Discrètes tractations se poursuivent entre Koulouba et certains bastions politiques en vue du remaniement ministériel, trop longtemps attendu, et dont on dit de lui qu’il est des plus imminents. Sur le front politique, l’Adema et son frère siamois Urd devant se tailler la part du lion dans le futur attelage gouvernemental comme promis par Koulouba. Avec néanmoins des fortunes diverses…
Il y a quelques semaines, le président ATT, peu avant de participer au sommet des non alignés à Cuba, avait rencontré les émissaires des deux partis, en l’occurrence l’Adema, l’ex-parti au pouvoir, et l’Urd de Soumaîla CISSE, aujourd’hui président de la commission de l’UEMOA, en vue de discuter avec eux de l’équation politique du prochain remaniement ministériel. A l’occasion, le maître de Koulouba avait examiné avec ses interlocuteurs politiques la nomenclature politique de la nouvelle équipe gouvernementale en précisant le nombre de portefeuilles ministériels susceptibles d’être cédés à l’un ou l’autre des partis politiques, lesquels seront appelés, selon la nouvelle version de Koulouba, à grossir le compartiment politique de la nouvelle équipe gouvernementale.
Nul ne sait si ces pourparlers, entamés par ces deux poids lourds politiques, ont dû se poursuivre avec d’autres forces politiques, toujours apparentés de la Mouvance présidentielle ; mais il est évident que l’Adema et l’Urd, dans la perspective des échéances électorales de 2007, devront jouer les premiers rôles dans l’entourage de l’homme de Koulouba, déterminé qu’il est à avoir une certaine lisibilité dans les actions politiques qui le conduiront à l’horizon des échéances électorales de 2007. Autant dire que le président ATT semble être proche de son idéal d’élargir la base politique de son régime en obtenant de ces deux partis, autrefois des adversaires irréductibles, de mettre à côté leur ressentiment l’un envers l’autre pour constituer un attelage gouvernemental plus résistant.
Cependant, avant même que les cartes ne soient redistribuées entre les protagonistes politiques, des difficultés se profilent à l’horizon : le climat des concertations, jusqu’ici menées, ne donne pas la même sérénité selon qu’il s’agit de l’Adema ou de l’Urd. Et pour cause ! Au sein de l’ex-parti au pouvoir, on semble adopter une attitude de relative accalmie avec les promesses faites par le président ATT, lequel est acquis à un renforcement de la position de ce parti au sein de la nouvelle équipe. Ce renforcement politique de l’Adema dans la nouvelle équipe gouvernementale, selon des révélations, s’effectuera par la mise à disposition de cinq portefeuilles ministériels à ce parti. En réalité, à en croire certaines informations proches de l’entourage présidentiel, l’Adema pourra se voir attribué trois nouveaux ministres. Ce qui augmentera sa dotation ministérielle des cinq portefeuilles, lesquels compléteront les deux autres déjà confortablement installés dans l’attelage gouvernemental.
De son côté, l’Urd ne semble pas bénéficier d’une telle tranquillité intérieure en raison des soubresauts qui ont éclaté en son sein suite à l’examen de cette brûlante question liée à la participation du parti au gouvernement et dont la sensibilité est de nature à exacerber les rapports déjà jugés tranchés. En fait, la promesse de Koulouba d’attribuer trois portefeuilles ministériels à ce parti dans le nouveau gouvernement ne va sans accroc à cause des ambitions personnelles qui commencent à être dominantes. Ici, la problématique du choix est liée à la volonté de la cheftaine en CV qui s’est portée candidate ministrable du parti en plus d’une cadre en poste au ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et ancienne administratrice du Centre Aoua KEITA. Confronté à un choix cornélien, le parti avait fait acheminer à Koulouba le nom de ses nouveaux ministrables devant compléter le seul représentant qu’il compte au gouvernement jusqu’à cette nouvelle main tendue de Koulouba.
En recevant les CV des cadres ministrables de l’Urd, comme à l’image de l’Adema, Koulouba, selon des sources crédibles, avait insisté particulièrement sur les candidatures féminines en sollicitant de ses interlocuteurs politiques de privilégier les candidates sur les listes de ministrables devant être acheminées à Koulouba. Saisissant au bond cette recommandation du président ATT, l’Urd en l’occurrence s’était précipitée de revoir sa copie en y adjoignant le nom d’une de ses personnalités politiques qui représente l’une des valeurs sûres de son potentiel féminin. La vice-présidente du parti aurait saisi au rebond ce clin d’œil présidentiel fait à l’endroit des femmes pour se signaler dans la course des ministrables de son parti. Elle semble avoir eu raison de s’engager sur cette voie d’autant que l’homme de Koulouba aurait répondu que son statut de cadre « B » ne peut constituer un handicap pour ce poste d’autant que lui-même, aujourd’hui président de la République, n’est autre chose que ce cadre « B ». Comme quoi le boulevard ministériel reste toujours ouvert à celle qui fait et défait les destins politiques en CV du district de Bamako. Même si les pots cassés reviendront au parti.
Par Sékouba SAMAKE
“