Réaménagement gouvernemental : Deux ex-proches collaboratrices d’IBK font leurs entrées

3

Des ministres sortants désemparés

Dans le nouvel attelage gouvernemental, il ressort que parmi les 12   nouvelles têtes qui font leur entrée, 5 sont des conseillers spéciaux du président de la transition le Colonel Assimi Goïta. Et dans ce lot, figurent deux conseillers nommés à Koulouba par le défunt président IBK que l’actuel locataire de Koulouba a pris  soin de garder avant de les propulser ministres  lors du réaménagement gouvernemental du 1er juillet.

Gouvernement de mission, gouvernement de technocrates. C’est sous ces différents angles que  les analystes politiques voient le gouvernement Choguel II sanctionné par des jeux de chaises musicales au niveau de certains  départements, mais aussi des partants et une douzaine d’entrants dont 5 conseillers spéciaux du chef de l’Etat Assimi Goïta.

Cependant à la lecture du décret de nomination, la présence de deux anciennes proches collaboratrices d’IBK ne pouvait passer inaperçu. Il s’agit de la ministre de l’Energie et de l’eau, Bintou Camara, et celle de l’Entrepreneuriat national, de l’emploi et de la formation professionnelle, Mme Bagayoko Aminata Traoré. Si les compétences de ces deux ministres ne souffrent d’aucun doute, il ressort de nos recoupements que Mme Bagayoko Aminata Traoré doit son poste de conseillère à Koulouba surtout à travers les relations étroites que son mari entretenait à l’époque avec l’un des fils du défunt président IBK. Il n’en demeure pas moins que si ces compétences n’étaient pas avérées, le président Goïta ne lui aurait pas donnée sa confiance.

Quant à la ministre de l’Energie et de l’eau, auditrice de son Etat, Bintou Camara, elle s’est surtout illustrée auprès d’IBK à travers l’audit de l’achat d’équipements militaires achetés sous son régime. Un audit qui incrimine de nombreux chefs militaires, des ministres et surtout des opérateurs économiques. D’ailleurs le pouvoir actuel s’est servi de ce document pour poursuivre certains responsables. Aussi, le  président de la Transition a sollicité la désormais ministre de l’Energie et de l’eau pour mener l’audit de la société EDM-SA.

En tout cas, en propulsant ces deux dames au-devant de la scène, c’est un message fort que le président de la Transition a peut-être voulu donner, comme quoi, tout cadre qui peut faire l’affaire du pays est le bienvenu.

Autre détail important dans cet attelage gouvernemental, c’est le fait que l’actuel homme fort de Koulouba a voulu se passer des formations politiques dont beaucoup de responsables ont reconnu n’avoir pas été consultés pour ce réaménagement.

Ce n’est pas tout, le M5 RFP, qui était revenu en force après la rectification, a été réduit à la portion congrue avec la Primature conservée par Choguel et le ministère de la Refondation avec Ibrahima Ikassa Maïga, sans oublier que Choguel reste sa collaboratrice déléguée aux Réformes institutionnelles.

Ce sont, cinq voire six ministres de cette coalition politique qui ont été débarqués. Cependant, selon nos investigations, nombreux sont les ministres sortants qui ont été désemparés à la lecture du décret à la télé car n’ayant pas été informés au préalable  de leur départ.

“C’est vrai notre ministre savait tôt ou tard qu’il allait quitter le gouvernement, mais c’est la manière de procéder qui l’a laissé sans mot. D’ailleurs, pour la petite histoire, c’est à travers mon appel qu’il  a su qu’il a été débarqué car ce jour-là, il n’était pas devant la télé. Pour moi, des gens qui ont servi la nation à un niveau élevé ne doivent pas apprendre dans la rue, au même moment que leur planton, qu’ils ne sont pas dans le gouvernement. On pouvait les informer de leur départ une heure avant le journal télévisé de 20 heures”, nous a confié un proche collaborateur d’un ministre remercié.

Par contre, certaines sources confirment que  ceux qui ont été retenus dans l’actuel gouvernement savaient déjà qu’ils allaient faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale. Cependant, ils n’avaient pas l’information quand la fumée blanche allait apparaitre. En plus des ministres remerciés, la composition du nouveau gouvernement a été accueillie avec une grande surprise et une grande réserve au niveau des QG de certaines formations politiques.

Des cadres politiques sous anonymat regrettent qu’ils n’aient pas été récompensés à hauteur de leur engagement pour la campagne du «Oui» au référendum à la nouvelle constitution mais en soutien aussi au régime en place.

Par ailleurs, d’autres estiment que le pouvoir en place s’est plutôt renforcé au détriment des partis politiques. Toutes choses qui peuvent constituer un signe avant-coureur de la volonté des 5 colonels d’évoluer désormais dans la gestion des affaires publiques et politiques en laissant les partis politiques à quai.

A cet égard,  au vu du profil des nouveaux ministres, on peut deviner que le président Assimi Goïta a voulu jouer à l’arbitrage et à l’équilibrisme entre tous les acteurs de la classe politique à moins de 7 mois de l’élection présidentielle de 2024.

Cependant, la période choisie pour le réaménagement n’est point une surprise car tous les observateurs politiques s’attendaient à un remaniement après  le référendum. Sur un tout autre plan se rapportant à l’aspect financier, il n’est pas fortuit non plus.  “Si le réaménagement avait lieu après le premier juillet qui correspond à l’ouverture des crédits du second semestre au niveau des ministères, les nouveaux ministres allaient être sevrés de certains avantages de services  liés à leur fonction qui allaient être affectés aux ministres sortants. Donc, pour vous dire que  le moment a été bien choisi”, a reconnu un conseiller technique d’un département ministériel.

Cependant, des interrogations demeurent par rapport au casting de  certains postes ministériels. A savoir pourquoi enlever un Professeur d’Université  notamment Amadou Kéïta à l’Enseignement supérieur  au profit des Mines, un domaine qui lui est complètement étranger ?

Aussi, certains n’arrivent pas à comprendre des départs comme ceux de la ministre de l’Education nationale et celle du Travail et de la Fonction publique, car malgré qu’elles soient tous du M5 RFP, leurs résultats au niveau de leurs département devaient militer  en leur faveur notamment la bonne organisation des examens et concours dans leurs départements respectifs.

En tout cas, il reste maintenant à savoir si les autorités vont chercher à recaser les anciens ministres au risque de les voir coptés par l’opposition pour agrandir leur rang ; une hypothèse qui n’est pas à négliger.

                             Kassoum Théra

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Mme Bintou Camara et Mme Bagayoko Aminata Traoré sont deux Maliennes tres compétentes et nous savons combien de responsables y compris des Ministres, des Premiers Ministres étaient frustres, malheureux sous Boua le ventru IBK et en désaccord avec sa politique et sa gouvernance de voleur, de nepotisme et de surfacturation.

  2. (…) il ressort de nos recoupements que Mme Bagayoko Aminata Traoré doit son poste de conseillère à Koulouba surtout à travers les relations étroites que son mari entretenait à l’époque avec l’un des fils du défunt président IBK.

    Hélas, Ladji Bourama Ier était un grand champion du népotisme. Les hauts faits de sa gouvernance le témoignent à suffisance. A commencer par la désignation pour la députation de son fils sorti du néant sans jamais avoir milité dans son parti. On connaît la suite…

    Pensées rebelles.

Comments are closed.