Rentrée gouvernementale : Daba Diawara pressenti dans le prochain gouvernement

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Après vingt jours de congé, le gouvernement Modibo Sidibé fait reprend du service ce  mercredi 1er septembre 2010, et cela, au moment où des mutations socio-politiques imposent la nécessité d’un remaniement ministériel au chef de l’Etat. De quoi donner des soucis à plusieurs ministres qui ne sont plus sûrs de continuer l’aventure.

Comme ils l’avaient fait au moment de prendre leurs congés, c’est un conseil de ministres qui va inaugurer le travail gouvernemental de cette année. Aussi, beaucoup de sujets brûlants devraient être diligentés. Il s’agit de la finalisation des chantiers du cinquantenaire, de la situation scolaire et universitaire, de la crise au Nord… Ce n’est pas pour rien que certains ministres, à l’instar de Ahmed Diane Séméga de l’Equipement et des transports, ont préféré sacrifier leurs vacances pour la cause de ces « chantiers ».

Le gouvernement doit affronter  tous ces dossiers brûlants, certes, mais le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, lui non plus, ne sera pas en reste : il devra faire face à certaines urgences qui lui imposent un remaniement ministériel. La presse l’a d’ailleurs plusieurs fois annoncé, mais jusque-là, l’annonce ne s’est pas traduite en réalité. Cette fois-ci, il semble qu’ATT est résolu à procéder à ce remaniement. Sans être dans les secrets des dieux, on peut deviner les raisons d’une telle décision dont (il faut le préciser) la mise en œuvre ne pourra intervenir qu’après les festivités du 22 septembre, la date- phare du cinquantenaire.

D’abord, il y a la mutation intervenue au sein de la classe politique avec la création, le samedi 17 juillet, du nouveau parti dit présidentiel dénommé « Parti pour le développement économique et la solidarité » (PDES) par des composantes du Mouvement citoyen (MC), des dissidents du CNID Faso Yiriwa Ton et d’autres personnalités proches du chef de l’Etat. Comme l’ont souligné ses créateurs, ce seul parti a jusqu’à 7 ministres dans l’actuel attelage gouvernemental.  Des sources expliquent que cela n’a pas manqué de rendre jaloux les autres amis du Président de la république regroupés au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) constituée des partis qui le soutiennent depuis son avènement au pouvoir). Il semblerait que les autres amis du chef de l’Etat s’estiment avoir été trahis à la dernière minute lorsqu’il a accordé sa bénédiction aux créateurs du PDES, alors que depuis 2002, il les a toujours conseillés de ne pas créer un parti politique.

C’est pourquoi (toujours selon les mêmes sources), depuis un certain temps, des conciliabules se font à l’Assemblée nationale entre l’Adema, l’URD et le RPM dans l’optique de la création d’un pôle majoritaire pour la rentrée prochaine. Si ce pôle majoritaire venait  à voir le jour, il comptera environ 94 députés, soit une majorité absolue qui imposera le choix d’un Premier ministre en son sein conformément aux règles de notre régime démocratique, et de ce fait, changera la distribution des portefeuilles ministériels.

En aucune manière, ATT ne pourra procéder autrement, puisque c’est la loi de la majorité parlementaire qui prévaudra : une chose qu’il avait pourtant réussi à éviter depuis son avènement démocratique au pouvoir. Ne s’étant jamais trouvé confronté à une majorité absolue à l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat avait toujours eu les coudées franches dans le choix de ses Premiers ministres. C’est pourquoi, d’Ahmed Mohamed Ag Hamani à Modibo Sidibé, en passant par Ousmane Issoufi Maïga, aucun de ces Premiers ministres n’a affiché une couleur politique. C’est dire que le chef de l’Etat s’apprête à affronter une première expérience de la pratique démocratique.

Une autre urgence qui doit pousser ATT à un remaniement ministériel, c’est sans aucun doute la conduite à bon port des réformes institutionnelles qu’il a lui-même initiées. En principe, ces réformes concoctées sous l’égide de l’ancien ministre Daba Diawara doivent  passer à l’Assemblée nationale au  cours de la prochaine session parlementaire. Puisqu’un adage dit  « qu’on ne peut pas être plus royaliste que le roi », ATT aurait estimé qu’hormis son auteur, personne d’autre n’est habilité à défendre ce dossier devant les députés. Ce qui passe donc nécessairement par l’intégration de Daba Diawara dans l’équipe gouvernementale. On peut se  convaincre de cette logique avec l’intégration de Salikou Sanogo dans le gouvernement depuis le réaménagement ministériel de 2009. En effet, après avoir piloté la commission d’organisation du Forum national de l’éducation en 2008, il a été nommé ministre de l’Education de l’Education, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour la mise en œuvre des recommandations dudit forum.

Il y a également le cas de ces ministres qui n’ont plus une « odeur suave » au sein du gouvernement. C’est le cas, par exemple, du ministre de l’Artisanat et du tourisme, N’Diaye Bah, qui vient de quitter son parti d’origine (le CNID Faso Yiriwa Ton) après 8 ans de mission gouvernementale au nom dudit parti. Après sa démission du CNID, le président de cette formation, Me Mountaga Tall, est allé en personne voir le chef de l’Etat pour l’informer  que N’Diaye Bah ne représente plus le « parti du soleil levant » au sein du gouvernement. Les députés CNID ont fait la même chose, et ATT leur avait assuré qu’il en a pris bonne note. Reste à savoir si l’adhésion du ministre N’Diaye Bah dans le nouveau parti présidentiel (le PDES où il est même 2è vice-président) pourra contribuer à « sauver ses meubles »…

On n’oublie pas non plus le cas du ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, dont le destin politique reste toujours dans la tourmente. En effet, même s’il n’est pas le ministre à scandales du gouvernement, il est fréquemment éclaboussé par des scandales. De son parti au département, Oumar Ibrahim Touré est toujours sous les feux de l’actualité. Et quand on sait que ATT n’aime pas trop les ministres à problèmes, il y a de quoi dormir d’un seul œil, pour le ministre.

Autant d’impératifs qui font que le remaniement ministériel annoncé depuis des lustres se fera après le 22 septembre,  juste le temps de permettre un bon déroulement  des festivités de notre cinquantenaire annoncé en grande pompe.

Abdoulaye Diakité

 

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