Pinochet Premier ministre : on n’est pas encore sorti de l’auberge. Telle était la une du « Sphinx » au lendemain de la nomination d’Ousmane Issoufi Maïga comme chef du gouvernement à la place de Mohamed Ag Hamani. Notre inquiétude se situait sur le fait que Pinochet qui a été le Secrétaire Général du Ministre de l’Economie et des Finances Soumaïla Cissé pendant cinq ans ne pouvait pas apporter une impulsion réelle, un véritable changement de mentalité quant à la gestion de la chose publique, comme le souhaitait le président de la république Amadou Toumani Touré. L’Histoire, encore une fois vient hélas de nous donner raison.
Parce qu’on a l’impression qu’on revient à la case de départ. Le Président Touré, a, une fois encore, réitéré ce vœu ardent qu’il a toujours formulé pour notre pays. Le bilan que notre Pinochet national est des plus mitigés. Avec son lot de scandales. Et pourtant, le désormais ex-PM a réussi une chose extraordinaire, être le chef de gouvernement du président de la République le plus vilipendé, le plus calomnié, le plus insulté par la presse dite d’opposition sans être jamais écorché par celle-ci. On peut fouiller les archives. L’homme a été soit glorifié, soit « victimisé », comme lors de la signature des accords d’Alger.
Tout le monde était traité de « nul », de « médiocre » sauf le grand Pinochet !Son secret ? Ousmane Issoufi Maïga était parvenu, depuis qu’il était à l’Hôtel des Finances à mettre en place un réseau de journalistes, grassement bien arrosés au service de son candidat de patron. Un réseau qu’il continua à entretenir à coups de billets de banque quand il fut nommé Ministre de l’Equipement, et des Transports d’abord, puis Premier ministre. A la tête dudit réseau un ancien rédacteur en chef d’un journal de la place qui contrôle, selon ses propres dires, une quinzaine d’organes dans le microcosme de la presse privée malienne. Graissé chaque fin du mois, ce dernier avait pour mission de dispatcher des articles aux membres du ténébreux réseau– largement rétribués- à la gloire du Pinochet.
Ces derniers se devaient de prendre chaque fois leur broche à reluire en relatant tous les faits et gestes du généreux PM. Magnifier toutes ses actions bonnes ou mauvaises était le leitmotiv du spin-doctor en chef. Premier ministre d’ATT et ami des amis de l’opposition, l’homme arriva, au terme des trois années passées à l’ancienne maison du Peuple, à se faire passer comme le « meilleur » Premier ministre que le Mali démocratique ait jamais connu.
Epargné par la presse dite d’opposition, notre Pinochet national échappa même aux auteurs intellectuels du livre le plus moyenâgeux du siècle : ATT-cratie, la promotion d’un homme et de son clan. Oh ! Tout juste une petite égratignure à la page 38 du livre-tract où on parle des faveurs et de la protection accordées au Groupe Tomota. Une manière sans doute de noyer le poisson. Deux des membres de la nébuleuse médiatique de Pinochet font partie de l’engeance qui a pondu le sordide pamphlet. Un de ses proches collaborateurs à la Primature est un signataire et propagandiste du tristement célèbre manifeste de l’ADJ. Comme quoi, on peut s’accommoder à toutes les situations, pourvu qu’on soit sans état d’âme !
Adama DRAME
