La nomination de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé comme Premier Ministre, le 3 avril dernier par le président ATT, a surpris plus d’un et sera probablement à l’origine de nombreuses réserves et méfiance des gouvernés. La nouvelle venue contribue malheureusement à se compliquer la tâche en se focalisant d’ores et déjà sur son appartenance à un genre et non sur le caractère sacré de sa mission !
A travers cette nomination, ATT privilégie le symbole au détriment de l’efficacité. Une situation qui s’illustre dès lors que « Mamy Makaï », elle-même, a martelé : « Nous allons tout mettre en œuvre pour mériter la confiance placée en l’ensemble des femmes du Mali par ATT ». C’était, hier lundi à la Primature, lors de la passation de service d’avec son prédécesseur. Du coup, les questions fusent de tous les niveaux. Pourquoi une femme à la primature et maintenant ? Sera-t-elle à la hauteur des ambitions ? Va-t-elle pouvoir gouverner dans une société très conservatrice? Bref, quelle artillerie sortira-t-elle à quelques encablures des élections de 2012 et pendant période propice, par nature aux revendications sociales de tous ordre ?
Au regard des actes posés à ce jour, la nomination d’une femme à la tête du gouvernement de la république du Mali, n’est pas une surprise. Sa Majesté ayant toujours manifesté sa foi aux femmes, après son amour pour les enfants.
Ce qui désespère et inquiète par contre, c’est le fait de considérer la nomination de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, comme la promotion du genre.
La nouvelle venue reste avant tout le Premier ministre du Mali et non une dame promue à un poste de premier ministre. D’autant qu’elle était à la retraite (63 ans) au moment de sa nomination. S’y ajoute, le fait qu’elle était en compétition avec une femme qui a été écartée à la dernière minute, pour « défaut d’expérience gouvernementale » : Mme Sangaré Niamoto Bah, Ségal du ministère des finances et de l’économie.
En clair, Mamy Makaï n’est nullement là à ce poste au nom des femmes ou d’une autre couche sociale. Mais pour tous les Maliens sans exception.
Autre temps, autre mœurs
Certes, le nouveau premier ministre a occupé le poste de ministre du Plan et de la Coopération Internationale, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, cumulativement avec le portefeuille du Plan et de la Coopération Internationale et du ministre du Développement Rural. Mais ces départements sont parmi les « plus tranquilles » des portefeuilles gouvernementaux. Mais cela appartient à l’histoire. Bien plus, autre temps égal autre mœurs.
Par ailleurs, ne peut-on pas parier sur les capacités réelles du nouveau premier ministre à affronter les grands dossiers de l’heure comme ceux des départements, tels que les Finances ; l’Education ; la Fonction Publique ; l’Intérieur ; la Sécurité ; l’Emploi ou le Commerce qui sont les mamelles nourricières de tout pays en développement.
Mais plus que ces portefeuilles tranquilles qu’elle a déjà connus ou ces départements « amers » qu’elle n’a pas eu le privilège de diriger, le nouveau PM, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé va devoir faire face aux dossiers brûlants de l’heure : la reforme constitutionnelle, le code de la famille, les élections présidentielles de 2012, le nouveau découpage administratif, bref toutes ces promesses de son employeur. Des dossiers dont le traitement nécessite la rigueur. A propos de rigueur, elle s’est déjà fragilisée en se focalisant sur la question genre.
D’autre part on ne lui reconnaît aucune coloration politique. Du moins pour l’instant. Cela n’en demeure pas moins un handicap.
Plus que tous ces handicaps, tout le monde est unanime sur un fait : au delà du symbole et de la promotion d’ATT : une dame à la primature blesse la sensibilité de nos concitoyens. Au motif que cette nomination bascule la hiérarchie familiale et les traditions. Surtout que le président ATT à un moment a voulu créer la légalité entre les sexes à travers l’adoption du code de la famille qui reste toujours pendante à l’Assemblée Nationale.
Pour toutes ces raisons le nouveau PM, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, devrait cesser de se gargariser à travers cette nomination qui selon elle, a été opérée par le chef de l’Etat au nom de toutes les femmes. Elle incite tout naturellement les conservateurs à prendre leur distance, voire, à s’opposer à tout ce qui portera sa marque.
Jean pierre James
