Le gouvernement Kaïdama Sidibé a pour missions de mener à bien le processus électoral. Mais aussi, d’accompagner les réformes institutionnelles. Quelles sont ses chances de réussitte ? Et quels peuvent être ses handicaps ?
Le nouveau gouvernement a, à sa tête, une technocrate à qui on ne connaît aucune coloration politique. Elle dirige une équipe de 32 personnes, constituée, majoritairement, d’hommes (28 sur 4).
Si la nomination d’une femme, à la tête de l’exécutif, a été saluée par nombre de nos concitoyens, la configuration de l’équipe qu’elle dirige, suscite des interrogations : Pourquoi autant d’hommes dans un gouvernement dirigé par une femme ? Pourquoi les « dinosaures » de l’équipe Modibo Sidibé, ont été reconduits ?
La manière par laquelle le gouvernement Modibo Sidibé a été déposé et la nomination, contre toute entente, d’une femme à la tête de l’exécutif, avaient, pourtant, fait croire à un changement radical, qui répondrait aux aspirations des populations. Car, avant le décret présidentiel qui a mis fin aux missions du gouvernement Modibo Sidibé, nombreux sont nos concitoyens qui réclamaient un remaniement ministériel. Peu de ministres de l’ancien gouvernement, bénéficiaient de la confiance des populations. Surtout, après les scandales qui ont émaillé leur gestion dans leur département. Or, on constate qu’ils sont 16 anciens ministres à être reconduits dans le nouveau gouvernement. Ce qui permet à nombre de personnes de conclure qu’il n’y a pas eu de changement. Du moins, celui espéré par la population.
Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, pourrait faire les frais d’un rejet, par la population, de ces 16 ministres réputés pour leurs casseroles. On a vu la marche, organisée par la CSTM (Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali) contre l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), le lendemain même de sa nomination. Et plusieurs dossiers, émanant du front social, attendent des réponses concrètes.
Le retour de l’opposition politique dans le gouvernement n’est pas, forcement, une bonne nouvelle pour Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Ces partis politiques dits de l’opposition, sont plus préoccupés par les échéances électorales que d’aider ATT à finir son mandat, le dernier du genre, en beauté. Et puis, le réflexe d’un homme affamé, n’est- ce pas, c’est de chercher à manger ? Après des années de disette, ces partis auront à cœur de se goinfrer plutôt que de s’occuper des problèmes de la nation.
Il se trouve, par ailleurs, que certains partis qui font leur entrée dans le gouvernement, critiquent, déjà, les réformes politiques, envisagées par le président de la République. Or, l’aboutissement de ces réformes, figure dans l’agenda du nouveau Premier ministre. A moins de changer de cap, les représentants de ces partis « pourritiques » ne feront rien pour faire aboutir ces réformes.
Gouvernement de consensus ? Oui, peut-être ! Mais quels sont les risques ? A un an de l’élection présidentielle, ce « consensus » s’avère plus circonstanciel qu’opportun. Le président ATT a souci de préserver son « image de rassembleur » et réussir une bonne « sortie », certes. Mais les partis politiques, invités à la « mangeoire » gouvernementale, ont un autre souci : s’en mettre plein les poches, en vue de faire face aux dépenses de la présidentielles à venir.
Ce nouveau gouvernement renferme, certes, des technocrates, réputés pour leur expertise. Mais la présence des « dinosaures » en son sein, n’est pas pour faciliter la tâche du Premier ministre.
Babi et Rodrigue