Il convient de rappeler à la face du monde que le candidat IBK a été élu par l’écrasante majorité du peuple malien. Ce vote-plébiscite de tout un peuple est un symbole, l’expression d’un espoir placé en l’homme d’opérer un changement véritable dans notre pays. La mobilisation du peuple autour d’IBK est un message : celui de tout un peuple qui aspire à un changement véritable. Cela veut dire que notre peuple ne veut plus renouer avec son passé récent ou des femmes et des hommes ont foulé au pied les droits légitimes de ce peuple travailleur.
Le retour de ces anciens ministres d’ATT et de Alpha a été reçu au sein de la population comme un coup de poignard dans son dos. Cela est d’autant évident que les revenants ont brillé par leur incapacité à insuffler une dynamique nouvelle à leurs ministères. Comme pour dire qu’ils ont tous été décriés par notre peuple et n’inspiraient plus confiance.
Certes, ils peuvent s’améliorer, voire changer positivement à l’avantage du peuple Malien quand on sait que dialectiquement tout change et rien ne demeure. Mais, l’arbre ne saurait cacher la forêt. Le Mali a suffisamment de cadres compétents pour qu’Ibrahim Boubacar Keita fasse recours à ces anciens qui ont fait toute leur preuve négative dans le redressement de notre pays qui fut vilipendé par 23 longues années de gestion antidémocratique de Moussa Traoré.
En faisant appel à ces anciennes figures que le peuple a vu à l’œuvre, IBK sème désormais le doute sceptique dans la conscience de ces millions d’hommes et de femmes qui ont tout enduré pour son accession à la magistrature suprême de la République du Mali.
Le moindre sondage au près des électeurs par rapport à leurs avis sur la nomination de ces anciens prouve à suffisance que les gens sont déjà sceptiques quant au changement qu’ils attendaient d’IBK. Celui-ci doit se rendre à l’évidence que ces anciens sont en mission commandée et qu’à tout moment leur retournement de veste est possible.
En conséquence, si IBK table sur ceux-ci pour une main mise sur l’Assemblée nationale qui sera issue des prochaines élections législatives, il commet une grave erreur. Ces hommes qui l’ont laissé partir de sa formation de base, qui était l’ADEMA, ne peuvent être d’aussi bonne foi pour l’aider à consolider son pouvoir. En tout cas, leur changement à l’avantage des masses laborieuses de notre pays serait une surprise agréable.
IBK doit se rendre à l’évidence que les cadres du FDR ne peuvent l’aimer vraiment car non seulement ils ne peuvent cautionner aucune tolérance envers les auteurs du coup d’Etat de mars 2012.
Au contraire, ils les en veulent à mort parce qu’ils ont entraîné leur chute libre. Ces nominations ne peuvent être un facteur d’unification, de réconciliation des Maliens les uns avec les autres. Mais comme le dirait Friedrich Nietzsche, «le temps est galant ».
L’on comprendra au fil du temps les raisons qui ont poussé IBK à recourir à ces anciennes têtes qui ont cessé d’inspirer confiance en notre peuple. Ce premier acte politique du président IBK risque de se retourner contre lui parce que le peuple malien a désormais horreur de la gestion calamiteuse dont les anciens ministres revenus aux affaires se sont rendus entièrement comptables.
Aujourd’hui, en lieu et place de l’espoir suscité en notre peuple par la candidature d’IBK et son élection, le retour aux affaires de ces anciens ministres a sonné le glas de cet espoir à tel point que le désespoir est déjà perceptible au sein de notre population.
Mieux, bien de gens s’attendaient à la reconduction du ministre de la Justice, Malick Coulibaly, tant les chantiers ouverts par celui-ci suscitaient bien d’espoirs. Hélas ! Les citoyens sont replongés dans leur pessimisme habituel du fait que celui qui faisait l’affaire du plus grand nombre est remercié.
IBK doit changer la configuration du gouvernement s’il veut que les électeurs gardent espoir en lui au grand dam des hommes et des femmes chassés du pouvoir par le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Que Dieu sauve le Mali !
Fodé KEITA
