Me Mountaga Tall est-il un obstacle pour l”épanouissement du CNID ? En tout cas, c’est la question que se posent beaucoup de Cnidiens. Puisque consulté pour la formation du nouveau gouvernement, l’avocat-député ne serait pas favorable que son parti y participe. A croire qu’il voudrait conduire vers la répétition du scénario de 1993.rn
L’année 2007 n’a pas été celle de la tranquillité pour le CNID. Si l’on considère l’atmosphère à l’intérieur, on ne peut s’empêcher de conclure à une cohabitation tendue à la tête du parti du Soleil Levant. Le secrétaire général du CNID, non moins ministre de l’Artisanat et du Tourisme, M. N’Diaye Bah a vraisemblablement réussi à piéger Mountaga Tall en le supplantant dans son rôle de président du parti.
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A entendre les partisans de Tall, la contre performance du parti aux législatives de 2007 a pour responsable N’Diaye Bah. Puisque les pro-Tall pensent que n’eut été l’implication de N’Diaye Bah, le parti aurait présenté son candidat à la présidentielle de cette année.
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“Me Tall candidat, c’est naturel, c’est dans l’ordre normal des choses”, martèlent-ils. Est-ce à dire donc que Tall a rejoint le camp présidentiel contraint et forcé ? Alors, face à la décision générale d’aller avec le président sortant, Tall a certainement décidé de ne pas ramer à contre-courant de peur d’être un opposant déclaré à la réélection d’ATT. Après les élections, il pouvait être menacé de perdre son intouchable poste de président. Ainsi, la stratégie de Tall a dû consister à se laisser faire, face à N’Diaye Bah qui contrôlait le parti et tenter de reconquérir le CNID au cas où le bilan électoral serait mitigé. Aujourd’hui, on juge payante la stratégie du président.
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A preuve, le parti avait 13 députés à l’Assemblée Nationale sortante. Mais au sortir des législatives de juillet dernier, le CNID se retrouve avec seulement 7 députés tous élus sur des listes communes. Aucune de ses listes propres n’a gagné.
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Justement ces législatives ont permis de mettre à nue la guerre de leadership en cours au CNID. Et le cas de Me Demba Traoré était là pour le corroborer.
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Le parti a perdu dans certaines localités parce que certains de ses barons ne voulaient pas la tête des candidats ou celle de ceux de qui ils sont proches. Qu’à cela ne tienne, parmi les anciens reconduits, il y a Me Tall lui-même qui s’est fait remorquer par l’ADEMA à Ségou. Mais après son élection, Tall créera la surprise chez les Adémistes en se portant candidat contre Dioncounda Traoré pour le perchoir de l’Assemblée Nationale.
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Pour justifier sa candidature, Me Tall dira, dans une déclaration à la presse, qu’il était candidat au perchoir pour “demander aux élus de confirmer” la majorité supposée soutenir Dioncounda Traoré. Sa candidature a eu le malheur de créer un climat de suspicion entre l’ADEMA-URD et ATT, le duo accusait le Chef de l’Etat d’avoir mis le pied du président du CNID dans l’étrier.
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Dans tous les cas, les conditions n’étaient pas réunies pour que Tall devienne président de l’Assemblée cette année. Mais, l’homme avait plutôt à faire du perchoir un baroud d’honneur. Et malgré ses agissements, la nouvelle majorité née à Bagadadji, siège du parlement, n’a pas exclu le CNID du bureau. Ses membres ont certainement eu le coeur net concernant la position d’ATT par rapport à la candidature de Me Tall.
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Le président du CNID était beaucoup plus manipulé par ses propres ambitions, puisqu’il martèle que si c’était à refaire, il sera candidat. Ce qui est sûr, cet acte de Tall a porté un grand coup au CNID. Mais cet acte est-il plus préjudiciable pour le parti que l’éventuelle répétition de cet autre acte posé par l’homme en 1993 ?
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Le second gouvernement dit de large ouverture installé par Alpha le 12 avril 1993 avec la nomination du Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow, comprenait 22 membres contre 19 au précédent dirigé par le démissionnaire Younoussi Touré. Les ministres du CNID qui faisait partie de l’opposition étaient membres de ce gouvernement qui a connu plusieurs crises qui amenèrent à un premier remaniement le 7 novembre 1993.
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Le fait majeur de ce changement est le départ du CNID, la démission du Premier ministre et celle du gouvernement le 2 février 1994 à la suite des barricades dressées par l’AEEM.
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A l’époque cette décision de quitter le gouvernement n’était pas partagée par tous les Cnidiens. Un groupe de 10 cadres, mécontents de la gestion cavalière du parti par son président Mountaga Tall, quitta le CNID pour créer le PARENA. Les démissionnaires dénonçaient ainsi la dictature de Tall qui fait du CNID sa propriété privée.
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En tout cas, les décisions de Tall sont dans la plupart des cas dangereuses pour le parti. Mais comme on y a cultivé le culte de la personnalité en créant le mythe autour de Mountaga Tall, doit-on permettre au président de conduire le CNID vers une autre crise ?
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De l’avis des observateurs et de certains Cnidiens, la crise est inévitable. En effet, dans sa démarche de récupérer le parti de l’emprise de N’Diaye Bah, Me Tall ne voudrait pas que le CNID participe au gouvernement Modibo Sidibé. Sa décision s’explique, semble-t-il, par le fait que les ministrables du parti ne seraient pas de son clan. Car parmi ceux qui auraient déposé leurs CV, on cite le sortant N’Diaye Bah, son chef de Cabinet, Mme Maïga Sina Damba, le Directeur National des Transports, Djibril Tall dit “Djibi”. Les deux premiers sont confirmés.
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Pour beaucoup, cette réticence de Tall serait due au fait que le poste de Président de l”Assemblée Nationale ne serait pas revenu à lui. A croire qu”il souhaitait que le Chef de l”Etat l”aide à gagner la bataille pour le perchoir, lui qui souhaiterait réconquérir le parti. On peut donc dire que le CNID a échappé de justesse au scénario de 1993.
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5 octobre 2007
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