Le nouveau PM face au bilan de son prédécesseur :Les premières fausses notes

0

Si la nouvelle venue donne, à première vue, bonne impression, la nature des dossiers qui l’attendent, les aléas exogènes du moment et surtout son intérêt pour les accessoires au détriment de l’essentiel risquent de causer sa perte.

La tâche ne s’annonce pas facile pour le nouveau PM Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé : Sur le front social, le peuple malien a perdu tout espoir en l’avenir. La colère couve. La misère se lit sur tous les visages. Et l’électricité plane, déjà dans l’air. Surtout au moment où le rapport 2010 du Vérificateur met au goût du jour, un manque à gagner de 34,8 milliards CFA pour notre pays.

Baisser les prix des denrées de première nécessité, juguler la crise scolaire, mettre fin aux détournements impunis du dénier public, lutter contre la corruption et la délinquance financière… Telles étaient, entre autres, les principales missions assignées au gouvernement de Jimmy le flic. Mais à l’heure du compte, le bilan s’avère quelque peu maigre.

Les différentes conjonctures internationales avec ses aléas exogènes ont certainement contribué à limiter la marge de manœuvre de l’équipe sortante. Son mérite aurait cependant été de préserver un climat social apaisé nonobstant les soubresauts de l’économie mondiale.

L’équipe sortante n’est pas pour autant irréprochable. Au lieu de prendre le taureau par les cornes, le gouvernement de Modibo s’est plutôt lancé, à corps perdu, dans l’organisation de forums et d’états généraux : états généraux sur la corruption, états généraux sur le foncier, forum sur l’école… Financées à coups de millions, ces kermesses se sont révélées inefficaces, face aux maux qui minent notre pays.

En somme, pendant ce temps, le pays sombrait davantage dans la dépression. Et les Maliens, avec. Les caisses de l’Etat se vidaient et les bons du Trésor, attendant en paiement, se chiffraient à plusieurs dizaines de milliards de nos francs.

Aujourd’hui encore, dans des milliers de foyers, le petit-déjeuner et le déjeuner ont été rayés du menu. Un luxe ! Dans 7 familles sur 10, le riz est presque, devenu une denrée rare, puisque chère.

« L’initiative-riz », l’unique espoir de nos populations, a fini en eau de boudin, après avoir englouti la bagatelle de 42 milliards de francs CFA. La production, estimée à 1,6 million de tonnes, avec un excédent commercialisable de 100.000 tonnes, est non seulement, invisible sur le marché ; mais pire, elle n’aura pas permis de faire baisser le prix du riz sur le marché national. Le prix du Kilo oscille entre 375 et 400F CFA. Un coût hors de portée des couches, défavorisées. Quant au kilo de la viande, il coûte 1800F CFA largement au dessus du prix instauré dans certains pays frontaliers que le Mali ravitaille en bétail.

En dépit des belles recommandations formulées au cours de ces forums et de ces états généraux, l’école malienne est au bord du précipice. L’Administration est gangrénée par la corruption. Le détournement des fonds publics, lui, est devenu un sport national.

Bref, le gouvernement Modibo s’est montré quelque peu timoré, incapable de redonner espoir aux populations maliennes.

De 6,4% en 2002, le taux de croissance est estimé, aujourd’hui, par les experts à 4 %. De 600.000 tonnes en 2002, la production cotonnière est à 245.000 tonnes. Du moins, si l’on en croit les dernières statistiques.

Les facteurs endogènes et exogènes à l’origine de ces déficits sont, hélas, toujours d’actualité et ce n’est pas demain la veille d’une accalmie. Tous les indicateurs mondiaux annoncent en effet des lendemains très difficiles consécutifs à l’augmentation du prix des hydrocarbures (la tendance n’est pas à la baisse), la crise alimentaire imminente… Les défis sont immenses. Notre premier ministre en mesure-t-elle la portée ?

Elle n’a, hélas, pas donné cette impression à la faveur de son premier contact avec la presse nationale. Elle se réjouissait plutôt de la confiance que le président de la République plaçait là aux femmes. Pas rassurant comme première réaction.

La presse s’attendait certainement à mieux. Qu’elle rappelle à l’opinion publique nationale l’immensité de la tâche à accomplir, sa détermination à relever le défi et surtout, solliciter le soutien de tous les maliens pour la lutte commune. Des messages pleins de sens et auxquels tous se reconnaîtraient !

Jean pierre James

Commentaires via Facebook :