Nommée depuis quelque temps déjà agent comptable dans une de nos nombreuses représentations diplomatiques à l’étranger cette dame, contrôleur du trésor de son état, ne parvient pas à rejoindre son poste. Mais, à regarder de près la cause véritable de ce retard, qui est sur les lèvres comme un secret de polichinelle, on comprend pourquoi cette affaire suscite frustration, indignation voire révolte dans les milieux financiers du pays. Une dame très influente dans les cercles de décision opposerait son veto à la signature du décret habilitant l’infortunée à aller prendre service dans sa juridiction. Si le fameux décret était signé, menacerait-elle, elle mettrait son mari dans l’indélicate position de le quitter en plein midi, ce qui constituerait en soi un autre scandale. Apparemment, le seul crime de notre agent comptable est d’être la sœur d’une femme qu’elle considère toujours comme sa rivale, pour ne pas entrer dans trop de détail.
La victime mérite-t-elle une telle injustice ? Pas du tout, laissent entendre plusieurs de ses collègues qui apprécient sa compétence, son assiduité au travail, sa très grande conscience professionnelle en général.
Coupable a priori d’abus de pouvoir ou à tout le moins de ses prorogatives, faut-il blâmer en revanche ‘’son bourreau’’ ? Si certaines de nos sources optent tout de suite pour l’affirmative, d’autres en contraire tentent de justifier son comportement du fait qu’elle serait excédée par les multiples incartades de son époux.
Dans tous les cas, les affaires de couples devraient rester dans le foyer et ne devraient nullement influer sur celles de l’Etat. Dans ce pays, on le sait, des femmes, sans pour autant crever l’écran, ont joué et continuent de jouer des rôles importants auprès de leurs responsables d’époux, à travers leurs sages conseils. On se rappelle aussi qu’il y’ a eu des impératrices douairières qui, attirées qu’elles étaient par le seul appât du gain, préféraient laisser leurs maris ‘’se démerder’’ avec les affaires de la cité.“