Ces derniers temps, l’ex-premier ministre Moussa Mara ne rate aucune occasion pour critique le régime du président IBK. Oubliant du coup qu’il a été son premier ministre, donc comptable de son bilan. Mais pourquoi toute cette agitation ? Jusqu’où ira la guerre entre IBK et Mara, à quelques mois de la fin du mandat du chef de l’Etat?
Moussa Mara est un grand intellectuel, doté d’une intelligence extraordinaire. Ce qui lui a permis de rentrer avec fracas dans la politique. Dès lors, il gagne la confiance des jeunes, impose son idéologie d’homme providentiel. Cet atout lui a permis de s’imposer lors de différentes élections locales. Mara met IBK en ballotage défavorable, lors des élections législatives de 2007. Ancien maire de la commune IV et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013, Moussa Mara a connu sa première ascension sous IBK. D’abord ministre dans le gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly, il finit par remplacer ce dernier.
Etait-ce un désaveu vis-à-vis du RPM ou à cause des qualités de Mara ?
Après dix-huit mois à la cité administrative, il a été débarqué. Le président de la République n’a jamais évoqué les raisons qui l’ont amené à faire appel au vieux Modibo Keïta pour succéder à Mara.
Mais ces derniers temps, les sorties fracassantes de l’ex-premier ministre sur les médias et les réseaux sociaux sont révélateurs du fossé entre les deux hommes (IBK et Mara). Mara ne rate aucune occasion pour dénoncer le régime en place. La dernière en date ? Lors de la 3è conférence nationale de son parti (Yelema), Mara a affirmé haut et fort que « le Mali ressemble à un avion dont le pilote ignore sa destination ». L’ancien PM tacle encore : « il n’y a pas de preuve palpable de la lutte contre la corruption au Mali… Ce qui nous handicape et nous affaiblit, c’est la qualité du leadership et de la gouvernance. » Bien qu’il soit encore membre de la majorité présidentielle, son parti est prompt à critiquer la gestion du pouvoir. Et les Maliens s’interrogent : Pourquoi Moussa Mara a attendu de quitter la primature pour critiquer le régime ? Les maux qu’il dénonce datent-ils d’aujourd’hui ? Qu’a-t-il fait en sa qualité de PM pour les corriger?
Finalement, l’on se demande quelle mouche a piqué l’ex-premier ministre. Les interrogations des Maliens sont d’autant plus fondées, qu’il a géré ce pays pendant un bon moment. Par conséquent, il est comptable du bilan de IBK. Et plus particulièrement, de l’occupation de Kidal par la Coordination des Mouvements de l’Azaouad (CMA). Mara avait été informé des risques qu’il encourait en se rendant à Kidal. Mieux, le capitaine Mamadou Konikomo, chef d’opération militaire à Kidal, a mis en évidence les conséquences de sa visite. Malgré tout, l’ex-premier ministre s’est entêté à effectuer le déplacement. La suite est connue : l’armée a été défaite, des préfets, sous préfets, militaires et civiles ont été assassinés.
Le président IBK devrait démettre son premier ministre pour faute grave. Mais, il l’a soutenu. Aujourd’hui, le rapport de soixante-huit pages sur cette affaire est sans équivoque. Il a conclu à la responsabilité de l’ex-premier ministre. En conclusion la commission parlementaire a recommandé à l’assemblée nationale l’ouverture des poursuites judiciaires contre les principaux responsables dont Moussa Mara.
Autre affaire qui prouve que Moussa Mara est comptable du bilan du régime IBK : « Bourama Air Airline », l’avion qui a fait l’objet de beaucoup de commentaires. Devant les députés, Moussa Mara a soutenu, mordicus, le scandale lié à l’achat de cet appareil. Pour enfoncer le clou et justifier l’achat de cet avion, l’ancien PM a clamé que l’avion de ATT a des défaillances techniques, et qu’il n’a aucun document lié à son assurance.
Il a fallu que Moussa Mara soit débarqué pour tirer à boulets rouges sur le régime. Et les Maliens ne cessent de poser des questions dont celles-ci: que cherche Mara au bout du compte ? Régler ses comptes ? Se venger de son ex-patron?
La Rédaction