Le saviez-vous ? Le nouveau ministre de l’énergie et de l’eau, Malick Alhousseïni, avait fini par élire domicile à Sébénicoro où il faisait désormais partie de la famille et du décor. Et ironie du sort : son prédécesseur (Frankaly Keïta) avait pris une décision le concernant juste avant d’être limogé et par lui remplacé ; celui du développement industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim est un proche de Soumaïla Cissé (chef de file de l’opposition) pour lequel il a justement battu compagne à la faveur de la dernière présidentielle sans manquer de titiller son désormais employeur du jour. Quant à Me Mountaga Tall, il a été repêché à la toute dernière minute. La nouvelle ministre, de l’artisanat et du tourisme Nina Walett Intalou, première vice-présidente de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), est pourtant citée comme une des responsables des violences survenues à Kidal lors de la visite du premier Ministre Moussa Mara. Ce n’est pas tout…
34 membres contre 32 dans la précédente équipe ; 7 départs contre 9 entrants, le président de la République, sur proposition du Premier ministre a procédé, en fin de semaine dernière, à un cinquième réaménagement en trois ans d’exercices et à six mois d’intervalle d’avec la dernière retouche.
Comme on pouvait s’y attendre, de nouvelles têtes ont fait leur entrée, certaines permutées ou maintenues. Alors que d’autres ont été purement et simplement remerciées. Pour certains, il ne s’agit ni plus ni moins que de la récompense de la camaraderie ou du compagnonnage de longue date au regard de la nomination de mesdames Traoré Seynabou Diop et de Keita Aïda M’Bo.
Le départ le plus surprenant est sans nul doute celui de Mamadou Frankaly Keita, le seul ministre de la section I du district de Bamako. Il n’aurait pas diligenté, selon des indiscrétions, une décision présidentielle relative à la nomination d’un nouveau DG à la tête de SOMAPEP. L’on raconte qu’il s’est justement rendu à son dernier conseil des ministres avec de nombreuses propositions de nominations et de limogeages de cadres relevant des services de son département. Et son remplaçant, Malick Alhousseïni, était justement sur cette liste.
La surprise et la déception, sont, en tout état de cause, de mise au sein du parti. La section I que dirige le partant est avérée la plus stable du District. Par ailleurs, qu’il soit limogé au profit de Malick Alhousseïni laisse encore un arrière-goût amer dans la gorge des Tisserands. Ce responsable du COREN (Collectif des ressortissants du Nord) avait fini par élire domicile à Sébénicoro. Pour certains, il faisait désormais partie de la famille et du décor tant il imposait sa présence.
Dramane Dembélé ou «Dougougolo Dra» malgré son affairisme, n’a pu résister à la colère du souverain. Il trainait beaucoup trop de casseroles. Son parti, chuchote-on, n’est pas mécontent de sa sortie.
Le jeune avocat de son Etat, Me Konaté a, au cours d’un colloque international organisé par la Cours Constitutionnelle du Mali, fait un clin d’œil au président en lui jetant des fleurs, beaucoup de fleurs. Une récompense alors? Sa nomination en qualité de ministre de la justice, ne fait en tout cas pas que des heureux. Au sein du parti présidentiel où la frustration est à son comble, l’on pensait plutôt à l’avocat-maison, Me Baber. Aussi, les sceptiques estiment qu’un bon avocat ne fait pas forcément un bon ministre.
Justement au sein du parti présidentiel l’on dénombre seulement 5 ministres RPM bon teint sur les 34. Insuffisant ! Il s’agit d’Abdoulaye L. Maïga, Ousmane Koné, Oumou Bah, Dr Nago Dembélé, de Mohamed Aly Bathily et de Mahamane Baby. Le portefeuille de ce dernier a été réduit en guise d’avertissement, dit-on, pour ses amitiés avec Bocay Tréta, opposé à «La famille».
Le parti n’a assurément pas fini d’être surpris et déçu. Le nouveau Ministre du Développement industriel lui, s’avère un très proche de Soumaïla Cissé (chef de file de l’opposition) pour lequel il a justement battu campagne à la faveur de la présidentielle. Et il n’a pas été tendre avec IBK lors de ses sorties endiablées. Pour ceux qui le connaissent, il n’a nullement sa langue dans la poche. Un beau parleur doublé d’un charmeur, dit-on!
Par ailleurs, l’on s’interroge à propos de la nomination de Nina Walett Intalou en qualité de ministre de l’artisanat et du tourisme. Pas seulement que la CMA ait affirmé n’avoir été consulté ni avoir désigné un de ses membres (lire communiqué).
Nina Walett Intalou était première vice-présidente de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), créée en 2014 avec pour mission d’enquêter sur les violences commises dans les régions Nord du pays. Membre à part entière de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), elle se trouve cependant à l’origine des violences à Kidal suite à la visite de l’ex-premier ministre dans cette contrée et autres manifestations contre le déploiement des FAMAS et la présence de LA MINUSMA et Barkhane dans la même cité. Une véritable agitatrice ! Enfin, c’est certainement dans le dessein d’amadouer voire, affaiblir la CMA qu’IBK aurait jeté son dévolu sur elle. Le stratagème peut s’avérer payant.
Le départ de Choguel K. Maïga est, quant à lui, diversement interprété. L’on murmure qu’il ne filait pas du bon côté avec le PM. L’on sait, en tout état de cause, qu’il avait littéralement abandonné sa mission de porte-parole du gouvernement désormais exercée par Racine Thiam. C’est, disent ses proches, qu’on le faisait trop mentir. Toute chose à l’origine de sa mésentente avec le PM.
Cette fonction revient désormais à Me Mountaga Tall repêché à la toute dernière minute sur insistance du Premier ministre Modibo Keïta. Il nous revient en effet qu’il ne figurait pas sur la première liste.
Aucune surprise quant à la nomination d’Amadou Koïta en qualité de Ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne. Il avait joué le jeu et obtenu la promesse ferme du patron. Les affaires sont les affaires ! Blâmable ? Certes pour ses ex-camarades de l’opposition s’estimant trahis.
Enfin, signalons que c’est à la surprise quasi générale que le réaménagement a été opéré. Certains ministres sortants en sont presque tombés malades, leur fête littéralement gâchée. A propos, l’aviez-vous remarqué ? Ce n’est pas la première que le président procède à d’importants changements de l’attelage gouvernemental en période de fête. Certains le surnomment justement, «le gâteur de fête». Enfin, c’est une question de vue.
B.S. Diarra