L”accouchement du gouvernement Modibo SIDIBE, mercredi après-midi, a été laborieux à plus d”un titre. Comme on le dit, la montagne tant attendue a accouché d”une souri. On a ni assisté à un gouvernement de technocrates encore moins une équipe de politiques. Sans trop exagérer, le Président et son PM n”ont pas cherché loin ni à priori la compétence et l”expertise avérée selon la formule " l”homme qu”il faut à la place qu”il faut ", ils ont juste pris sous leur main, puisé dans leur entourage immédiat. Ce qui donne à cette équipe des allures de gouvernement de copains et stagiaires. Plein phare sur les couacs et les tics d”une équipe dédiée à la rupture dans la continuité ennuyeuse.
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rnLes politiques laminés
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rnLe choix du Premier ministre en la personne d”un inspecteur général de police, Modibo SIDIBE, était déjà un signal fort à l”endroit des formations politiques dont le fait partisan et majoritaire a été proprement ignoré au mépris de la démocratie réelle et en violation de l”esprit républicain. Mais cela s”est confirmé avec les strapontins ministériels qui leur ont été octroyés dans l”équipe Modibo, sauf cinq portefeuilles clefs sur les 26 postes du gouvernement : ministère de la Santé, M. Oumar Ibrahima TOURE ; ministère de l”Elevage et de la pêche, Mme DIALLO Madeleine BA ; ministère de l”Agriculture, M. Tiémoko SANGARE ; ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, M. Amadou TOURE ; ministère de l”Education de base, de l”alphabétisation et des langues nationales, Mme SIDIBE Aminata DIALLO.
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rnLes chefs de partis éjectés
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rnLa seconde forme de marginalisation des formations politiques est l”éviction des chefs de partis politiques du gouvernement Modibo, à l”exception de M. Amadou TOURE, président de l”UMP, qui a hérité du stratégique ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. Un autre chef de parti qui fait son entrée est le Secrétaire général de l”Us-RDA, Dr Macalou, promu ministre des Maliens de l”extérieur et de l”intégration africaine en remplacement d”un autre chef de parti, Oumar H DICKO, du PSP.
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rnQuatre présidents de partis n”ont pas été reconduits dans l”équipe Modibo : Choguel Kokalla MAIGA, MPR ; Oumar Hammadoun DICKO, PSP ; Cheick Oumar SISSOKO, SADI ; Mamadou Lamine TRAORE, MIRIA, décédé avant le remaniement ministériel.
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rnIba, vice-Premier ministre
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rnLa consolation des partis politiques, c”est peut-être un semblant de considération symbolique dans la préséance gouvernementale. Ainsi, le vice-Premier ministre et les deux ministres qui suivent sont tous partisans : M. Ibrahima N”Diaye, ministre de l”Emploi et de la formation professionnelle (ADEMA, vice-Premier ministre) ; M. Oumar Ibrahima TOURE, ministre de la Santé (URD, 2è rang) ; M. N”Diaye BA, ministre de l”Artisanat et du tourisme (CNID, 3è rang). Du coup, MM. TOURE et BA montent en grade en matière de préséance par rapport à l”ancienne équipe Pinochet où ils étaient respectivement 3è et 4è dans l”ordre. Mais cette chaîne symbolique est brisée par le ministre de l”Administration territoriale et des collectivités locales, le général Kafougouna KONE (4è rang, militaire) qui s”intercale entre les partisans parce que la ministre de l”Elevage et de la pêche, Mme DIALLO Madeleine BA (MPR), occupe le 5è rang. Puis après, c”est le festival des ministres " indépendants " qui alternent avec les partisans.
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rnLe parti ADEMA décapité
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rnLa promotion de Ibrahima N”DIAYE alias Iba en qualité de vice-Premier ministre présente, à certains égards, le revers de la médaille politique : le parti ADEMA se trouve décapité. Car Ibrahima N”DIAYE est 2è vice-président du Comité exécutif de l”Adema-Pasj pendant que le 1er vice-président du parti, Soumeylou Boubèye MAIGA, est victime d”une mesure de suspension qui a été ourdie par les partisans fieffés du candidat ATT à l”époque. D”autre part, le n°1 du parti lui-même, Dioncounda TRAORE, a été élu cette année président du nouveau bureau de l”Assemblée nationale en remplacement de l”honorable Ibrahim Boubacar KEITA dit IBK. Aussi, même si c”était un bourreau de travail, lui sera-t-il difficile de présider aux destinées à la fois de Bagadadji et de Bamako Coura. Autant dire que, en attendant le prochain congrès statutaire ou extraordinaire, le parti de l”Abeille solitaire sera entre les mains des 3è et 4è vice-présidents.
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rnLes clashs politiques ?
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rnEn revanche, la sortie ou le maintien de certains ministres risque de provoquer un clash dans certains états-majors politiques : N”Diaye BA, ministre de l”Artisanat et du tourisme ; Cheick Oumar SISSOKO, ancien ministre de la Culture ; Choguel Kokalla MAIGA, ancien ministre de l”Industrie et du commerce.
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rnD”une part, selon certaines indiscrétions, le nom de N”Diaye BA n”avait pas été communiqué par son parti (le CNID-FYT) au président ATT pour la formation du gouvernement Modibo. Est-ce la raison pour laquelle, le parti du Soleil levant a-t-il deux ministres dans ledit gouvernement : N”Diaye BA et Mme MAIGA Sina DAMBA (ministre de la Promotion de la femme, de l”enfant et de la famille) qui était candidate malheureuse à la députation à Nara face justement à Dioncounda TRAORE, même si d”autres sources soutiennent qu”elle y représente la CAFO (société civile) ? Est-ce à dire alors que le CNID va-t-il retirer son soutien à N”Diaye BA pour s”être trop rapproché de ATT comme Me Demba TRAORE qui a été combattu et vaincu pour cette raison à la députation en CVI du district de Bamako ? Auquel cas, le CNID va-t-il quitter le " centre " pour être à l”opposition au régime ATT ? Mais l”on peut en douter après la traversée du désert dix ans durant, de 1992 à 2002, sous le régime ADEMA.
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rnD”autre part, selon les mêmes indiscrétions, Cheick Oumar SISSOKO aurait fait savoir qu”il n”était pas prêt d”être dans un gouvernement dirigé par Modibo SIDIBE. Est-ce que parce que ce dernier mettrait-il des bâtions dans les roues culturelles dans sa posture de puissant secrétaire général de la présidence de la République ? En tous les cas, le duo oppositionnel SADI-PARENA a failli éclater après le désir exprimé par le parti SADI de faire partie du gouvernement Modibo s”il était consulté pour cela. Option que son partenaire du PARENA avait catégoriquement exclue pour des questions de principe : le parti du Bélier blanc est dans l”opposition critique de l”action gouvernementale et la nomination de M. Modibo SIDIBE est considér&
eacute;e par lui comme la négation même du fait partisan et majoritaire en violation de l”esprit démocratique qui sous-tend celui-ci.
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rnPar ailleurs, selon les mêmes indiscrétions de salons feutrés de Bamako, Choguel Kokalla MAIGA aurait souhaité laisser la place à d”autres cadres plus jeunes du parti MPR. Histoire de pouvoir mieux s”occuper de son parti qui, pour soigner son image de refuge des restaurateurs politiques, a préféré le compagnonnage des démocrates convaincus et patriotes sincères. Mais les méchantes langues disent que Choguel a été plutôt handicapé par les nombreuses casseroles de son département qui ont fait beaucoup de bruit dans son sillage. Va-t-il rabattre le caquet à ses détracteurs en se lançant à l”avenir à la conquête de la municipalité ou de la députation comme le chemin qui lui a été montré par deux cadres de son département (Mody N”DIAYE et Saoudatou DEMBELE) qui se sont battus pour être élus députés à l”Assemblée nationale ?
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rnUne équipe de copains et de stagiaires
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rnLe fait qui attire l”attention dans le nouvel attelage gouvernemental, c”est que la plupart des membres de l”équipe Modibo sont des proches soit du président ATT ou du Premier ministre lui-même. Car seul 11 ministres sont apparentés partisans politiques, les autres étant des militants zélés ou cryptogames de la cause du locataire de Koulouba : citoyens ou indépendants. Le second fait qui mérite d”être souligné, c”est nombre de ministres apparaissent comme des stagiaires en ce sens qu”ils sont à leur première expérience gouvernementale.
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rnEn effet, sur les 26, seuls 8 sont des habitués du conseil des ministres. Les autres étant tous des bleus en la matière. Certains ayant toujours évolué dans le secteur privé n”ont aucune expérience du travail en équipe dans le cadre d”une administration publique. L”on compte même trois vacanciers parmi eux : Mme BA Fatoumata Nènè SY, ministre de l”Economie, de l”industrie et du commerce ; M. Ahmed SOW, ministre de l”Energie, des mines et de l”eau ; Mme DIARRA Mariam Flantié DIALLO, ministre de la Communication et des nouvelles technologies.
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rnLes femmes cooptées
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rnLa nouvelle formation gouvernementale comporte en son sein sept femmes dont : Mme DIALLO Madeleine BA, ministre de l”Elevage et de la Pêche ; Mme BA Fatoumata Nènè SY, ministre de l”Economie, de l”industrie et du commerce ; Mme SIDIBE Aminata DIALLO, ministre de l”Education de base, de l”alphabétisation et des langues nationales (candidate à la dernière élection présidentielle) ; Mme MAIGA Sina DAMBA, ministre de la Promotion de la femme, de l”enfant et de la famille (candidate malheureuse à la députation de Nara) ; Mme DIARRA Mariam Flantié DIALLO, ministre de la Communication et des nouvelles technologies ; Mme GAKOU Salimata FOFANA, ministre du Logement, des affaires foncières et de l”urbanisme ; et Mme DIABATE Fatoumata GUINDO, ministre des Relations avec les institutions et porte-parole du gouvernement.
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rnCe qu”on peut noter, c”est que ce gouvernement compte deux femmes de plus par rapport au précédent qui en comptait cinq dont aucune n”a été reconduite dans le nouveau gouvernement. Ainsi on est passé de 19 % de femmes à 27 %, soit le quart du gouvernement. Cette statistique est conforme à l”ambition du gouvernement qui avait voulu imposer à l”Assemblée nationale le système de quota (20%) en faveur de la gent féminine dans tous les postes électifs.
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rnLes jeunes ignorés
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rnAu contraire des femmes soutenues par le président ATT, les jeunes ont été ignorés dans le gouvernement Modibo même si certaines informations avaient circulé avant pour soutenir la thèse selon laquelle le Premier ministre était plutôt favorable à la couche juvénile. Si c”était le cas, cela signifie que Modibo s”installe dans la posture de simple faire-valoir pour Koulouba sans que sa fonction de Premier ministre lui permette d”imprimer sa marque véritable au gouvernement qu”il dirige. Pour une fois, ATT ne fait pas comme son modèle sénégalais : le président Abdoulaye WADE a d”emblée fait confiance à de nombreux jeunes dans son premier comme son second mandat à la tête du Sénégal pour former ses gouvernements successifs.
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rnLes rebelles mécontents ou indifférents ?
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rnL”énigme comme une colle pour nombre d”observateurs était sans doute l”entrée ou non des rebelles armés dans le nouveau gouvernement Modibo. Car, bien avant les attaques du 23 mai 2006 contre les garnisons militaires de Kidal et de Ménaka, ils avaient exigé leur présence dans le gouvernement central de Bamako avec deux postes ministériels et six postes diplomatiques. Décemment encore, ils ont renouvelé leur impatience à ce sujet en accusant Bamako de vouloir traîner en longueur pour ne pas satisfaire certaines de leurs doléances en invoquant le fait que le gouvernement n”était pas encore en place.
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Aussi, après la composition du gouvernement Modibo, sont-ils partagés entre les sentiments de mécontentement et d”indifférence à travers les sites Internet. Les uns jugeant que M. Agathane AG ALASSANE, ministre de l”Environnement et de l”assainissement, ne représente qu”une partie de la communauté touarègue de Gao d”où ce dernier est originaire ; et les autres, se montrant indifférents de tout cela puisque les Touaregs de Kidal ont leurs propres dirigeants et institutions politiques de façon tout à fait autonome et indépendante. A signaler toutefois que le Mali, à la différence de nombre de pays africains, ne constitue pas son gouvernement sur des bases ethniques ou régionalistes.
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rnRassemblés par Seydina Oumar DIARRA-SOD
rn5 octobre 2007
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