en vacances ont eu, comme consigne, d’être, au moins, à une heure de vol de Paris. Afin de parer toute éventualité.

En clair, interdiction leur a été faite, d’aller admirer les pyramides en Egypte. Ou les « dogoneries » de nos cousins, à Badiangara. Autre exemple : au lieu d’emmener sa famille, dans le village de son père au Kenya, Barack Obama, le président américain, n’a eu droit qu’à une semaine. Semaine qu’il a passée, avec sa famille, aux Etats-Unis.

Les ministres maliens méritent-ils plus de vacances que leurs homologues français ? Le gouvernement malien travaille t-il mieux que le gouvernement français ? Pas si sûr

Mais comme nos ministres n’ont que faire des préoccupations de leur peuple, ils peuvent continuer à se bronzer sous les cocotiers, en sablant le champagne. Et en levant le coude à notre santé.
A leur retour, au bercail, ils reprendront la couleur locale. Avec, sur leur bureau, les dossiers brûlants de l’heure.

Cyrille Coulibaly

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