Nouveau gouvernement :Un badigeonnage grossier

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Le gouvernement sortant n’aura finalement subi qu’un badigeonnage grossier. Plus de la moitié de ses membres campent toujours dans le nouveau là où, on s’attendait à un changement. On vit alors une situation de rupture supposée et d’ouverture relative.

Il n’est pas exagéré de dire que notre pays vit un vaudeville. Le tsunami annoncé n’a pas eu lieu. Même si certains observateurs s’efforcent d’annoncer une rupture et une ouverture : la première est supposée et la seconde minimale. Où est la rupture quand plus de la moitié des membres d’un gouvernement sont reconduits poste pour poste ou maintenus par les subtilités d’une permutation saugrenue.

Dans le fond, il y a encore à redire. Soit les observateurs se sont trompés, pour avoir unanimement reconnu que le gouvernement sortant a failli individuellement et collectivement ; soit que les plus hautes autorités s’embarrassent peu du ridicule, et décident tout sur un coup de tête. La seconde hypothèse se justifie pour plusieurs raisons.

D’abord parce que le remaniement ministériel a maintes fois été annoncé et autant de fois reporté ; il intervient à un moment où la marge de manœuvre est réduite pour les arrivants. S’y ajoutent la cacophonie et les atermoiements qui ont entouré la composition du nouveau gouvernement. Au point que le ministre-secrétaire général de la présidence de la république a oublié les formules consacrées, et omis le portefeuille du Développement social, de la solidarité et des personnes âgées.

Pire, le scandale sous l’ère ATT c’est que les reconductions des ministres, qui sont censées traduire une marque de confiance et d’efficacité, renforcent plutôt les liens de camaraderie et d’amitié entre le prince du jour et ses courtisans, au même titre que les permutations, qui sont pourtant synonymes de graves erreurs de casting. Et puis, le prince du jour vous fait monter au pinacle pour aussitôt vous faire descendre de ce piédestal. “Mama logements sociaux” et Mamadou Diarra en savent quelque chose : ils ont encore en tête les louanges du président de la République. Où sont-ils aujourd’hui? C’est la preuve que tout dépend de l’humeur du jour du président de la République.

Le président du haut conseil des collectivités avait alors raison d’interpeller le président de la République, lors de l’ouverture de la journée des Communes du Mali, sur le déni du fait majoritaire, quand ce sont les généraux proches de lui (quatre) et ses amis qui tiennent la dragée haute aux premières forces politiques. La faute peut-être au consensus.

Pour revenir au nouveau gouvernement, nous avons ouï dire que la montagne a accouché d’une souris. Autrement dit, le changement tant attendu n’est pas venu ou a été superficiel, en raison du fait que le président de la République favorise le fait partisan. Ainsi, un ministre comme Sadio Gassama qui aurait dû “sauter”, pour avoir étalé au grand jour ses limites dans la lutte contre l’insécurité, reprend du poil de la bête ; Kafougouna Koné dépassé par les évènements, se maintient. Quant à Maharafa Traoré, qui rend encore la lutte contre la corruption inextricable, il est applaudi des deux mains. Les voies du président de la République sont impénétrables.

Au regard de tout ce qui précède, nombre d’observateurs sont restés sur leur faim, face à ce qu’ils appellent un badigeonnage grossier. Et si ce n’était que pour ce faire, il aurait mieux valu faire un réaménagement technique. A moins que des motivations propres au chef de l’Etat n’aient présidé à tout cela.

Issiaka SISSOKO

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