Un banquier à la primature : Le revers de la médaille

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Les quelques rares Maliens qui disent connaître Oumar Tatam Ly retiennent de cet économiste un homme compétent, intègre et rompu à la tâche. Ces qualités seront-elles pour autant suffisantes pour relever les nombreux défis qui assaillent notre pays ?

 

 

OUMAR TATAM LY

Depuis sa nomination, le jeudi 05 septembre 2013, le Premier ministre du premier gouvernement post-crise fait l’objet de débats tant dans les milieux politiques que dans les «grins» et autres salons feutrés de la capitale malienne. Mais ils sont peu nombreux les Maliens à pouvoir se prononcer sur l’homme qui, jusqu’à sa promotion récente à la Primature, était presque méconnu du grand public. Une situation qui du reste fait que beaucoup lui accordent en ce moment le bénéfice du doute en attendant de voir Oumar Tatam Ly à la tâche. Toutefois, les rares «privilégiés» qui ont une idée de ce banquier de 49 ans disent de lui qu’il est une sorte d’IBK en miniature, c’est-à-dire, un homme à poigne, compétent et intègre. Bien plus que son mentor, M. Ly serait un homme rompu à la tâche. L’autre atout du nouveau chef du gouvernement, c’est sa grande maîtrise des rouages des institutions financières internationales, ce qui, de l’avis d’observateurs, peu bien être déterminant dans la relance économique d’un pays qui en a fort besoin.

 

 

D’ailleurs, la nomination de ce grand «anonyme» à la tête du nouveau gouvernement, selon plusieurs analystes politiques, n’est guère surprenante en ce sens que le nouveau président de la République pouvait difficilement se départir de la soif de changement exprimée par le peuple du Mali lors de la dernière présidentielle et bien avant. Changement qui devra s’opérer d’abord à travers le choix des hommes appelés à conduire les affaires publiques.

 

En effet, d’aucuns estiment qu’en portant Oumar Tatam Ly à la tête de la Primature, Ibrahim Boubacar Keïta a montré sa volonté de prendre sa distance vis-à-vis de la classe politique d’autant plus que ses électeurs auraient difficilement cautionné que leur désir de changement soit dilué dans la reconduction d’un de ceux-là qu’ils considèrent être les fossoyeurs de la République pour avoir été de tous les régimes depuis l’avènement de la démocratie pour nombre d’entre eux.

 

 

A donc analyser de près, on peut bien penser que le Mali ne pouvait avoir meilleur Premier ministre pour rassembler ses fils, retrouver son autorité perdue et lutter véritablement contre la corruption, trois défis parmi les priorités auxquelles les nouvelles autorités sont appelées à faire face. Mais ce qu’il nous parait utile de souligner et qui est l’avis de plusieurs autres Maliens, c’est que le choix d’un technocrate éminemment économique à la tête du gouvernement de la nouvelle transition résonne bien comme le dessein de notre nouveau président de la République à donner la priorité à la relance économique du pays, bien avant la réconciliation nationale qu’il reconnait lui-même être un défi pressant. Cette remarque est d’autant pertinente et légitime que beaucoup d’autres observateurs s’interrogent de nos jours si le  banquier, fut-il le plus chevronné de notre planète, pourrait conduire à bon port le projet de réconciliation nationale plus que jamais chère à notre nation, s’il n’a pas une certaine connaissance de notre terroir, surtout ses réalités culturelles et sociales. Pire, le nouveau Premier ministre, pour avoir passé l’essentiel de sa carrière professionnelle dans les institutions financières régionales et internationales, a beaucoup à apprendre de l’administration d’Etat qu’il est appelé à moderniser pour la rendre beaucoup plus efficace. Aussi, sous sa conduite, le gouvernement qui vient d’être mis en place devra opérer d’utiles et nécessaires reformes sur le double plan politique et institutionnel alors que M. Ly ne réclame aucun passé dans ces domaines. C’est ainsi dire que Oumar Tatam Ly, en dépit des qualités qu’il est censé avoir, pourrait bien avoir du mal à s’accommoder avec certaines réalités du terrain. Ce qui parait beaucoup comme l’autre revers de la médaille qui plombe le choix du  nouveau Premier ministre.

 

 

Bakary SOGODOGO

 

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1 commentaire

  1. N’importe quoi! PM, c’est un poste éminemment politique. faut pas rêver et le Mali ne peut pas réinventer le fonctionnement d’une République sous régime présidentiel. Le PM, c’est le grand commis de Prési et devra s’atteler à des tâches avec une vision politique: la vision du patron. Rien de plus! En mettant de côté cet angle d’analyse, les journalistes que je lis depuis lors passent tous à côté et dévoilent en même temps la faiblesse de leur niveau de culture politique. Que ça soit Le Prétoire ou un autre canard, les analyses et commentaires sont terre à terre. L’autre grand chantier au Mali, justement, c’est de mettre la presse à niveau.

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