Remaniement du mardi 12 avril : Un gouvernement fade et sans saveur

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L’équipe du Premier ministre Abdoulaye I. Maïga  aura beaucoup de mal à combler l’espoir des Maliens. Parmi les 35 hommes qui l’entourent désormais, beaucoup ont déjà fait la preuve de leur  incapacité à accomplir les missions à eux confiées dans les précédents gouvernements, d’autres aux compétences très douteuses n’inspirent pas confiance.

 Deux fois ministre des Finances de la République du Mali (sous Moussa Traoré et sous Dioncounda Traoré), l’on parle en bien du n°2 de la nouvelle équipe gouvernementale, Tiéna Coulibaly, ministre de la Défense et des Anciens combattants.

Discret, beaucoup d’observateurs fondent beaucoup d’espoir en l’ancien ambassadeur du Mali aux USA (poste qu’il occupait jusqu’à sa nomination) pour réhabiliter l’armée et l’outil de défense. Il est le cinquième ministre de la Défense d’IBK après Soumeylou Boubèye Maïga, le colonel-major Bah Ndaw, Tiéman Hubert Coulibaly et Abdoulaye I. Maïga.

Pour cause d’incapacité à accomplir la mission à lui confiée, Tiéman Hubert Coulibaly sera remercié de l’équipe gouvernementale en début septembre 2016. Mais sa retraite n’aura  pas assez duré. Il vient d’être promu ministre de l’Administration territoriale. Pour y faire quoi ? L’on se pose encore la question quand on sait que ce département est stratégique et sa gestion demande plus d’assiduité et de crédibilité.

Avant la présidentielle de 2018, le Mali a organisé au moins trois élections : les communales partielles qui étaient annoncées dans 59 localités en mai prochain, le référendum couplé aux élections régionales prévu pour juillet 2017. Celui dont la crédibilité a été récemment souillée dans différents dossiers (Asam) saura-t-il organiser des élections transparentes ? Des doutes persistent.

En attendant Tiéman H. Coulibaly a pour première mission d’apporter une solution à l’installation des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudéni. Là où son prédécesseur avait échoué encore jusqu’à son départ

Mohamed Ag Erlaf est le prédécesseur de Tiéman Hubert Coulibaly au ministère de l’Administration territoriale. On a fait de lui ministre l’Education nationale. D’aucuns voient une punition dans ce changement de poste. L’homme, semble-t-il, n’inspire plus la confiance au sommet de l’Etat pour cause de ses positions… partisanes.

Son impartialité était beaucoup mise en doute et, murmure-t-on, pour le punir ou le pousser vers la sortie on l’a mis à la tête de l’Education, ce département aux problèmes multiformes. Réouverture des classes au nord du pays, grèves en cascades, l’organisation des examens de fin d’année, celui qui a eu du mal à installer de simples autorités intérimaires dans le Nord du pays, sera-t-il capable de relever tous ces défis, défis  auxquels doit malheureusement son départ Barthelemy Togo, le prédécesseur de M. Ag Erlaf.

Grèves en cascade et grogne sociale, l’ancien ministre de l’Education n’est pas le seul à payer le prix. Marie-Madeleine Togo en a aussi fait les frais. Ex-ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, la grève illimitée des services de la santé  en cours semble avoir raison sur son séjour au gouvernement. Par ailleurs, beaucoup soutient que Marie-Madeleine Togo est juste victime de sa bonne foi, son engagement, sa rigueur à combattre les mauvaises habitudes. La grève illimitée  en cours, semble-t-il, a d’autres connotations que l’intérêt des travailleurs.

C’est Pr. Ousmane Samba Sow qui occupe désormais ledit ministère. L’on pense qu’il peut bien tenir le coup puisque, souligne-t-on aussi, l’homme a un talent pour résoudre de pareilles situations, même si ça devait se faire loin de la vérité et sans transparence. Dans les coulisses, les mêmes commentaires sont faits à l’adresse de Mme Traoré Oumou Touré qui  occupe désormais le portefeuille du ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille.

Le départ de Mme Traoré Oumou Touré de la tête de la Cafo (Coordination des associations et associations féminines) était réclamé. Son mandat étant expiré, elle exerçait illégalement à la présidence de cette organisation depuis 2012. Elle vient de partir, la Cafo pourra organiser son assemblée élective. La présidente de la Cafo (il se peut qu’elle ne va pas accepter de démissionner) laisse dernière elle  une très mauvaise image et l’on se fait déjà des soucis si les mauvaises habitudes ne seront pas transportées au ministère qu’elle dirige désormais.

Me Mountaga Tall n’est plus  ministre. Du ministère de l’Enseignement supérieur à celui de la Communication, il a écarté après avoir passé presque 4 ans en compagnie du régime. Son absence ne pose pas défaut, mais les soucis se font à savoir si  celui qui l’a remplacé commettra les mêmes erreurs que lui. Me Tall, semble-t-il, ne vendait pas assez l’image du chef de l’Etat et les militants n’ont jamais cessé de se plaindre pour avoir été marginalisés dans les fonctions administratives.

Arouna Modibo Touré, précédemment PDG du PMU Mali, est celui qui remplace Me Tall au ministère de la Communication et de l’Economie numérique. Il est membre du parti RPM. C’est lui qui a donné un sang neuf au PMU-Mali. De performance en performance, il s’est forgé une admiration. Mais le ministère de la Communication est un ministère pas comme les autres. Manager les hommes de médias semblent une tâche difficile. Va-t-il franchir là où Tall a échoué ? Wait and see !

Conseiller spécial du président de la République depuis novembre 2015, Me Kassoum Tapo vient de faire son entrée dans le gouvernement. D’aucuns soutiennent qu’il vient uniquement pour mieux accompagner la révision constitutionnelle en vue. L’appellation faite de son département en dit long sur la question : ‘‘Ministère des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat’’. Ben Kattra fait son entrée, mais déjà beaucoup de mécontents du côté du syndicat qu’il dirigeait. Déjà, on apprend du côté de la Bourse du travail que l’homme a vendu la cause des syndicalistes.

D’aucuns disent que c’est la seule raison pour laquelle, le SNEC que M Kattra dirigeait  s’était désolidarisé des autres grévistes

Avec l’entrée  de Me Kassoum Tapo, Me Mamadou Ismaël Konaté se voit ainsi amputé d’un grand nombre de ses prérogatives. Auparavant ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, il est désormais celui de la Justice Garde des sceaux. Les spécialistes en la matière ne sont pas d’avis de l’existence de ces deux ministères qui, dit-on, pouvait accomplir chacun la  mission de l’autre.

C’est le même cas au ministère de l’Equipement et du Désenclavement qui a été amputé de celui du Transport. Dans le gouvernement Abdoulaye I. Maïga, un ministère consacré uniquement au transport est dirigé par Me Baber Gano, non moins secrétaire général du parti présidentiel.

Les promesses non tenues du président IBK 

Notre Kankélétigi (homme de parole) est en passe de devenir un kantiamatigui (homme qui ne tient pas parole). En effet, lors des festivités du 8 mars, IBK avait promis de donner un quota de 30 % aux femmes.  Mais tel ne fut pas le cas à la publication de la liste du nouveau gouvernement. Pas surprenant de l’avis de cet homme politique qui signale qu’IBK n’a jamais tenu promesse. C’est donc 8 femmes qui sont dans le nouveau gouvernement contre 11 attendues.

Djibril Samaké

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