Nomination d’un nouveau Premier ministre : Les dangers d’une opération tape à l’œil

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En demandant à Pinochet et son équipe de continuer jusqu’à la fin des consultations législatives de juillet, le président Amadou Toumani a magnifiquement contourné un piège pour un certain temps. Mais un piège qui risque de lui revenir s’il ne fait attention.

Dans la veine de sa réélection, nombreux étaient les observateurs de la scène et même certains acteurs professionnels de la politique, qui le voyaient prendre tout de suite un PM, comme on a l’habitude de le dire, à la tête d’un gouvernement de mission, qui aurait conduit les affaires jusqu’en octobre, mois de la rentrée parlementaire et de l’installation d’un nouveau bureau.

Pour ce faire, deux noms étaient sur les lèvres : celui de Soumaïla Cissé, Président d’honneur de l’Urd, président de la Commission de l’Uemoa, et celui de Modibo Sidibé, tout puissant secrétaire général de la Présidence de la République. Sur les deux hommes, les avis sont partagés et tout porterait à croire que le président de la république ne ferait pas une bonne affaire, dès l’instant où la majeure partie des politiques ont déjà commencé à le conjuguer au passé, les yeux rivés sur 2012.

Mais, de sources proches du palais, le président ne serait défavorable ni à l’un, ni à l’autre. Il jouerait seulement sur le temps pour voir.

Soumaïla Cissé

Le président d’honneur de l’Urd a manifestement revu sa position par rapport à ATT qu’il ne souhaitait pas soutenir. Aurait-il décidé d’aller avec lui, histoire de se mettre dans la peau du dauphin, qu’il ne s’y prendrait autrement.

Ce n’est semble–t-il pas un hasard s’il a sauté dans un avion pour venir épauler le président pendant la campagne, au grand dam de tous ceux qui, au sein de l’Urd, essuyaient sa foudre à cause du même homme.

Que les voies de la politique politicienne peuvent réserver bien de surprises ! On l’a vu partout avec ATT, à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur du pays. Et, en retour ?

ATT pourrait l’aider à prendre le pouvoir en 2012. Mais, d’ici là, il le nommerait PM, avant de le laisser partir par exemple en 2010 pour bien préparer la joute.

Seul hic, cependant : ce petit calcul présidentiel ne semble pas être du goût de Soumaïla Cissé. L’informaticien, à en croire les méchantes langues, voudrait tout de suite le fauteuil de Pinochet, afin de mettre sa troupe politique en selle dans la perspective d’enlever le maximum de sièges de députés et, dans la foulée, assurer au président ATT une majorité confortable qui justifierait alors la montée au perchoir de son homme de main Younoussi Touré.

Ce calcul, si savant soit – il, n’aurait pu être sans conséquence, d’autant plus que l’Adema, qui n’a jamais fait mystère de son soutien, allant jusqu’à sacrifier purement et simplement son 1er vice-président et certains barons du CE, ne verrait la chose qu’avec humiliation et trahison. Sa volte – face pourrait se traduire par une union, même contre-nature, avec les tisserands et, dans une moindre mesure avec tous les partis qui se sentiraient frustrés par l’ascension de cette façon de Soumaïla. C’est pourquoi, beaucoup d’observateurs pensent que le maintien de Pinochet, le temps des législatives ferait cruellement souffrir Soumaïla.

Quid de Modibo Sidibé ?

Officier de police réputé très intègre mais fin manipulateur, le contrôleur général Modibo Sidibé est présent – et fortement alors – sur l’aire de ‘’premier ministrable’’ du président ATT après les législatives. Ce serait la suite logique d’une impressionnante carrière dans la haute sphère décisionnelle au Mali depuis l’avènement de l’ère démocratique.

Mais son talon d’Achille, à en croire les mêmes sources apparemment proches du palais, c’est qu’il est victime d’un préjugé : celui de ne pas être sociable. Le président ATT aurait du mal à expliquer aux uns et aux autres les raisons de son choix.

Dans les représentations diplomatiques, on n’en fait aucun mystère, Modibo est le PM que le président sortira de la manche de sa vareuse, pardon de son boubou, en octobre prochain.

Si c’était le cas, alors bonjour les dégâts ! Les politiques de l’Adema et de l’Urd qui ne voient midi qu’à leur seule porte se fâcheront et seraient tentés de se venger et puisque ATT est en fin de course, les motions de censure à l’effet de faire tomber son gouvernement et lui faire perdre la face ne seraient nullement à exclure.

Pour mener à bien sa tâche, le président ATT, nous ne dirons jamais assez, a intérêt à chercher à côté de lui un Premier ministre loin de toute coloration politique que les uns et les autres pourraient accepter tout en respectant les quotas à l’occasion de la formation du gouvernement. Nous y reviendrons.

Sory Haïdara

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