Vingt quatre heures après l’investiture du président ATT, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga lui a remis la démission du gouvernement. Après l’avoir acceptée, le président ATT a demandé au chef du gouvernement et à son équipe de rester en place jusqu’à la fin des élections.
Pour cela, Pinochet et son équipe ont eu droit à ce qu’on pourrait appeler une nouvelle lettre de cadrage mais bien resserrée cette fois-ci. Pour les 3 mois de sursis, les membres du gouvernement ont quatre missions essentielles : l’organisation et la bonne tenue des élections législatives ; l’approvisionnement correct en produits de première nécessité et la stabilité des prix ; la conduite de toutes les diligences nécessaires au bon fonctionnement des administrations et à la bonne tenue des finances publiques ; le dialogue social avec les partenaires sociaux et le respect des différents engagements avec les partenaires techniques et financiers.
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Ainsi sans risque de se tromper, on peut croire que les jours du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et de son équipe sont comptés. Mais avant de rendre le tablier, les ministres auront fort à faire parce que les missions que le président leur a confiées sont loin d’être de la sinécure. En effet, elles correspondent aux préoccupations de l’heure. Obligé de tenir compte de tous les griefs enregistrés à l’occasion de la présidentielle, le gouvernement est tenu d’apporter les correctifs nécessaires pour que les élections législatives se déroulent dans un climat apaisé.
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Si pour la présidentielle, le sens des responsabilités et le sentiment républicain ont prévalu pour tuer dans l’œuf toute velléité, il est à craindre que 1000 candidats ne soient animés par les mêmes sentiments. D’où l’urgence à faire en sorte que l’Administration qui a joué un rôle plus que déplorable lors de l’élection présidentielle fasse preuve d’impartialité et se tienne à équidistance des listes en compétition. Pour ce qui est des produits de première nécessité et de la nécessité de stabiliser les prix, il n’est un secret pour personne que ces derniers temps, l’inquiétude a grandi dans le milieu des consommateurs devant certains comportements.
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Le Commissariat à la sécurité alimentaire a décidé de mettre sur le marché des sticks importants de céréales pour barrer le chemin à ceux qui voudraient profiter de la situation. Il espérer que cette opération aura le résultat escompté parce qu’on se rappelle du comportement à la limite de l’incivisme de ceux-là mêmes à qui l’Etat avait consenti des exonérations pour importer les céréales. Non seulement l’autorité publique a été incapable de les rappeler à l’ordre mais il n’y a eu aucune sanction contre ceux qui se rendus coupables de la hausse vertigineuse des prix. Politiquement, le ministre en charge du dossier, quoique confondu par le président de la République qui lui a remis sa facture de riz aux antipodes de ses déclarations n’en a pas moins continué à siéger à la table du Conseil des ministres.
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Pour le bon fonctionnement de l’administration, il est à craindre que cette mission ne soit que pur vœu. En effet, il n’est un secret pour personne que depuis au moins deux ans, l’administration ne fait que le strict minimum. Les nombreuses rumeurs de remaniement, souvent de bonne source, ont démobilisé les fonctionnaires qui attendent légitimement les remplaçants de leurs chefs du jour. Or, en reconduisant le gouvernement avec comme mission de tenir jusqu’aux élections législatives, personne n’est dupe.
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Tout le monde se qu’au mieux des cas, l’actuel gouvernement n’a que trois mois de sursis tout au plus. Tout ce qui pourrait aggraver la situation d’immobilisme. Cet immobilisme peut se constater au niveau même du gouvernement. Déjà fortement ébranlée, la discipline gouvernementale pourrait succomber définitivement parce que certains ministres se diront « à quoi bon écouter un futur ancien Premier ministre ? ». Tout comme les autres fonctionnaires n’éprouveront plus la même ardeur à servir des supérieurs dont les jours sont comptés.
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S’il y a un point que le gouvernement devra surveillé, c’est bien celui relatif au dialogue social et au respect des engagements pris. Depuis quelques temps, le thermomètre social bout. L’UNTM par exemple a déposé un préavis de grève pour le 26 juin prochain. L est donc impérieux de laisser la maison dans un bon état : paix politique et paix sociale.
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ATT s’est donné l’échéance des législatives. Le président de la République, comme le Malien moyen, doit chercher ses repères sur l’échiquier politique. La bipolarisation engendrée par les positionnements des uns et des autres lors de l’élection présidentielle a volé en éclats à l’occasion des législatives à venir. ATT doit certainement s’interroger sur l’apport réel de ses soutiens dans sa réélection. Il doit donc se dire que la meilleure façon de procéder serait d’attendre les résultats des élections législatives qui apporteront une réponse claire sur le poids de chacun.
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D’où son intention de temporiser. Ce faisant, il sait qu’il mécontente y compris dans son proche entourage. Mais force est de reconnaître que les équations ne sont pas aussi simples qu’elles paraissent. Qui sortira vainqueur ? Y’aura-t-il une opposition suite au scrutin ? Comment contenir la boulimie de tous ceux qui l’ont soutenu, partis politiques ou associations ou simples bonnes volontés ? Comment obtenir un consensus dynamique ? A toutes ses questions, ATT a certainement voulu se donner trois mois, comme le gouvernement, avant d’y répondre.
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Bassaro Touré
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Reconduction du gouvernement : des grincements de dents
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Si la reconduction du gouvernement pour trois mois a fait des heureux, ce sont bien entendus les ministres eux-mêmes. Ceux-ci maigrissaient à vue d’œil et trainait une mine lugubre rien qu’à l’idée qu’ils seront renvoyés. ATT leur donne trois mois de sursis qui permettront à certains de mettre de l’ordre dans les finances (un contrôle peut toujours intervenir) et à d’autres de racler les fonds de caisse (après moi le déluge).
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Mais cette mesure n’a semble-t-il pas fait que des heureux. En effet, nombreux étaient ceux qui attendaient de voir les ministres chassés et certains se voyaient déjà à leur place. Le gros des mécontents se recruteraient au niveau de l’ADP qui pensait qu’une fois ATT élu, il allait renvoyer l’ascenseur pour leur permettre mieux préparer les élections législatives. Avec les moyens de l’Etat. Ils ont sans doute oublié que ATT les avait fait courir juste après la mise en place de l’ADP. Certains partis avaient battu tous les records en matières de CV. Visiblement, ils devront refréner leurs ardeurs et surtout faire la preuve de leur existence parce que dans l’entourage de ATT, il se dit que ce sont les partis qui n’ont rien apporté lors de la présidentielle dernière, au regard surtout du taux de participation.
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