REMANIEMENT MINISTERIEL : Inutile, démagogique et surtout dangereux…

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On annonce comme imminent un remaniement ministériel. Ce changement aura comme particularité non seulement de garder l’équipe actuelle dont on a malheureusement vu les limites, mais d’élargir l’écurie à des mulets dont on espère qu’ils pourront tirer l’attelage fourbu du pouvoir afin de gagner les prochaines élections générales.

On avait déjà pensé que l’actuel gouvernement était pléthorique, mais qu’il avait été constitué pour remercier les parents et amis qui s’étaient investis pour faire élire leur champion, mais on n’avait pas songé que cette équipe serait malhabile, aussi âpre au gain et que ses composantes passeraient plus de temps à se glisser des peaux de banane les uns sous les pieds des autres qu’à servir avec loyauté et dévouement leur pays (à défaut de pouvoir le servir avec intelligence).

Si le remaniement ministériel annoncé se déroulait effectivement dans les termes qui l’annoncent, ce serait l’opération politique la plus bête, la plus inutile et aussi certainement la plus dangereuse que notre pays ait jamais connu.

En termes de calendrier, les élections présidentielles sont programmées pour avril 2007. En prenant au plus large, il reste 6 mois (six mois).

Il faut deux mois à un ministre pour trouver de bureaux à son cabinet, à ses directions nationales, à ses services rattachés. Pendant ces deux mois, il lui faudra trouver et asseoir les hommes qui l’accompagneront. Pendant ces deux mois, il lui faudra prendre connaissance de son département et en connaître les problèmes. Pendant ces deux mois, il lui faudra faire la tournée des popotes : rencontrer et discuter avec les cadres et le travailleur lambda s’il veut être sérieux. Pendant ces deux mois, il lui faudra élaborer un programme de travail qui sera intégré dans la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Et attendre et espérer que l’Assemblée nationale vote cette déclaration. Trois mois sur 6 seront partis quand le brave ministre pourra enfin se mettre au travail effectif. L’Administration est une continuité, mais nonobstant cette dimension, nous avions espéré que l’on ne ferait pas injure au peuple malien de lui faire croire que l’on peut exécuter un programme de gouvernement en 3 mois. Démagogique !

En termes de moment choisi, on ne peut être plus inconscient : nous sommes en novembre ; c’est-à-dire que le budget 2006 va fermer ses portes dans un mois et que le budget 2007 n’ouvrira ses écluses qu’en février 2007. Où trouver l’argent nécessaire pour établir tous ces nouveaux arrivants dont on peut prédire qu’ils viennent non pour servir, mais vite pour trouver les clés du coffre, car ils savent qu’ils ne sont pas là pour longtemps et qu’ils ont l’impérieuse nécessité d’assurer leurs vieux jours ; les jours de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Déjà des salariés et des retraités connaissent des mois de 42 jours alors qu’ils avaient été habitués pendant 10 ans à des mois de 25 jours. Déjà que l’on parle d’une extrême tension de trésorerie : les caisses de l’Etat sont vides ! A moins que notre président fasse ce qu’a fait un président centrafricain : il a pu trouver dans sa cassette personnelle 7 milliards de F CFA pour faire tourner les rouages de l’Etat alors même que ses fonctionnaires n’avaient pas perçu de salaire pendant 6 mois ! Dangereux !

En termes de gain politique, un remaniement qui ferait entrer au gouvernement des responsables de certains partis politiques serait improductif et même contre productif. Si ce sont des responsables qui ont une véritable base, une masse électorale réelle ; un ascendant prouvé dans leur parti… alors il serait plus judicieux de les laisser dans ces partis pour conduire la campagne en étant vraiment libres de leur temps et de leurs mouvements. Si ce ne sont que de faire-valoir alors il vaut mieux ne pas s’en encombrer, car leur poids négatif précipiterait le navire vers les récifs. Inutile !

En termes d’efficacité gouvernementale, un remaniement de cette nature serait un frein aux griffes d’acier.

Ces nouveaux ministères viendront à coup sûr avec l’idée que leur interlocuteur, sinon leur alter-ego est le président de la République et non le Premier ministre. Cette arrivée ne ferait que renforcer la cohue et la cacophonie qui règnent déjà. On sait que beaucoup de ministres de l’actuel gouvernement se prévalent de leur proximité avec le président pour se soustraire à l’autorité du chef de gouvernement. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faudra s’attendre à ce que les arrivants, forts de l’estampille de leurs partis veuillent se hisser du col pour le plus grand handicap du Premier ministre.

Le Mali n’a pas besoin de cette mascarade ; le peuple du Mali mérite mieux que cette pantalonnade. Il n’est point vrai de dire que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent ; en tout cas, ce n’est pas toujours vrai.

Il faut souhaiter pour le confort de notre démocratie, pour la dignité de notre peuple que d’autres voix ne viennent s’ajouter au chœur de ceux-là qui tous les jours, sur nos antennes, dans nos journaux, à la télé entonnent ce chant sirupeux « grâce à la vision et par la pensée de Son excellence Monsieur le président ATT ; omniscient ; omnipotent ; clément et miséricordieux ».

Par Kalifala

 

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