Certains, comme des perroquets, commencent à « bucher » déjà les initiales ATT. A chacune de leurs sorties, il n’y a que Amadou Toumani Touré dans leurs bouches. Pas une seule phrase sans faire allégeance au « timonier », au « leader bien aimé », au « chef suprême »…
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S’il est une pratique qui a fait perdre en crédibilité Djibril Tangara (ex ministre du développement social et des personnes âgées) ou autre Ousmane Thiam (qui fut proprement éjecté du Département des Petites et moyennes entreprises, biffés depuis de l’attelage gouvernemental), c’est bien leur griottisme aveugle en faveur du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré. Ces deux personnalités, qui ne doivent d’ailleurs leurs postes que grâce à la magnanimité de ATT, s’étaient singularisées dans la flagornerie, les louanges à répétition. Ils pouvaient d’ailleurs rivaliser, ou tenir la dragée haute à des cantatrices de renoms comme Baco Dagnon, feue Mougantafo Sako, Dialou Damba. Comme des pies, ils ne faisaient que rabâcher les oreilles des Maliens avec « le Président Amadou Toumani Touré», « son excellence Amadou Toumani Touré ». Ils ne daignaient même pas parler, au cours de leur « Sumu », de la mission à eux confiées par le Président Touré dont ils ne cessaient de glorifier les mérites. Les mérites d’ailleurs que tout le monde sait : ATT a arrêté Moussa Traoré ; ATT s’est retiré volontairement du pouvoir, ATT a débarrassé le Mali du ver de guinée, ATT s’est battu pour l’ancrage de la démocratie dans notre pays…Quoi d’autres…
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Comme ces deux tristement célèbres ministres, raisonnablement congédiés du gouvernement par Modibo Sidibé, avec l’aval de ATT, certains nouveaux ministres (des bleus) commencent à se singulariser eux aussi dans la « récitation » du vocable « Amadou Toumani Touré ». Ils ne peuvent pas s’exprimer sans faire d’abord allégeance au Président Amadou Touré. Mais Pourquoi ? Pour simplement faire plaisir au prince du jour et à sa cour, diront certains. Ils cachent leurs carences, affirment d’autres. Le mérite pour un Ministre de la République, c’est de mériter de la confiance que les plus hautes autorités de la République ont placé en lui. Et cette confiance se mérite par le travail bien fait, la droiture, l’honnêteté…Savoir que l’on est appelé aux affaires pour mettre notre pays sur les rails. Un pays qui se singularise par la pauvreté, la corruption, le chômage endémique des jeunes, la baisse graduelle du pouvoir d’achat des populations. C’est à ces maux que les nouveaux responsables des départements ministériels doivent s’attaquer en premier et au plus vite. Devenir Ministre de la République, n’est pas une fin en soi. Ce pays a vu défiler toutes sortes de ministres : des brillants aux cancres en passant par les médiocres, les ridicules, les farfelus…
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De cette liste interminable de hautes personnalités du pays, un nom revient le plus souvent : celui de Missa Koné, ce militaire presque néo analphabète que le Président Moussa Traoré a nommé Ministre de la Santé. Tout le monde s’accorde à dire que cet homme pragmatique fut le meilleur ministre de la Santé du Mali. Homme de terrain, il ne s’encombrait guère de protocole, de paperasse, de discours creux ou même de luxe. Ceux qui l’ont pratiqué affirment qu’il allait droit au but. « Missa koné ne passait pas par milles chemins. Le matin, il demandait à ses conseillers de recenser les problèmes de tels ou tels hôpitaux, notamment le matériel qui manque. Le lendemain, il apportait la réponse. C’est tout… », confie un de ses connaisseurs.
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Certains esprits, en particulier ceux des intellectuels formatés par la culture des « Blancs », me diront que cette politique s’apparente à du « pilotage à vue », sans planification. Depuis combien de temps, nous perdons notre temps dans l’élaboration de schéma, de politique, de séminaire, d’atelier… ? Rien que des tonnes de papiers et des kilomètres de salives », disait un penseur africain.
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Le Mali a besoin de travailleurs honnêtes et dévoués comme Missa Koné. Ses compatriotes de Bougouni en savent beaucoup sur les pratiques de cet homme qui gardaient toujours par devers lui un fouet. Il n’hésitait pas à fouetter dans la rue, pendant l’hivernage, les jeunes gens qui refusaient d’aller au champ et qui erraient dans la rue. Cet homme a marqué l’histoire du Mali. Et ceux qui ont été appelés aujourd’hui doivent se soucier également de leurs noms.
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Le travail ministériel, à notre sens, ne consiste pas à gambader de séminaires en séminaires, à voyager éternellement, à se parer de beaux habits, à se pomponner, à enfiler de costumes cravates dernier cri… Pathétique de voir les nouveaux ministres accourir de structures en structures pour, dit-on, s’enquérir de leurs difficultés, connues de tous depuis belle lurette. A chaque remaniement ministériel, la théâtralisation. Chaque nouvel appelé au gouvernement fait son petit numéro sans que le pays ne change véritablement. Mais eux (les ministres) changent le plus souvent, en se construisant des villas cossues, en s’achetant de belles voitures, en s’offrant des vergers, en…, en…
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Sory Ibrahim Guindo
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