Nommée à la tête du gouvernement, le dimanche 3 avril 2011, par le président de la République Amadou Toumani Touré, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé devient la première femme, Premier ministre de notre pays, au moment où, les attentes des Maliens sont nombreuses. Elle a sur sa table plusieurs dossiers brûlants. Mais le plus délicat est, sans doute, la préparation de la présidentielle de 2012.
Depuis la démission de l’ancienne équipe gouvernementale, mercredi dernier, les dirigeants de partis politiques étaient impatients de connaître le nom du remplaçant de Modibo Sidibé. Lors des activités commémoratives du 26 mars, le mois passé, la réflexion sur la perspective de l’échéance électorale a pris le dessus sur les autres sujets. Elle a fait l’objet de débats passionnés. Pour l’occasion, beaucoup de cadres politiques ont tenu à souligner la responsabilité du gouvernement dans l’organisation de cette élection qui, à les entendre, doit être transparente, régulière et apaisée.
Les hommes politiques ont aussi revendiqué l’allègement ou la suppression de certaines structures comme la Délégation générale aux élections (DGE) sous la tutelle du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales. Tout cela demande une réelle volonté politique. Un autre grand dossier est l’instauration de l’autorité de l’État. L’impunité est à maturité dans notre pays. La corruption a gangréné le pays. Les services de l’État sont plus que jamais pourris par des détournements. Les derniers rapports de l’ancien Végal Sidi Sosso Diarra sont éloquents. Plus de 338 milliards de Cfa ont disparu.
Contre toute attente, il a subi la hargne des présumés auteurs de fraudes qui ne s’inquiètent de rien. Il faut aussi noter le cas de l’affaire du fonds mondial du ministère de la santé. Les injustices sont devenues monnaies courantes. Dans les zones agricoles surtout le delta du Niger, des centaines de paysans sont expropriés de leurs terres. La magouille foncière n’a plus de limite. En dehors de l’échec de l’initiative riz, toutes les structures et programmes mis sur pied pour la sécurité alimentaire ont servi à certains cadres de s’enrichir et d’accroître le taux de précarité.
Les denrées de première nécessité deviennent de plus en plus chères. Elles sont hors de portée du pouvoir d’achat du citoyen moyen. Dans le milieu des affaires, certains hommes d’affaires ont installé un réseau en collaboration avec certains membres du gouvernement sortant pour piller l’économie malienne. Le chômage est presqu’incurable. Le forum sur l’éducation a échoué. L’école malienne ne cesse de descendre dans le gouffre. L’insécurité n’est pas qu’au nord. Elle est partout avec un taux de criminalité très effrayant. Les problèmes de mœurs ont été le talon d’Achille de l’ancienne équipe gouvernementale.
En sus de toutes ces lacunes à corriger, le nouveau Premier ministre Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé devra faire face au dossier de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) qui risque de faire du bruit dans les jours à venir. En tout cas, elle a déjà derrière elle une riche carrière professionnelle : ministre du Plan et de la Coopération internationale (d’août 1991 à juin 1992 pendant la Transition ), ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, cumulativement avec le portefeuille du Plan et de la Coopération internationale (mai 1992-juin 1992) et ministre du Développement rural (mars 2002-juin 2002).
Le nouveau Premier ministre a connu une longue carrière internationale (août 1993-novembre 2000) comme Secrétaire exécutif du CILSS (Comité Inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel) basé à Ouagadougou. Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé était depuis 2003, la présidente du conseil d’administration de la SONATAM (Société nationale des tabacs et allumettes du Mali). Va-t-elle relever le défi? L’avenir nous édifiera.
Issa Santara