Primature / Faut-il maintenir PINOCHET ?

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L”heure du bilan a sonné pour Pinochet, ce Premier ministre, en poste depuis trois ans à la Primature, en cette veille de l”investiture du président ATT au pouvoir pour son second et ultime mandat. La méthode Pinochet, expérimentée et confrontée à biens de défis de gestion, a-t-elle eu des répercussions significatives sur l”état de la nation ?

Les préparatifs de la fête de l”investiture du président ATT battent leur plein au niveau du gouvernement. C”est le Premier ministre Pinochet lui-même qui s”occupe de l”organisation matérielle des festivités de ce rendez-vous consacrant le démarrage du second et ultime mandat du nouveau président investi à la charge suprême. Le dispositif organisationnel de l”événement est ainsi réglé depuis que les choses ont été confiées au gouvernement par le président ATT en personne, lequel l”a ainsi ordonné, dit-on, pour soulager les dépenses budgétivores d”une commission d”organisation classique de composition hybride dont l”efficacité en pareille circonstance n”est d”ailleurs pas gagnée à l”avance.

Autant dire que Pinochet, qui a pris fonction à la Primature depuis le mois d”avril 2004, dans tous les cas de figure, sera l”artisan de l”organisation matérielle de cet événement politique majeur. Il y dédiera tout son talent d”organisateur même si après ces festivités officielles, il doit rendre sa démission et celle de son gouvernement pour respecter en cela une tradition républicaine bien réelle dans les moeurs politiques.

Rythme soutenu

Il y là une marque de confiance réelle entre le président ATT et son Premier ministre, Pinochet, qui garde intact, en dépit de ces années d”épreuve de gestion, son trait dominant du début de son exercice gouvernemental, à savoir l”ardeur au travail. Pinochet est en fonction depuis trois ans sonnés. C”est bien là un challenge de l”effectivité d”une présence fort remarquée sur la scène nationale. D”ailleurs, le rythme qu”il imprime déjà à l”organisation des festivités du 8 juin prochain, c”est-à-dire l”implication personnelle et acharnée jusqu”au détail des choses, obéit fondamentalement au style de travail de l”homme.

On rapporte ainsi dans son entourage qu”il est directement concerné par les moindres détails protocolaires et organisationnels de l”événement sur lesquels il tient à faire l”évaluation à chaque étape du programme et ceci, afin de juguler les impondérables. Dans ce dossier lié à l”événement du 8 juin, comme dans d”autres aspects de l”activité gouvernementale, le PM, aujourd”hui comme hier, s”est toujours attiré les foudres des détracteurs qui le trouvent un peu maniaque au boulot avec une nette disposition à mépriser les autres. A l”évidence, l”homme, qui assume fièrement, selon ceux qui le côtoient, ce caractériel d”empêcheur de tourner en rond, n”est pas du genre à reculer devant l”adversité.

Sur tous les fronts

Il a ainsi été mêlé à tous les dossiers chauds du pays qu”il s”agisse du règlement des conflits sociaux que de la recherche de sources de financement conséquentes pour la réalisation des travaux d”infrastructures de grande envergure socio-économique. Avec la manière qu”on lui connaît, cet homme de terrain a ainsi pris en main des questions brûlantes liées à l”école, à l”agitation du front social, à la sécurité alimentaire et même à l”équipement rural.

Ainsi, récemment, pendant que la crise de l”université couvait à Bamako, c”est le même qui a rencontré personnellement les enseignants grévistes avec lesquels il a mis la question des revendications sur le tapis avant de les convaincre à mettre fin à leur grève illimitée qui commençait à paralyser l”enseignement supérieur. C”est toujours la même personnalité, et avec le même style, qui a pris l”habitude, chaque fois que le contexte l”exige, de rencontrer les acteurs de la société civile dans leur diversité pour évoquer avec eux, indépendamment du clivage politique et idéologique, de l”intérêt bien compris de la nation.

Avec le même rythme soutenu qu”il a imprimé à l”activité gouvernementale, Pinochet, qui ne lâche pas facilement prise sur les dossiers, au risque de se causer quelques inamitiés, est toujours bien disposé au suivi et à l”évaluation des dossiers. De cette manière, quoique l”on puisse lui reprocher, il a réussi à asseoir une certaine stabilité gouvernementale qui a permis à son équipe, en dépit d”une conjoncture souvent difficile, de mieux coordonner certaines de ses réalisations. Ainsi par le même dynamisme gouvernemental, des grands chantiers socio-économiques, si chers au président ATT, ont pu connaître un rythme de réalisation appréciable.

Marque de confiance

On l”aime ou on ne l”aime pas, mais Pinochet, pour cette image de baroudeur qui lui colle à la peau, ne laisse pas indifférent. Personnage officiel atypique dans ce Mali de consensus politique atypique, Pinochet, au risque d”être taxé de cultiver un mépris royal vis-à-vis de la classe politique, a su forger un climat politique apaisé, synonyme de cette neutralité qu”il a fait observer à l”endroit des acteurs politiques.

Une telle option de gestion n”a fait que renforcer la marque de confiance entre lui et Koulouba dont il avait du reste besoin pour imprimer une certaine touche personnelle à la gestion des affaires publiques. D”ailleurs, dans les milieux politiques, on assimile cette relative longévité de Pinochet à la Primature, même si trois ans effectifs à la tête du gouvernement ne constituent pas un record dans notre pays, à la confiance dont il jouit auprès de Koulouba et qui lui permet de se maintenir, toujours égal à lui-même, à ce poste tant risqué.

Certes, le nouveau contexte de gestion des affaires publiques peut amener de nouveaux types de défis au président ATT pour ce second mandat qui l”ordonne à expérimenter un nouveau souffle de gestion à la tête du gouvernement, mais l”élan imprimé par l”actuel PM est également un atout essentiel pour son maintien à la Primature. Au moins pour ces deux ou trois mois à venir, le temps de boucler la phase mouvementée de ces législatives qui s”annoncent très serrées et à partir desquelles la nouvelle configuration politique se dessinera. Ce sera d”ailleurs toute logique de consacrer ce nouveau challenge électoral à un homme d”action qui a bien assumé sa partition à la tête du gouvernement.

Par Sékouba SAMAKE
7 juin 2007

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