Nouveau gouvernement : les choix contestés du Président ATT

0

Le Président de la République Amadou Toumani Touré traîne déjà la mauvaise réputation de mépriser les partis politiques. Le choix des hommes qui composent la nouvelle équipe de Modibo Sidibé va-t-il lui donner l’occasion de les casser une fois pour toutes ? Ses propres amis politiques ainsi que la jeunesse ne sont pas contents d’avoir été dédaignés.
rn
rnLa formation d’un nouveau gouvernement de la République fait toujours des vagues non seulement au sein de l’opinion mais aussi et surtout dans la classe politique. Il y a toujours beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Si les nouveaux promus se félicitent du choix porté sur eux tout en bénissant le ciel, les autres sont sujets d’amertume, de frustration voire de colère et d’indignation. Tant les attentes sont grandes, certains d’entre eux sont prêts à maudire le jour où ils sont nés.
rn
rnLa formation du gouvernement Modibo Sidibé n’échappe pas à la règle. Tout comme en 2002, ATT, en complicité avec son Premier ministre, en a fait à sa tête en ignorant superbement les choix des partis politiques, en oubliant ses propres amis politiques et d’autres franges importantes de la société. De deux choses l’une : ou le Président est un fin manoeuvrier qui se joue de tout le monde pour se donner bonne conscience tout en gardant les mains libres ou c’est un charmeur de serpent qui s’amuse à se faire mordre par sa propre trouvaille. En effet, d’aucuns pensent que la plupart des membres de ce gouvernement sont inconnus du grand public tandis que d’autres estiment que le principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut n’a pas été respecté.
rn
rnInéluctablement, une telle situation fait apparaître le Président, aux yeux de beaucoup, comme un homme qui ne tient pas ses promesses. Elle provoque beaucoup de remous au sein des partis politiques qui peuvent aboutir à de larges fissures.
rn
rnAinsi, si les femmes se félicitent du renforcement de leurs effectifs dans la nouvelle équipe, il n’en est pas de même partout.  A l’Adéma, le grand vainqueur des élections législatives, on s’attendait à tout sauf à la nomination de Ibrahima N’diaye au poste de ministre de la formation professionnelle.
rn
rnL’Adéma n’avait pas envoyé son CV, il a été coopté. D’ailleurs ces derniers temps, l’ancien directeur de l’ANPE avait fait preuve d’un activisme débordant. On le soupçonnait déjà de chercher un strapontin. Certes, le parti de l’Abeille a eu la
rnpart belle avec quatre portefeuilles mais la nomination d’Iba N’diaye et la sortie du ministre de l’Agriculture Seydou Traoré resteront longtemps au travers de la gorge de ses dirigeants.
rn
rnAu CNID, la nomination de Mme Maïga Sina Damba au département de la femme de l’enfant et de la famille et le maintien de son ex-patron N’diaye Bah au ministère du tourisme n’ont guère été appréciés. Il semble que Me Mountaga Tall, qui avait demandé deux postes, a été tout simplement floué. Les deux représentants du CNID au gouvernement ont été nommés à contre sens de son choix. Les CV des ministrables qu’il avait envoyés ont été superbement ignorés..
rn
rnEn fait le CNID n’a plus qu’un seul représentant au gouvernement. Il s’agit de N’Diaye Bah pris compte tenu de ses performances à la tête du département de l’artisanat et du tourisme. Quant à Mme Maïga Sina Damba, bien que membre de la direction du parti du soleil levant, elle est venue au compte de la société civile.
rn
rnPour preuve, elle a été particulièrement félicitée par le cadre de concertation des femmes des partis politiques. Rappelons que Mme Maïga Sina Damba était secrétaire générale de la Coordination des associations et ONG féminines (CAFO). C’est sur liste CNID qu’elle a tenu la dragée haute à Nara au candidat Adéma Dioncounda Traoré lors des élections législatives.
rn
rnBranle-bas de combat également au MPR où le choix de la représentante du parti dans le nouveau gouvernement en la personne de Mme Diallo Madeleine Bah nommée ministre de l’élevage et de la pêche est fortement décrié. Ce choix résulte, en effet, d’une empoignade entre partisans du président du parti Choguel Maïga et ceux de son secrétaire général, le professeur Kanouté. On voulait que le premier laisse la place au second.
rn
rnMais le chef des tigres, sans doute habitué aux délices du pouvoir, ne l’entendait pas de cette oreille. Aussi a-t-il usé de manœuvres dilatoires pour envoyer à ATT le nom d’une illustre inconnue espérant toutefois que le président allait l’écarter à son propre profit. Mal lui en prit car ce ne sera ni lui ni le Pr. Oumar Kanouté car le MPR n’avait droit qu’à un seul représentant au gouvernement. Aujourd’hui, la tension est si lourde au sein du parti du tigre que le Bureau exécutif central s’est réuni le 6 octobre pour tenter de convaincre les militants. Cela suffira-t-il à recoller les morceaux ?
rn
rnDe leur côté l’Alliance des mouvements et associations de soutien (AMAS) à ATT qui regroupe plus de 400 associations et le Conseil national de la jeunesse (CNJ-Mali) se plaignent de l’absence de jeunes dans l’équipe de Modibo Sidibé. Ces jeunes pro-ATT ne comprennent pas qu’au même moment, on fait la part belle à des partis politiques fantômes et aux femmes. Sur le même ton, le CNJ-Mali affirme son indignation face au manque de considération des plus hautes autorités à l’endroit de la jeunesse. Rappelons que lors de la campagne pour la présidentielle, l’AMAS était avec l’ADP et le Mouvement citoyen les trois supports de la stratégie électorale pour la réélection du président.
rn
rnPourtant selon certaines indiscrétions, ATT et son nouveau Premier ministre avaient promis de rencontrer les jeunes de l’AMAS au même titre que l’ADP et le Mouvement citoyen. L’attente fut vaine, les jeunes n’ont même pas été consultés. Quant au Mouvement citoyen, le réveil reste difficile. On vient de sortir son gourou Djibril Tangara, l’inamovible bras droit du président et son ami, son homme à tout faire, c’est selon. Il faut dire que Djibril Tangara n’avait pas bonne presse et à cela s’ajoute la création d’un parti politique, toute chose dont ne voulait pas son mentor. Mais le mouvement n’a pas été décapité avec le maintien au gouvernement de Ahmed Diane Séméga, l’adjoint de Djibril Tangara.
rn
rnEnfin goût du scandale ou art de l
a provocation, la nomination du Dr Alou Badra Macalou, secrétaire général de l’Us-Rda en lieu et place du Pr. Oumar Hammadoun Dicko, président du PSP quand on connaît la rivalité légendaire entre ces deux partis bien avant l’indépendance. Côté représentativité, le PSP a enlevé de haute lutte les deux sièges de député de Douentza face à l’Adéma tandis que l’Us-Rda n’a gagné qu’un seul siège, celui de Tombouctou.
rn
rnOn raconte qu’une fois informé de la composition de la nouvelle équipe, Oumar Hammadoun Dicko a ramassé le reste de ses affaires du ministère des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine. Il était, lui aussi, un chaud partisan du président. Certaines déceptions sont mortelles parce qu’elles sont la conséquence d’un acte qui ressemble à une trahison.
rn
rnMamadou Lamine Doumbia
rn
rn

Commentaires via Facebook :