ATT vient de s’illustrer une fois de plus dans l’innovation. Pour la première fois et ce après cinquante ans d’indépendance, une femme est nommée Premier ministre au Mali. Le cas est si rare, tant en Afrique qu’ailleurs, qu’on ne peut parier qu’aucun Malien ne s’y attendait. Des femmes Présidentes de la République ou ministres, on en a vu et on en verra. Mais la nomination d’une femme au poste de Premier ministre, surtout dans un pays africain, notamment le Mali, est un phénomène inédit !
En fait, que ce soit autrefois ou actuellement, les femmes Premiers ministres ne couraient et ne courent pas les rues. C’est dire que le Chef de l’Etat vient non seulement de surprendre plus d’un, mais il vient une fois de plus de mettre en valeur le rang et l’importance de la femme malienne dans l’édification du pays.
Le parcours d’une combattante
Née le 4 janvier 1948 à Tombouctou, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, nommée Premier ministre par l’Article 1 du Décret N°2011-173 PRM, a pris la tête du ministère du Plan et de la coopération internationale de août 1991 à juin 1992, dans le Gouvernement du Premier ministre Soumana Sako (sous la Transition).
De mai 1992 à juin de la même année, elle a pris les rênes du ministère de l’Agriculture et de l’environnement et géré celui du Plan et de la coopération internationale (en remplacement de Bakary Mariko).
Après avoir effectué deux mandats à la tête du Comité inter Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS, basé à Ouagadougou) de août 1993 à novembre 2000, elle est nommée Conseillère technique à la Présidence de la République avant de remplacer Ahmed El Madani Diallo à la tête du ministère du Développement rural le 30 mars 2002 et d’être propulsée à la présidence du Conseil d’administration de la SONATAM (Société nationale des tabacs et allumettes du Mali) en 2003.
Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, qui est mariée et mère de 4 enfants, était au moment de sa nomination, présidente du RAFAO, un réseau siégeant au Burkina Faso. Elle est Administrateur de formation et spécialisée dans plusieurs domaines : entre autres, le Management, la Gestion des entreprises, la Programmation financière et l’Ajustement structurel.
Les raisons d’un choix
Le tout nouveau Premier ministre et son équipe auront à affronter de redoutables défis : il leur faudra tout d’abord aider ATT à achever son dernier mandat en beauté. Puis, finaliser les actions d’ATT et mettre en pratique d’autres dossiers importants comme les réformes institutionnelles proposées par ATT et qui seront soumises à un Référendum très bientôt. Ensuite, gérer convenablement les prochaines élections présidentielle et législatives.
Le choix porté sur Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé par le Chef de l’Etat, pour diriger son dernier gouvernement, répond également à cette rareté, bien certaine: c’est que le nouveau Premier ministre a non seulement fait un parcours administratif exceptionnel, mais elle n’est d’aucun parti politique, tout comme ATT du reste ! Et comme pour « doser les choses », du jeudi 31 mars au vendredi 1er avril, le Chef de l’Etat a entrepris des concertations avec les chefs politiques les plus en vue et d’autres hautes personnalités.
Les concertations d’ATT
Entre autres, les présidents Dioncounda Traoré de l’ADEMA-PASJ ; Younoussi Touré de l’UDR ; Maître Mountaga Tall du CID-FYT ; le Pr. Younouss Hameye Dicko du RDS ; Daba Diawara du PIDS ; Tiènan Coulibaly de l’UDD ; Housseïni Amion Guindo dit « Poulo » de la CODEM ; Ibrahim Boubacar Keïta du RPM ; Cheick Oumar Sissoko de SADI ; Tiéblé Dramé du PARENA ; les vices présidents du PDES, Jeamille Bittar et le Dr. Ousmane Bah ; le vice président du MPR, Drissa Traoré ; le secrétaire général de l’UM-RDA, Moussa Diarra…
Pour ATT, ces consultations avec les partis politiques rentrent dans le cadre du « dernier tournant » et elles visent à préparer les prochaines échéances électorales, ainsi que les dispositions et mesures à mettre en œuvre pour la concrétisation des réformes institutionnelles mises au point par le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI) et proposées par le Président de la République.
Par ailleurs, on peut penser que lors de ses entrevues avec ces chefs de partis, ATT a du leur recommander de continuer à entretenir entre eux le concept de dialogue et de consensus, une notion qu’il a toujours mise en pratique au cours de ses deux mandats présidentiels.
Des attentes des Maliens
Par ailleurs, le peuple malien s’attend aujourd’hui à un Gouvernement en majorité technocrate. Selon certains, la présence de représentants de partis politiques ne doit plus influer sur les futures actions du Gouvernement. Les concertations du Chef de l’Etat avec les partis politiques pourraient rentrer dans ce cadre.
En fait, les circonstances de ce dernier mandat d’ATT ne présentent pas la même configuration que celles de son premier mandat. En 2002, ATT avait accédé à la Présidence de la République à un moment où beaucoup de partis subissaient les coups de déchirements, tant en leur sein qu’avec d’autres formations politiques.
Pour rappel, certains partis politiques s’étaient érigés en Collectif des partis de l’opposition (COPPO) pour avoir eu de sérieux différends avec le régime du Président Alpha Oumar Konaré, au cours de son dernier mandat. Certains chefs de partis avaient même été maltraités, arrêtés ou incarcérés.
Un rappel : lors de l’élection présidentielle de 1997, Alpha O. Konaré n’avait du son salut électoral que grâce à la seule candidature de feu Mamadou Maribatrou Diaby (paix à son âme !), les partis politiques, ayant boycotté ladite élection. Pour « sauver les meubles » de la démocratie (pourrait-on dire), cette élection présidentielle avait donc eu lieu. Mais son issue étant à l’époque connue d’avance, beaucoup de maliens avaient pensé à cette maxime : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
C’est donc pour éviter d’éventuels irrégularités et autres errances anti démocratiques que depuis son accession au pouvoir en 2002, ATT n’avait cessé de cultiver le sens du dialogue et du consensus non seulement entre les partis, mais entre toutes les couches sensibles de la population. Et quelque part, la nomination de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé au poste de Chef du Gouvernement pourrait militer dans ce sens.
Par Oumar Diawara « Le Viator »