Il est de coutume qu’à l’occasion d’événement majeur, chaque Malien et chaque Malienne se livre à des commentaires sur le sujet qui focalise l’actualité, celui du nouveau gouvernement. Cela prouve l’intérêt que les populations ont pour la gestion des affaires publiques.
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La nomination du Premier Ministre Modibo Sidibé, suivie de la formation de son gouvernement alimente aujourd’hui le débat politique. Comme il fallait s’y attendre, il y a des réactions tant de la part d’acteurs politiques que de représentants de la société civile. Elles confortent à coup sûr la démocratie malienne, puisqu’elles sont l’expression de l’attachement au processus démocratique qui exclut toute indifférence dangereuse, voire inquiétante. Ceci dit, les réactions, il y a en a eu de positives comme de négatives. Et c’est à la lumière de ces confrontations que ça bouge, que nous nous rapprochons de nos objectifs majeurs.
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rnCertaines réactions focalisent l’attention, quoiqu’elles traduisent des ambitions politiques et des aveux d’impuissance face à des évolutions. Au nombre de celles-ci, celles du président du RPM, l’honorable Ibrahim Boubacar Keïta qui, récemment a affirmé que Modibo Sidibé est disqualifié pour être Premier Ministre. La déclaration, il faut le souligner, a beaucoup attiré l’attention au sein de l’opinion publique nationale. Mais, toute déclaration exprime une prise de position, objective ou subjective, selon le cas. A bien analyser ces propos, il apparaît que IBK poursuit ses actions dans une logique, celle de l’opposition. Son parti ne prend pas part à l’action gouvernementale depuis l’arrivée de Modibo Sidibé à la primature. Par rapport aux partis politiques appartenant au FDR, il ne saurait être question d’exclusion, puisqu’ils ont déjà choisi leur option et le contexte politique a changé. Nous avons désormais le consensus politique derrière nous. Certains partenaires d’hier du président de la République, au regard de leurs ambitions futures, ont estimé que leur place est désormais dans l’opposition. C’est de bonne guerre.
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Sur quoi fonde-t-on la disqualification de l’actuel Premier ministre?
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La fameuse disqualification de Modibo Sidibé n’est certainement pas fondée sur un bagage intellectuel insuffisant qui devrait lui permettre de combler les attentes du peuple. Nul n’a besoin de répertorier les diplômes qu’il a obtenus et les hautes fonctions qu’il a assumées dans les différents services publics. Pourquoi s’en prend-t-on donc au Premier ministre ? Probablement parce qu’il est très proche du président de la République, mais aussi parce qu’il est porteur d’uniforme. Mais ces considérations sont-elles suffisantes pour le disqualifier ? Il y a lieu surtout de rechercher ailleurs l’exploitation d’une telle affirmation. La police, cela est connue de tous, est démilitarisée depuis quelques années.
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rnCette opinion portant sur la disqualification du PM est plutôt subjective et exprime les rapports de forces politiques face aux ambitions de quelques ténors de l’opposition. En effet, rien qu’à se référer au parcours du président du RPM, on comprend son état d’âme, ses prises de positions. Malheureusement le combat mené par IBK, tout comme ses partenaires politiques du FDR paraît paradoxal. Ces hommes politiques espèrent depuis un certain temps, comme ils ont l’habitude de le dire, redonner aux partis politiques la place qui est la leur dans la démocratie malienne. Pour ce faire, ils se battent pour que le pouvoir revienne aux partis politiques. C’est pourquoi ils pensent que le Premier ministre aurait dû être d’un parti politique.
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rnMais, depuis les élections générales de 2002, les partis politiques sont en perte de vitesse et, il ne faut surtout pas penser que c’est le président Amadou Toumani Touré qui est à l’origine de cette déconfiture des partis. Nombre d’acteurs politiques, il faut le reconnaître, ont péché par leurs ambitions démesurées, leur refus du consensus. IBK a fui le débat d’idées à l’interne, contrairement à Mme Sy Kadiatou Sow et le Pr. Aly Nouhoum Diallo ( tous de l’ADEMA), qui ont toujours souhaité eux, rester au sein de la Ruche et se battre pour y obtenir ce qu’ils veulent. Nombre d’acteurs politiques sont aujourd’hui dans une situation semblable. On pourrait à la limite, affirmer qu’ils ont contribué à l’arrivée au pouvoir d’un homme qui, aujourd’hui, les dérange malgré les manœuvres qu’ils ont orchestrées pendant des années pour le déstabiliser. Et depuis, ils ne manquent pas d’arguments pour tenter de dénigrer le pouvoir.
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Aujourd’hui, jusqu’à la preuve du contraire, il n’y a rien de concret qui explique que Modibo Sidibé est disqualifié. On le dit souvent, c’est à l’œuvre qu’on reconnaît l’artisan.
rnL’objectivité et le bon sens commandent qu’ils attendent d’abord que le nouveau Premier ministre pose des actes pour ensuite le juger.
rnMais là, il ne s’agit que de supputations et d’actes de mauvaise foi. C’est le temps qui nous en dira davantage.
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Tiémoko Traoré
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