Il est très rare en démocratie de voir la classe politique faire l’unanimité autour d’un choix, surtout quand celui là concerne un poste aussi sensible et politique que celui de la Primature.
La nomination de Modibo Keita en est un. Pour une des rares fois Majorité et Opposition ont salué la nomination de Mr Keita, homme d’expérience, de conviction, véritable commis de l’Etat, au prestigieux poste de premier ministre.
Pourquoi une telle unanimité autour d’un homme dont le militantisme politique fait l’objet d’un débat ? Son choix renforce-t-il la démocratie ? Le parti majoritaire qui est le RPM va-t-il le laisser travailler sans aucune entrave ? Voici un certain nombre de questions qu’on serait tenté de se poser.
L’unanimité autour du premier ministre tient à deux choses : parce qu’il n’a aucune coloration politique, donc il peut être à équidistance de toutes les forces politiques et de la société civile. Deuxièmement parce qu’il a non seulement une expérience avérée, mais aussi il a une connaissance accrue du Mali et des problèmes auxquels le Pays est confronté. Ainsi, jouissant d’une intégrité morale et intellectuelle et d’une expérience avérée, il est à même d’engager une lutte implacable contre les maux qui minent notre société tels que la corruption et la délinquance financière, le chômage des jeunes, l’éducation et la santé.
Son choix, loin de renforcer la démocratie parce que n’étant pas issu du parti majoritaire, ouvre inéluctablement la voie à une nouvelle transition, la plus courte possible, permettant de bâtir un Etat démocratique fort avec des institutions véritablement républicaines. Comme pour dire que les chantiers qui l’attendent sont gigantesques et demandent une ingéniosité et un engagement forts.
Le parti majoritaire qui est le RPM n’a pas intérêt à mettre du bâton dans la roue du nouveau premier ministre au risque de s’attirer la foudre de l’opinion nationale qui semble attribuer le départ de Moussa Mara au RPM , quand bien même qu’il était entrain de bien travailler. IBK en nommant Modibo Keita à la primature a tenu compte sans nul doute, de l’aspiration de son peuple, qui au-delà des querelles politiciennes, voudrait bien que le Mali soit mis au dessus de tout.
Le Nouveau premier ministre à la tête du gouvernement aura du pain sur la table compte tenu de l’immensité, de la délicatesse et de la complexité des problèmes du Mali. En tant que vétéran du combat du Mali post colonial et ayant fait partie des acteurs du développement du Mali indépendant, Mr Keita saura trouver les recettes nécessaires pour faire du Mali une destination prisée tant des bailleurs de fonds que des touristes. Il saura renouer le fil du dialogue avec la classe politique et la société civile pour une amélioration des conditions de vie et un assainissement du cadre politique et institutionnel
Youssouf Sissoko