Le futur Gouvernement en Gestation : ATT a-t-il toutes les cartes en main?

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A peine les élections législatives prennent fin, l’opinion nationale et internationale spécule déjà sur l’ossature du prochain Gouvernement que le président Amadou Toumani Touré (ATT) s’apprête à mettre en place. Sur le futur Gouvernement en gestation, on évoque dans les coulisses des combines entre l’ADEMA et l’URD qui, à eux seuls, disposent de la majorité absolue des députés à l’Assemblée Nationale. Avec plus de 80 députés sur les 147 que compte l’Hémicycle, l’ADEMA et l’URD peuvent-ils imposer à ATT leur diktat? Le président de la République dispose t-il de toutes les cartes en main?

Au lendemain de son investiture le 8 juin dernier pour un second mandat de cinq ans à la tête du Mali, tout le monde s’attendait à ce que ATT mette en place un nouveau gouvernement et pour cause. Le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga lui avait remis la démission collective des membres du gouvernement.

Mais à la surprise générale de plus d’un, le président ATT donna mandat à Ousmane Issoufi Maïga dit “Pinochet” et à l’ensemble du Gouvernement de continuer. Trois principales missions leur furent confiées: le pilotage des élections législatives; assurer l’approvisionnement des populations en denrées et veiller à la bonne marche de l’administration dans le cadre de la continuité de l’Etat.

MISSION ACCOMPLIE POUR L’EQUIPE PINOCHET

Tous les observateurs, qu’ils soient nationaux ou internationaux, déployés lors des deux tours des élections législatives au Mali sont formels que les scrutins du 1er tour tenu le 1er juillet et du 2ème tour joué le 22 juillet 2007 se sont déroulés dans des conditions libres, transparentes et régulières. La réussite de l’organisation des élections au Mali est à l’actif du ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales (MATCL).

Le Premier ministre étant le 1er responsable de l’administration est comptable de la réussite du ministère de l’Administration. Par rapport à la poursuite de l’approvisionnement correct du pays en denrées de première nécessité, on peut affirmer que le Gouvernement n’a pas démérité malgré certaines difficultés.

Ces difficultés sont imputables à des commerçants véreux qui créent et alimentent les crises avec la complicité des cadres de l’administration.

De sa nomination le 28 avril 2004 comme Premier ministre jusqu’à ce jour, Ousmane Issoufi Maïga a été à la hauteur des missions à lui confiées par ATT. Pour toutes ces raisons, “Pinochet” mérite d’être reconduit.

LA PRESSION DES PARTIS POLITIQUES

Si l’on s’en tenait aux résultats des élections législatives proclamés par le ministère de l’Administration Territoriale, l’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-PASJ), avec ses 57 députés et l’Union pour la République et la Démocratie (URD), avec ses 34 députés ont une majorité absolue à l’Assemblée Naitonale.

Cette majorité absolue est-elle acquise à la cause de l’ADEMA et de l’URD? Nous répondons par la négative, puisque sur les listes ADEMA comme à Ségou par exemple, il y avait des membres du Mouvement Citoyen, tout comme sur des listes de l’URD. Nous apprenons également que des députés ADEMA et URD doivent leur élection à ATT.

C’est pourquoi lors de la campagne, des candidats à la députation, certains avaient comme fonds de commerce le nom du président de la République. La primature à l’ADEMA et le perchoir à l’URD ou vis versa. Voilà l’accord secret passé entre l’ADEMA et l’URD qui totalisent 91 députés sur les 147 que compte l’Assemblée Nationale.

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, SEUL MAITRE LE JEU

La constitution du Mali du 25 février 1992 est bien claire sur la séparation des pouvoirs (Exécutif, Législatif et Judiciaire). Mais, dans la pratique, cette séparation se prête à une discussion, puisque le 1er responsable de l’Exécutif est le président de la République, Chef Suprême de l’Etat, garant de la constitution et des libertés fondamentales. Il a le pouvoir de demettre le gouvernement quand il veut. C’est pourquoi d’ailleurs, du 08 juin 2002 au 08 juin 2007, ATT a eu à mettre en place trois gouvernements.

Si l’Assemblée Nationale peut mettre fin à la vie d’un gouvernement en adoption une motion de censure, le président de la République qui met le gouvernement en place peut également à son tour dissoudre l’Assemblée Nationale en convoquant des élections législatives anticipées. Dans ce cas de figure, il n’est pas évident que la même majorité reviendra.

Somme toute, dans un régime semi présidentiel, le président de la République reste seul maître du jeu institutionnel malgré le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs.

Daba Balla KEITA

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