On prend les mêmes auxquels on ajoute les alliés recalés du dernier attelage, moins les militaires.
Serait-il choqué par certaines pratiques administratives peu orthodoxes, peut-être piégé (ou marabouté) par des adversaires encagoulés, ou simplement victime de subites ambitions politiques mal canalisées ou de son égo, Tatam Ly est, en tout cas, remplacé par Moussa Mara à la Primature. Il en est ainsi des rapports entre le Président de la République et le Premier ministre, dont l’unique fondement est la confiance et le soutien du premier au second, avec comme principale exigence, la loyauté du second à l’endroit du Président.
Le coup de génie du Vieux
En vieux briscard de la sociologie politique malienne, le Président de la République a fait preuve d’un génie politique et managérial incontestable, en se trouvant un remplaçant à Tatam Ly, immédiatement après sa démission imprévue, non souhaitée, brusque et brutale. Le malaise était réel, la tension à son paroxysme et une crise politique et sociale inopportune pouvait en découler. Deux positions de principe inconciliables s’exprimaient au sommet de l’Etat. Celle du Premier Ministre Tatam Ly qui réclamait la tête de certains ministres proches du Président de la République, dont Mme Fily Sissoko de l’Economie et des Finances, Boubèye de la Défense, Ben Barka des Investissements. Celle du Président de la République qui dit prendre acte, non sans lui rappeler ses prérogatives constitutionnelles en tant que Chef de l’Exécutif, tout en lui renouvelant pourtant sa confiance.
On ne peut s’empêcher de s’arrêter, non pas sur les motifs de la démission du Premier Ministre Tatam Ly, mais sur l’acte de démission lui-même pour le saluer et rendre hommage à son auteur, car il nous renseigne sur les nobles valeurs qu’incarne cet homme de principes qui a préféré hypothéquer beaucoup de privilèges et d’honneurs liés à sa fonction, pour être en phase avec sa conscience et ses convictions. Même s’il n’aurait pas raison, même s’il se serait trompé. A moins qu’il n’ait juste jeté l’éponge pour avoir perdu un bras de fer avec le Président IBK, qui n’avait pas lieu d’être. Sur cela, seul le temps pourra nous édifier un jour; car les versions vraisemblables sont très nombreuses et pourtant, elles ne peuvent être toutes vraies.
C’est aussi le lieu de saluer surtout la rigueur et la perspicacité avec lesquelles cette délicate situation a été gérée par IBK avec, d’une part, un grand sens de la mesure pour mettre à l’aise et garder à ses côtés le Premier Ministre Tatam Ly, juste parce qu’il est compétent et loyal; mais aussi avec un sens élevé de l’autorité du Chef de l’Etat qui doit toujours veiller sur la prééminence de la République qui doit toujours être à l’abri de toute faiblesse et ne doit jamais subir des menaces ou du chantage d’où qu’ils viennent. Le Président a très bien manœuvré pour sauvegarder les institutions tout en épargnant le Mali d’une instabilité au sein de l’Exécutif qui freinerait l’activité gouvernementale. Ce n’était certainement pas simple de penser, en ce moment-là, à un Premier Ministre plus jeune, compétent, engagé politiquement et membre d’un parti autre que celui du Président de la République et de la majorité parlementaire: Moussa Mara.
Il faut, ou bien être sûr de sa force de caractère ou bien être pris de panique pour prendre une telle décision.
Le Cherif