Premier ministre stagiaire :A quoi sert Mariam Kaïdama ?

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Elle vient de compléter son premier mois à la tête du Gouvernement de la République. Elle est supposée être le chef d’une équipe de « mission ». Mais, à ce jour, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé ne casse pas la baraque. Son action n’est ni visible ni lisible.

Le Premier ministre n’a pas le cran d’une fonceuse, c’est l’évidence même. Elle donne les signes inquiétants d’une fonctionnaire au bout du rouleau et pour qui le sentiment d’urgence est un concept abstrait. En fait d’urgence, sa seule priorité est la parole. Des gestes concrets, on attend toujours. On aurait d’ailleurs pu penser que son véritable premier test face à l’opinion était la manifestation contre l’Assurance maladie obligatoire. Or, quand la foule des marcheurs a déboulé sur la primature, le patronne des lieux a détalé comme un lapin, déléguant les ministres Sidiki N’Fa Konaté et Harouna Cissé, auxquels les protestataires ont refusé de remettre la déclaration. Elle a perdu là une occasion en or de s’exprimer comme un vrai capitaine, au fait des affaires, disposant de solutions et prête à assumer son rôle.

Mais alors, que fait Mariam K. depuis son arrivée à l’ancienne Maison du peuple ? Elle reçoit et rend des visites de courtoisie ! Après les membres de son cabinet, elle a, pêle-mêle, effectué des virées chez les familles fondatrices de Bamako, au Haut Conseil Islamique, à l’archevêché, chez les protestants, avec toujours à la clé, des séances de prières et fatiha. Elle a ensuite causé avec les syndicalistes de l’UNTM et de la CSTM avant de faire le tour des institutions où elle ne répète que la même antienne : « Faites pour moi des prières et des bénédictions pour la réussite de ma mission ». Une mission qui attend toujours de commencer à part les promenades de santé. S’agit-il enfin d’un Premier ministre stagiaire ?

Il est pourtant patent aujourd’hui que ce n’est pas le travail qui manque. Dans sa lettre de cadrage lue sur les ondes publiques, le président Amadou Toumani a dit clairement ce qu’il attendait de son bras droit. Nous pouvons citer, entre autres, la lutte contre la délinquance financière, la cruciale question cruciale des élections générales de 2012. Il s’agit des préparatifs du fichier électoral, de la question du bouclage du RAVEC qui pourrait remplacer l’ancienne base de données qui ne fait l’affaire de personne. Il était question de sécurité également.

Le Premier ministre peut certes arguer que ces prises de contact sont cruciales pour la réussite de son travail. Mais le délai accordé à ces bavardages sont un signal inquiétant. Si elle a besoin d’un mois pour se mettre au parfum, cela veut dire que le chef du Gouvernement était complètement déconnectée des défis et urgences qui se posent au Mali. Et son silence face à la crise de l’école malienne est le plus inquiétant.

En effet, il est difficile à comprendre, même pour le plus insouciant des Maliens, que la grève de l’enseignement supérieur ne fasse l’objet d’aucune attention particulière. Depuis le 19 mars dernier, le SNESUP a décidé de débrayer. Tous les enseignants membres de ce syndicat ont déserté les classes, laissant des amphithéâtres et salles de TD vides. L’Université malienne vit une énième crise. Les années académiques se chevauchent et les classes se confondent. Les étudiants accumulent des années qui se résument souvent à trois ou quatre mois de cours réels. Les diplômes délivrés perdent tout sens tant le niveau a atteint les abimes. Il est incompréhensible que le Premier ministre ne fasse pas de ce sujet, sa priorité numéro un. Il ne faut jamais se lasser de le dire et de le répéter : l’école est le soubassement du développement d’une nation. Aucun pays au monde ne peut avancer, faire des progrès, connaître un essor économique et social enviable sans une éducation de qualité, dispensée par des enseignants bien formés et consciencieux. Et pour avoir ce type d’enseignants, l’Etat a le devoir moral, l’obligation, d’offrir des conditions de vie décentes aux enseignants. Ils sont ceux qui dispensent le savoir, ceux qui ont en mains l’instruction et l’éducation de nos enfants. Le Mali démocratique doit se faire un devoir de corriger la catastrophe créée par le pouvoir militaire du CMLN et de l’UDPM, ces régimes qui ont détruit l’école malienne et reléguée l’enseignant au statut de misérable « bouffe-craie ». Pour l’instant, ce n’est pas la priorité du nouveau PM. La grève du COSES qui touche les premiers et seconds cycles est également passée sous silence.

Il y a également la délicate question du fonctionnement de l’appareil judiciaire. Il est indéniable qu’aujourd’hui, personne au Mali, n’est satisfait du fonctionnement de la justice. A part peut-être ceux qui profitent de la corruption et de la magouille. S’il y a une profession qui a urgemment besoin d’un sévère coup de torchon, c’est bien celui de la magistrature et aussi toutes celles qui regroupent les auxiliaires de justice. Il y en a parmi les avocats, huissiers ou notaires qui sont devenus de véritables vermines, provoquant des fissures dans le temple de Thémis. Le président Amadou Toumani Touré est d’ailleurs devenu un expert en la matière tant les agissements dans nos cours et tribunaux sont devenus une menace pour la paix et la cohésion sociale.

Enfin, sans être exhaustif, personne n’a encore entendu le Premier ministre exposer un plan concret de lutte contre l’insécurité, le banditisme et l’irrédentisme dans le Septentrion. Malgré les recrutements massifs au sein des forces de sécurité et de défense, les Maliens ne sont jamais aussi sentis impuissants face aux malfrats de tout acabit, coupeurs de routes qui leur empoisonnent la vie en toute impunité.

Bref, nommée Premier ministre, Mariam Kaïdama Sidibé qui se battait auparavant pour la promotion des femmes à des postes de responsabilité ne fait que visiter et réclamer des prières. Or, ce que le peuple lui demande, ce sont des gestes concrets, des engagements susceptibles d’évaluation. Elle ne sera pas jugée en tant que femme, elle sera jugée en tant que Premier ministre nommée pour accomplir son devoir. Jusqu’à rien, personne n’a rien vu ! Même pas sa Déclaration de politique générale.

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