Remaniement ministériel : Les raisons d’un choix

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Photo de famille du nouveau Gouvernement (Koulouba, le 09 juillet 2016)

Un gouvernement de large ouverture avec toutes les sensibilités du pays. Voilà le décor proposé par le président de la République pour la réalisation de son projet de société à travers le «Mali d’abord». Avec cette dernière retouche apportée à l’attelage gouvernemental, les Maliens doivent-ils espérer ?  Rien n’est moins sûr quand on sait que la CMA ne se reconnait  pas dans le nouveau gouvernement. Mais quoi que l’on dise, force est de reconnaitre que  toutes les sensibilités y sont représentées.

Cette dernière retouche se différencie des précédents remaniements  par l’entrée des groupes armés, même si la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ne se reconnait pas dans le nouvel attelage gouvernemental. Car dans un communiqué en date du 8 juillet 2016 signé de Ilad AG Mohamed, la CMA a été on ne peut plus claire: «La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’elle n’a déposé aucune liste, ni proposé aucun de ses membres pour figurer dans le nouvel appareil d’Etat malien et n’en a aucunement l’intention en dehors des mécanismes de concertation, de gestion et de partage du pouvoir, prévus par l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger dans lequel elle s’inscrit parfaitement.» Dans ce jeu de ping-pong, Bamako se trouve piégé entre les cadres de la CMA à Bamako et le dilatoire de Bilal Ag Chérif et ses hommes à Kidal.

Quoi que l’on dise, force est de reconnaitre que  toutes les sensibilités sont représentées dans ce gouvernement. A savoir deux pour la CMA avec Nina Walet Inttalou et Mohamed Aly Ag Ibrahim et deux pour la Plateforme avec Sambel Bana Diallo et Mohamed El Moctar. La société civile du nord est représentée par Malick Alhousseiny, président du Coren. Les partis alliés sont largement représentés  par l’Adema, l’UDD, le Cnid, l’UM-RDA, le PS Yélen-Kura, la Codem, etc. La société civile a été sollicitée à travers Me Mamadou Ismaël. Konaté et Mme Keïta Aida Mbo. Même si la présence de certains suscite beaucoup de débats, force est de reconnaitre que le Président de la République et son Premier ministre Modibo Keïta s’inscrivent dans une logique de rassemblement de tous les fils et filles du pays comme le veut l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.

Quelque part, il faut reconnaitre que la mise en œuvre d’un tel accord ne peut s’opérer sans de grandes concessions surtout après la si longue et douloureuse crise que nous avons connue. Comparaison n’est pas forcément raison, mais des pays comme la Côte d’Ivoire et le Rwanda sont parvenus à panser leurs plaies avec les cas Guillaume Soro et Paul Kagamé. Aujourd’hui, ces pays sont cités comme les plus avancés de notre continent. Alors le cas de Nina Walet ne doit pas être la mer à boire pour nous. Car si le retour de la paix et la réconciliation nationale doivent passer par là, aucun sacrifice n’est de trop. On peut aisément mettre nos egos et nos ressentiments de côté pour le bonheur du Mali qui reste le seul combat qui vaille.

L’entrée de Tiémoko Sangaré, président de l’Adema-Pasj au ministère des Mines et Amadou Koïta, président du PS Yélen-Kura au ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne est un signal fort de  rassemblement et d’apaisement politique pour donner un contenu au projet présidentiel: le «Mali d’abord».

Les motifs de certains départs

Si l’entrée des groupes armés dans le gouvernement serait à l’origine du départ de certains ministres comme Zahabi Ould Sidi Mohamed qui avait en charge le ministère de la Réconciliation nationale, d’autres raisons  ont pesé  dans la balance.

Il nous revient de sources proches du gouvernement que le départ de Mme Sanogo Aminata Mallé est consécutif à la mauvaise gestion de la carrière des magistrats, des greffiers  et secrétaires de greffe et autres auxiliaires de justice sans compter son interférence intempestive dans les procédures. S’agissant de l’ancien ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, porte-parole du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, il lui serait reproché de n’avoir pas donné un vrai contenu à la communication gouvernementale. Toute chose qui expliquerait la création du «Rendez-vous avec Koulouba», une émission que le directeur de la communication de la Présidence de la République anime mensuellement à la Maison de la Presse, ainsi que celle du Centre d’information gouvernemental. Pour ce qui concerne le ministre  des Mines, Cheickna Seydi Ahamadi Diawara, les griefs à son encontre feraient suite à son indifférence et à son manque de respect  vis-à-vis du Premier ministre, se disant proche du président de la République. Quand au cas de Dramane Dembélé, son départ  serait relatif à la mauvaise gestion des logements sociaux, l’un des projets phares du Président de la République et le flou qui entoure l’attribution  de certains marchés. Selon les mêmes sources, l’éjection de Mamadou Frankaly Keïta serait due à son refus de l’effectivité de la nomination de l’actuel ministre de l’Energie, Malick Alhousseiny, au poste de directeur général de la Somapep en remplacement de Adama Tièmoko Diarra, une nomination pourtant approuvée en Conseil des ministres sur proposition du ministre sortant.

Une chose est sûre, c’est que la confiance renouvelée à Modibo Keita répond à un souci de constance  et d’efficacité dans la conduite de  l’action gouvernementale.

Un choix étant toujours apprécié différemment, c’est donc la traditionnelle question relative à la dialectique entre l’œuf et la poule. Autrement dit, entre l’œuf et la poule qui a engendré qui ? Ce nouveau gouvernement  tant attendu provoque quelque part l’ire et le désespoir de nombre de citoyens. Même s’il est vrai qu’IBK met en avant sa volonté de rassemblement, de paix et la réconciliation nationale.

En 2013, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita déclarait qu’il n’y aura pas de partage de gâteau. Cette déclaration avait suscité l’espoir au sein de la population qui      réclamait la rupture avec certaines pratiques jugées non démocratiques. Malheureusement pour ce même peuple impuissant, les différents remaniements ou réaménagements correspondent sans ambages  à une cerise sur le gâteau avec l’entrée des alliés politiques, des amis, etc.

Nouhoum DICKO

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