Reconduits à la grande surprise de l’opinion dans leurs fonctions respectives de ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales et de la Sécurité et de la Protection civile, les Généraux Kafougouna Koné et Sadio Gassama, très proches du président ATT, éprouvent aujourd’hui d’énormes difficultés à assumer avec efficacité les tâches qui leur sont confiées.
Le destin a fait que ces deux Généraux, très respectés au vu de leur parcours respectif et en raison également de leur appartenance au premier cercle des fidèles du président ATT, sont , aujourd’hui, au devant de la scène politique.
Le premier étant chargé de la bonne tenue des élections générales de 2012, le second étant, quant à lui, investi notamment de la mission de sécuriser lesdites élections.
Si, jusqu’à une date récente, les deux personnalités pouvaient se cacher sous le lourd manteau militaire, loin du regard de l’opinion, tel n’est plus le cas. Même en tenue camouflée, ils ne pourront plus passer inaperçus tant leur mission est, aujourd’hui, au cœur de toutes les préoccupations. L’organisation dans les règles de l’art des élections de 2012 étant le principal défi auquel le président sera confronté, il est incompréhensible que, à douze petits mois de cette échéance, le Général Kafougouna soit là en train de poser plus de questions à la classe politique qu’il n’a de réponses à lui donner.
Selon l’un des participants à la rencontre que le ministre en charge des élections a eue avec les responsables des partis politiques, ce dernier n’a pratiquement que des interrogations à soulever. Aucune idée précise ne s’est dégagée par rapport au type de fichier qu’il va falloir, par exemple, retenir. Est-ce le RACE ou le RAVEC qui servira de base pour le fichier électoral ?
Quand toute la classe politique pensait plutôt au RAVEC comme base de données, l’équipe de Kafougouna Koné penchait pour l’actuel fichier "amélioré". C’est, d’ailleurs, ce qui a été mis dans la tête du président de la République qui a jugé nécessaire – n’était-il pas trop tôt ? – de se prononcer sur la question en disant également que les prochaines élections pourront se faire avec l’actuel fichier amélioré. Pour quelles raisons n’ont-ils pas fait le parti pris de la classe politique qui croit, dur comme fer, que seul un fichier biométrique permettra la tenue d’élections libres, fiables et crédibles?
Après la sortie médiatique du président de la République, le mercredi dernier lors de la cérémonie de remise de la Lettre de mission à Madame le Premier ministre, l’on peut supposer que le débat est clos à propos du fichier électoral. Même si pour certains, le débat ne vient que d’être lancé.
Lors du point de presse qu’il a animé le jeudi dernier, le président du MPR, Choguel K. Maïga, déclarait, par exemple, qu’avec "la volonté politique, nous sommes convaincus que le fichier qui sera issu du RAVEC peut être prêt. Les difficultés posées sont surmontables si, toutefois, nous nous impliquons tous pour que le Mali ait un bon fichier, crédible et non contesté. Il faudra éviter qu’on aborde les élections dans la suspicion. Alors que ce sont les mauvaises listes électorales qui sont à la base de la suspicion".
C’est dire que le Général Kafougouna Koné est déjà en retard. Faute de temps et, très certainement, de moyens financier et matériel, c’est le doute qui plane sur les élections de 2012. Il s’agit de maintenant de savoir si ATT fera payer à ce frère d’armes l’impréparation desdites élections.
Quant au Général Sadio Gassama, ce sont les syndicats de policiers qui l’empêchent de dormir. Des policiers qui ont la lourde mission d’assurer la sécurité dans le pays et lors des élections de 2012 notamment.
Le 1er mai dernier, lors du défilé de la Fête du travail, des policiers, partisans et adversaires de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) se sont affrontés devant leur ministre de tutelle, le Général Sadio Gassama, assis dans la loge officielle, dépassé par les événements.
A Kayes, devant les autorités officielles, des policiers se sont également affrontés autour de l’AMO. Ce qui a suscité une vive condamnation de la part de l’UNTM qui a marché, dans la capitale, sur le ministère de la Sécurité intérieure et de la protection civile où ces dirigeants ont été reçus par le ministre. Rien n’a filtré de ce que les uns et autres se sont dit ou promis. On sait seulement que les syndicalistes ont demandé que des sanctions soient prises à l’encontre les policiers fautifs. En tout cas, c’est l’autorité du Général Sadio Gassama qui est mise à rude épreuve par ces actes d’éléments incontrôlés de la Police nationale. Comme on le voit, le ministre de tutelle n’est pas respecté par une partie des corps qui sont sous son autorité.
Dans ces conditions, la démission est une voie idoine. Afin d’éviter que le non respect du ministre de tutelle ne se généralise.
Voilà donc deux Généraux qui, en dépit de leur engagement patriotique et de leur longue carrière au service de l’Etat, risquent de souffrir le martyr dans les mois voire les jours à venir. Prendront-ils les devants ? Ou sont-ils déjà en retard d’une saison? Tant par rapport à l’organisation des élections de 2012 qu’au respect de la discipline au sein de la Police nationale ? Le vin étant servi….
Mamadou FOFANA