En tout cas, depuis sa prise de fonction, le Président de la République a pu faire plusieurs tours du monde, mais jamais il n’a songé à partir à Kidal dont il a foulé le sol lors de la campagne présidentielle durant la transition. Et son Premier ministre a été contraint de remettre sa visite à plus tard, ou même (qui sait ?) à jamais. Sauf que désormais, personne ne pourra plus nous dire que Kidal est libre, d’autant plus qu’il s’agit maintenant de reporter les lélections législatives pour raison d’insécurité dans tout le septentrion, de Gao à Kidal en passant par Tombouctou. Les affrontements sont monnaie courante entre les populations, les attaques ne sont pas circonscrites au mieux, le numéro 2 d’Ansar Eddine et commanditaire du massacre d’Aguelhok Cheick Haoussa serait revenu à Kidal à la tête d’un convoi de 8 véhicules. A se demander que font à Kidal les forces chargées du maintien de la paix.
Selon le porte-parole du Gouvernement, ce report rentre en droite ligne des recommandations issues des Etats généraux de la décentralisation tenus en octobre dernier à Bamako ainsi que les conclusions des Assises sur le Nord organisées en novembre dernier.
Au cours de ces deux grands rendez-vous, affirme le ministre, les participants venus des quatre coins du pays ont insisté sur la nécessité de reporter les communales afin qu’elles soient plus inclusives, les communales étant des élections de proximité, d’où la nécessité qu’elles soient plus participatives. Des propos qui malheureusement mettent en mal la légitimité du Président de la République et des députés élus en particulier au Nord du pays. Car à l’époque, on était sensé avoir plus d’insécurité au Nord et moins de populations sur place. L’on est même en droit de se demander pourquoi on accorde une si grande importance à l’élection des maires dont une forte majorité de la population est disposée à débarquer le plus vite possible.
L’enseignement à tirer de cette fuite en avant, c’est que le pouvoir peine à trouver la voie du salut, après la main tendue aux présumés criminels placés sous mandat d’arrêt et l’abandon des combats contre les assaillants qui prennent de plus en plus des longueurs d’avance sur nos positions sécuritaires et nos stratégies de pacification du septentrion. Il est temps de faire preuve de fermeté face à cette insécurité qui bloque la bonne marche du pays.
Mamadou DABO