Il se propose, entre autres mesures, d’acheter plus de 45.000 tonnes de céréales qui seront distribuées gratuitement aux populations les plus touchées par la crise qui se dessine.
Le problème de la sécurité alimentaire est plus que d’actualité après l’hivernage en dents de scie que le pays a connu cette année. L’inquiétude est déjà palpable dans l’opinion à un moment où les prix des céréales amorcent une hausse que ce soit pour le mil, le sorgho, le maïs ou le riz, la céréale la plus consommée en milieu urbain. Face à une crise alimentaire qui ne fait plus de doute et dont l’ampleur fait l’objet de multiples conjectures, le gouvernement a jugé utile de communiquer pour expliquer les dispositions envisagées. Sur la question, le ministre de l’Agriculture, Agatam Ag Alhassane, a animé vendredi, une conférence de presse dans la salle de conférence du département. Ce point de presse a été introduit par Sidiki N’Fa Konaté, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Etaient présents à la rencontre outre les directeurs nationaux des différentes structures de l’agriculture, les chefs de projets et programmes de développement rural et de nombreux journalistes de la place.
Le ministre de la Communication a planté le décor en confirmant que le gouvernement entendait expliquer le plus clairement possible la situation de la campagne agricole et agir afin de garantir l’accessibilité des ménages aux céréales. Son collègue de l’Agriculture a rappelé une vérité cardinale : « au départ de l’humanité était la nourriture et à la fin de l’humanité il y aura toujours la nourriture ». Il est donc normal que la population s’inquiète de l’issue de la campagne agricole. Le gouvernement lui aussi s’en préoccupe profondément qui se réunit régulièrement sur la question, a assuré Agatam Ag Alhassane. Le ministre de l’Agriculture a qualifié de moyenne la campagne agricole que le pays a enregistrée cette année. Dans l’ensemble, les pays sahéliens connaissent une campagne agricole globalement déficitaire, selon le bilan céréalier dressé les constats du Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
JUSTE AU DESSUS DE LA NORME. Pour le cas de notre pays, sur une prévision céréalière de 8 millions de tonnes, il devrait être récolté un peu plus de 5 millions de tonnes. Le stock résiduel disponible est de 741.333 tonnes. Selon les normes alimentaires qui s’établissent à 214 kilogrammes de céréales par personne et par an, le Mali se situerait donc juste au dessus de la norme. Avec des besoins nationaux évalués à 4.649.133 tonnes, notre pays dégagerait un léger excédent de 1.110.353 tonnes. Mais, souligne le ministre de l’Agriculture, notre pays enregistre depuis quelques mois des sorties massives de céréales vers, notamment, les pays voisins. Ce phénomène va inévitablement contribuer à fragiliser le léger excédent céréalier dont notre pays pourrait se prévaloir. Le Mali étant obligé de respecter les règles de libre commerce régissant les regroupements sous-régionaux, le gouvernement encourage la constitution de stocks familiaux. Il a aussi instruit au Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) de renouveler le plus rapidement possible ses stocks nationaux d’intervention et à l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) de reconstituer ses stocks nationaux de sécurité alimentaire.
Le gouvernement se propose d’acheter plus de 45.000 tonnes de céréales qui seront distribuées gratuitement aux populations les plus touchées (lire l’Essor de vendredi). Des achats de semences de céréales sèches, de semences de pomme de terre, d’alevins pour l’aquaculture, d’aliment bétail et pierres à lécher entrent dans le cadre des actions urgentes à mener. Plus de 70.000 tonnes de céréales seront vendues à prix modéré afin de juguler les hausses de prix. Cette vente et l’adaptation aux changements climatiques sont, entre autres mesures envisagées à moyen terme. Les changements climatiques sont des paramètres que les paysans doivent de plus en plus intégrer dans leurs méthodes de travail. « Il n’y a pas de formule magique, il faut s’adapter aux caprices du climat », a souligné le ministre de l’Agriculture. Les données météorologiques mondiales avaient prévu cette année un hivernage très pluvieux, mais tel n’a pas été le cas en raison justement de ces caprices climatiques.
Les populations rurales doivent combattre les feux de brousse qui déciment le couvert végétal, dépasser le cadre de l’élevage de prestige pour déstocker afin de diminuer la pression sur le couvert herbacé. « Notre pays dispose de plus de 12 millions de têtes de bovins, et nous sommes parmi les importateurs de lait en poudre notamment en provenance de la Hollande qui ne dispose que d’un million de têtes. Ceci est un paradoxe qu’il n’est pas impossible de corriger », a estimé Agatam Ag Alhassane. Le gouvernement s’attèle à développer un mécanisme interne de sécurité alimentaire qui nous permettra de prévenir à l’avenir les calamités et les situations de déficits alimentaires. Le ministre de l’Agriculture a demandé à la presse de suivre de près l’application des mesures édictées et au besoin de s’informer auprès des structures compétentes sur ces dispositions.