Le nouveau premier ministre malien, Oumar Tatam Ly n’aura pas consulté longtemps. Il vient en effet d’annoncer la composition de son gouvernement. Cette première équipe de l’ère Ibrahim Boubacar Keïta forte de 34 ministres, se singularise par la sous-représentation des femmes en son sein et la création d’un ministère de la réconciliation nationale et du développement du nord. Sur le plan de la rupture, on a plutôt un sentiment mitigé. Si d’un côté, certains postes stratégiques sont confiés aux soins de spécialistes de la chose, il demeure que le nouveau président ne semble pas s’être encore affranchi de la tutelle de ceux qui ont géré la transition et qui, d’une certaine façon, ont permis son élection. C’est ainsi que 5 des ministres de l’ère Diancounda Traoré sont également de cette nouvelle aventure. Par contre, on n’a pas l’impression que le nouveau président ait particulièrement pris en compte les soutiens que certains leaders politiques lui avaient accordés dans l’entre-deux-tours. Avec trente-quatre ministres, Ibrahim Boubacar Keïta démarre vraiment avec un gouvernement pléthorique. Pour un Mali secoué depuis deux ans par une gravissime crise sociopolitique, un cabinet restreint et de mission aurait été mieux indiqué…
Alors que les nouvelles autorités ne peuvent compter que sur les subsides promis par la communauté internationale, il aurait été intéressant d’y aller en toute austérité.
Cet effectif pléthorique est encore plus révoltant au regard du nombre de places qui y sont réservées aux femmes maliennes. Seulement quatre, soit moins de 12 %. Mais à priori, cela ne devrait pas étonner. Ses nombreuses références coraniques durant la campagne électorale et même lors de son investiture du 4 septembre dernier auraient pu mettre la puce aux oreilles des militants et militantes de la cause féminine… Ceci étant, il faut se féliciter qu’il ait au moins confié le poste stratégique de ministre de l’économie et des finances à Madame Bouaré Fily Sissoko, qui a fait ses preuves à la Banque mondiale. Avec une telle proportion, le nouveau président malien semble mettre entre parenthèses l’équité ou à la notion de genre. Ceci étant, il faut se féliciter qu’il ait au moins confié le poste stratégique de ministre de l’économie et des finances à Madame Bouaré Fily Sissoko, qui a fait ses preuves à la Banque mondiale.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta demeure par contre fidèle à ses engagements en faveur de la réconciliation nationale. Une fidélité qui se traduit tout d’abord par la création d’un ministère qui, au-delà du souci de ressouder le tissu social, se chargera plus spécifiquement de la problématique du développement du nord du pays.
Dans le même registre, les observateurs notent également un point positif dans la nomination de Zahaby Ould Sidy Mohamed au poste de ministre des Affaires étrangères. Au-delà des compétences de l’homme, ce sont ses origines nordistes qui sont mises en évidence comme une prise en compte des revendications des populations de cette région.
A propos de la rupture par contre, c’est “wait and see”. Si on remarque de nouvelles têtes qui inspirent vraiment confiance, eu égard à leur maîtrise des dossiers à eux confiés, il se trouve que le maintien de cinq membres du gouvernement de transition sonne comme une continuité déguisée.
C’est comme si le nouveau président se sentait en devoir de remercier ceux qui se sont le plus impliqués en faveur de son accession au pouvoir. Attitude d’autant plus étonnante qu’il n’a nommé qu’un seul des leaders politiques qui s’étaient ralliés à lui, dans l’entre-deux-tours. En la personne de Moussa Mara, actuel maire de la commune de Bamako. Pour le reste, on verra peut-être plus tard.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info