A la loupe : Ibk, les recalés et les mécontents

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GouvernementA préciser d’emblée : c’est seulement ce vendredi que le président de la République a procédé au remaniement tant attendu depuis le changement de Premier ministre, près d’une semaine plus tôt. En effet, depuis l’éviction spectaculaire et inattendue d’Oumar Tatam Ly, le 5 avril, malgré le communiqué officiel qui donnait son gouvernement démissionnaire, ses ministres étaient restés en fonction, usant de leurs prérogatives, se faisant appeler, y compris par les médias d’Etat, par leur titre de ministre. Le fait a d’autant plus surpris qu’aucune décision n’a été rendue publique, disant que les ministres devaient rester en fonction et expédier les affaires courantes.

 

 

Les membres du gouvernement Oumar Tatam Ly avaient-ils donc été assurés sur leur maintien ? L’ancien Premier ministre était-il donc le seul homme à abattre ? On le dirait à la lecture du décret de nomination du nouveau gouvernement. Si, pour respecter les apparences et se prémunir contre les chercheurs de petites bêtes, l’équipe gouvernementale a été quelque peu réaménagée, elle conserve cependant son ossature initiale. Les départements stratégiques et de souveraineté, justice défense et sécurité, économie et finances, énergie et mines gardent leurs titulaires. Seule la diplomatie change de chef. Le fait que ces départements-clés ne soient pas tous gérés par des cadres du RPM, le parti présidentiel, ne fait pas de l’équipe de Moussa Mara un gouvernement de consensus. Si cette équipe n’est pas consensuelle, et même si on la présente comme un gouvernement de mission (comme si tous les gouvernements ne le sont pas), elle n’a pas non plus l’homogénéité qui convient à une telle vocation. Loin s’en faut.

 

 

En fait, le président de la République semble avoir choisi le chemin le plus tortueux, qui consiste néanmoins pour lui à contenter et à satisfaire ses nouveaux alliés, vrais amis ou faux jetons, même si ses partisans demeurent largement majoritaires dans le gouvernement.

 

 

L’ex-junte sacrifiée

Contrairement à ceux que le président de la République a été obligé de sacrifier : les responsables de l’ex-junte militaire. Mais aussi Cheick Oumar Diarrah qui occupait un ministère ambigu : chargé de la réconciliation nationale alors qu’existe une commission en charge de la question, censée être indépendante mais à durée déterminée ; chargé du développement du nord alors qu’existe une agence en charge de cette question, ADN qui existe depuis le début des années 90, sous différentes appellations, sans jamais avoir été efficace. Le chef de l’Etat veut régler la question en plaçant à la tête du ministère de la réconciliation nationale (la reconstruction du nord est rattachée ailleurs), Zahabi Sidi Ould Mohamed, un ex-rebelle arabe qui n’a aucune prise sur les groupes armés touareg qui écument le nord.

 

 

A la place de Zahabi Sidi Ould Mohamed à la tête du département des affaires étrangères et de la coopération internationale (auquel on a greffé l’intégration africaine), IBK a mis Abdoulaye Diop, transfuge du Cnid, ami d’ATT, fondateur du Mouvement citoyen. Son allégeance au mouvement porteur d’ATT lui a valu un poste de diplomate de long cours en Amérique où sa gestion a toujours été controversée. Réputé également pour son instabilité politique, il va désormais cohabiter avec son ancien président de parti, Mountaga Tall qui, maintenant qu’il doit s’en passer, daigne accepter pour la première fois un fauteuil ministériel. Le président du Cnid, en effet, s’il a toujours eu une préférence pour les postes électifs qu’il n’a pas toujours gagnés, entre dans le gouvernement pour gérer un secteur auquel il ne connait pas grand-chose : l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

Me Tall va également cohabiter avec un autre néo-promu : Housseïni Amion Guindo avec lequel il animait l’énigmatique et ambigüe CSM (Convergence sauver le Mali), un regroupement sociopolitique qui s’était constitué au lendemain du coup d’Etat de mars 2012 et qui prétendait se tenir à équidistance des deux mouvements extrémistes qu’étaient le FDR (Front pour la sauvegarde de la démocratie et la république, anti putsch) et la Copam (Coordination des organisations patriotiques du Mali, grand supporter de la junte et de Sanogo).

 

 

Mara, Amion Guindo, Me Tall, des recalés au gouvernement

Avec deux mandats de député à son actif, le président de la Codem, vient lui-aussi d’entrer dans un gouvernement pour la première fois. Il dirigera le paisible et démuni département des sports, mais le Premier ministre l’y laissera-t-il tranquille ? Cette question, parce qu’à un certain moment, Housseïni Amion Guindo et Moussa Mara, président de Yelema, avaient aspiré à cheminer ensemble, en tant que jeunes forces politiques contre les caciques. A cet effet, ils avaient constitué avec d’autres partis politiques les PUR (Partis unis pour la république) pour briguer la magistrature suprême. Mais comme il fallait aller soudés à la présidentielle, une « primaire » avait été organisée pour investir un candidat unique à ce scrutin, « primaire » remportée par le président de la Codem au détriment de Moussa Mara qui, en signe de contestation a quitté le regroupement pour faire cavalier seul.

 

 

Avec donc Moussa Mara, Mountaga Tall et Housseïni Amion Guindo dans son gouvernement, IBK se retrouve avec trois candidats malheureux à la dernière présidentielle qu’il a gagnée. Vont-ils lui en vouloir ou se contenter de se tirer entre les « pattes » ?

Ce n’est pas le seul problème que le président Kéita aura à gérer.

 

 

En effet, le Premier ministre Ly avait été confronté à un déni d’autorité de la part de certains de ses collaborateurs, en raison principalement de sa non appartenance au RPM. Or, dans l’ordre de préséance de l’actuel gouvernement, cinq des six premiers membres ne font pas partie du parti présidentiel. Il s’agit de Soumeylou Boubèye Maïga (Asma), Sada Samaké (seul militaire du gouvernement), Bouaré Fily Sissoko, Zahabi Ould Sidi Mohamed et Abdoulaye Diop. Même si leurs départements respectifs sont dits de souveraineté, ils sont sous la responsabilité directe du Premier ministre.

 

 

Quant au ministre de la justice (également en charge des droits de l’homme comme si cela était possible pour un département dépendant de l’autorité politique), il est le premier (numéro 1) du gouvernement après Moussa Mara, tandis que le ministre des affaires religieuses et cultuelles en est le dernier (numéro 31). Même si ce département est une insulte à la laïcité de l’Etat, il serait intéressant de savoir qui assurera l’intérim de Thierno Hamady Oumar Hass Diallo en cas d’empêchement. Un mollah, un évêque, un pasteur ou quoi ? La préséance veut savoir.

 

 

Cheick TANDINA

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2 COMMENTAIRES

  1. JE SUIS DU PARTI JAMAA MAIS J AI VOTE POUR IBK PARCE QUE JE PARTAGEAIS SES IDEAUX
    JE PARLE EN MON PROPRE NOM ET PERSONNE NE M A ENVOYE
    D AILLEURS JE NE SUIS QU UN MILITANT DU PARTI JAMAA
    JE PENSE QUE IBK EN SE DEBARASSANT DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION EN LA PERSONNE DE IDRISSA JEAN MARIE SANGARE M A ENORMEMENT DECU
    LUI QUI DISAIT VOULOIR TRAVAILLER AVEC LES VRAIS INTELLECTUEL
    IL S EST DEBARASSER DE LUI PARCE QUE JEAN MARIE N FAISAIT ¨PAS PARTI DE SA FAMILLE C EST A DIRE LE RPM
    VOUS DISIEZ LE MALI D ABORD MAIS JE PENSE QUE C EST LE RPM D ABORD
    FAITE C QUE VOUS AVEZ A FAIRE
    DS 5ANS ON VA SE BATTRE
    UNE CHOSE EST SUR VS N ALLEZ JAMAIS FAIRE 2MANDAT A C RYTME LA JEAN MARIE SANGARE VOUS N AVEZ RIEN A VOUS REPROCHEZ. VOUS SAVEZ VOUS MERITEZ MIEUX
    A MES YEUX VOUS N ETES PAS L EX MINISTRE D IBK MAIS MON PRESI POUR TOUJOURS
    VOUS ECRIVEREZ UN JOUR L HISTOIRE DE CE PAYS
    BONNE CHANCE

  2. Confier le malade à son bourreau : Zahabi pour quelle réconciliation ? Cet bâ tard d’arabe ex rebelle pourrait réconcilier qui ? IBK a du sable à la place du cerveau, ses services de renseignement aussi.

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