Le remaniement ministériel, longtemps annoncé et toujours attendu, serait plus imminent que l’on ne pense. Le chef d’Etat qui, en réalité n’attend que la prochaine rentrée parlementaire pour se faire une idée sur la configuration du prochain gouvernement, a déjà commencé les tractations secrètes pour ce faire.
Le président ATT avait annoncé les couleurs depuis plus d’une année déjà : en 2005, à la suite de sa traditionnelle rencontre du 8 juin avec les journalistes, au palais de Koulouba, le président de la République avait déclaré qu’il ne lui était pas loisible à ce jour de décréter un remaniement ministériel d’autant qu’il n’avait pas encore en mains toutes les cartes du jeu politique. Malgré tout, il n’avait pas non plus écarté l’opportunité pour lui de mettre en place une équipe gouvernementale de combat électoral. Depuis cette date, comme on le voit, la polémique sur le remaniement ministériel ne s’est jamais estompée d’autant que le RPM d’IBK a toujours revendiqué sa participation à l’élection présidentielle de 2007. Ce qui sonne dans l’entourage présidentiel comme un signe de démarcation politique qui ne trompe pas. En effet, de juin 2005 où ce parti a élevé le ton face au régime à aujourd’hui, beaucoup de choses se sont passées : à quelques encablures des échéances de 2007, le président ATT et son entourage se voient de plus en plus contraints de gérer les prochains épisodes politiques avec une telle prévoyance afin qu’il ne leur arrive aucune mauvaise surprise.
Les cartes en main ou dans la rue ?
Pour un tel choix, a-t-on appris de sources concordantes, l’échéance de la nouvelle rentrée parlementaire, prévue pour le début du mois prochain, paraît capitale pour le président ATT, lequel est persuadé que le déclic politico-électoral viendra de ce côté. A ce niveau, pour l’instant, c’est une sérénité qui règne au sein des groupes parlementaires qui ont presque tous, à l’exception notable du RPM, réitéré leur soutien à l’endroit de l’homme de Koulouba lors des prochaines échéances de 2007. De ce fait, ATT ne pêche pas en eaux troubles en raison justement de l’assurance à lui donnée par les ténors politiques. Le seul risque, comme cela a été annoncé dans le camp présidentiel, étant la capacité du président ATT lui-même de mettre de l’ordre au milieu de ses amis politiques qui se comptent toujours en nombre infini.
Comme à ses habitudes, chaque fois qu’il envisage de rencontrer la classe politique, le président ATT, cette fois-ci encore, a entamé les concertations secrètes, en vue de la constitution du nouveau gouvernement, par ses amis politiques. Dans le cadre de ces concertations, le président ATT, de bonnes sources, a rencontré, depuis la semaine dernière, en tout cas avant son départ pour la Cuba, l’Adema, l’ancien parti au pouvoir, qui ne manifeste aujourd’hui aucun empressement à reconquérir le pouvoir perdu. En effet, c’est le président de l’Adema, Dioncounda TRAORE lui-même, qui a été reçu par le président ATT avec qui il a discuté des sujets politiques liés à la formation du nouveau gouvernement. On peut imaginer, sans y être convié, ce que ces deux hommes peuvent se dire dans un tel contexte où les cartes maîtresses du jeu politique seront distribuées en fonction de l’équation des échéances électorales de 2007.
Strapontins ou gâteaux à partager ?
Le président Dioncounda TRAORE n’a jamais caché son credo politique concernant le soutien en faveur du président ATT. Pour lui, il s’agit de supporter le président de la République à gagner la bataille pour sa succession ; quitte à ce dernier de renvoyer l’ascenseur plus tard à l’Adema qui pourra de cette manière retrouver le pouvoir qu’il a perdu depuis. De ce point de vue, il apparaît évident que les deux hommes puissent aborder la problématique de la nouvelle plate-forme politique de l’Adema dans son choix de soutenir le président ATT, ce dernier s’étant toujours refusé d’aller à un formalisme politique avec ses supporters en raison du fait que ses sympathies sont loin d’être énumérées dans le seul camp des partis politiques. Dans tous les cas, à en croire les sources, ATT aurait promis à l’Adema cinq postes ministériels dans le nouveau gouvernement.
Autres concertations secrètes de taille : l’URD. Le président de ce parti, Younoussi TOURE, ancien Premier ministre, aura été également l’une de ces rares personnalités à être reçues par le président ATT. Comme son prédécesseur de l’Adema, le président ATT a discuté avec le chef de l’URD de ses choix politiques pour la composition d’un nouveau gouvernement qui devra être annoncé dès le mois prochain. A cette formation politique, qui traverse aujourd’hui dans la turbulence d’un choix politique face à l’élection présidentielle de 2007, l’homme de Koulouba aurait promis trois portefeuilles ministériels. A l’évidence, toutes ces propositions annoncées à l’Adema, tout comme à l’URD, augmentent le quota de ces partis dans le prochain gouvernement.
Soleil levant au Faso Yiriwa Ton
A terme, les concertations devront se poursuivre et être étendues à d’autres formations politiques dans la perspective d’élargir la base sociale du nouveau gouvernement qui sera mis en place dans un contexte politique surchauffé dépassant les seules intrigues des échéances électorales à venir en raison justement de la crise du nord que connaît le pays après l’attaque du 23 mai des garnisons militaires de Kidal et la signature de l’Accord d’Alger du 4 juillet. Dans ce cadre de ces concertations, il est fort plausible que le président ATT puisse s’entretenir sur le même sujet avec le leader du CNID, Me TALL, celui-là même qui l’accompagne dans cette visite officielle au pays de Fidèle CASTRO. Car même si le leader du Faso Yiriwa Ton est à Cuba pour des raisons médicales selon des sources proches de son entourage, il aura sans doute des entretiens poussés avec ATT au sujet du futur gouvernement. Va-t-il promettre au Cnid-Fyt deux portefeuilles ministériels en plus de celui de N’Diaye BAH ?
Le président ATT a l’habitude de rencontrer un fort contingent de la classe politique. Il n’échappera pas à la règle, à ce qui a été dit de ses intentions sur ces concertations. Dès son retour de Cuba, l’homme de Koulouba devra prolonger les pourparlers à d’autres bastions politiques et même de la société civile pour, dit-on, être en harmonie avec ses idées de rassembleur. Comme quoi les intrigues politiques se poursuivent…
Par Sékouba SAMAKE
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